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On s'incline à l'académie des sciences

Publié par le Jeudi 23 Mars 2006, 13:30 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

Le bonhomme Ampère © Archives de l'académie des sciencesCe mercredi soir, une fois n'est pas coutume, je peux aller à une conférence de presse en fin de journée. Le papi s'est gentiment proposé pour s'occuper du bouchon après 18h.Direction l'Académie des sciences, où le BRGM, qui est à la géologie ce que le CNRS est à la science en général, organise un pince-fesses pour la remise d'un ouvrage de poids: au moins 6 kilos en 2 tomes. Il n'en fallait pas moins pour faire l'état des aquifères de France et de Navarre. (en gros, mais vraiment grossièrement : les aquifères sont les masses d'eau qui se trouvent sous nos pieds, aussi appelées nappes phréatiques. Ce sont nos ressources en eau souterraines).Je me trompe de pont pour aller au 23 quai de Conti. Ça commence bien: une demi-heure de retard.Le bâtiment est impressionnant, on sent le poids du savoir accumulé pendant autant de siècles. Combien exactement? L'histoire de l'académie est semblable à celle du pays, mouvementée, puisque le 8 août 1793, la Convention supprima toutes les académies (sauvages!). Mais le 22 décembre 1666 se tint la première réunion de savants sous la houlette de Colbert. A l'époque on ne parlait pas de scientifiques ; et aujourd'hui on a oublié le nom commun savants.Alors quand le gardien me dit que c'est au fond de la cour, au 5e étage, je me demande si l'Académie des sciences s'est mise à la modernité en installant un ascenseur. D'un autre côté, comment faire parvenir au 5e étage autant d'honorables savants dont la coiffe a viré au gris ou au blanc, tout en les conservant vivants après une telle ascension ?Bien vu, l'ascenseur existe. Certes pas grand, un américain obèse ( plus obèse qu'un Français obèse) ne pourrait y rentrer seul vu l'espace d'ouverture. Ou alors de profil. Et encore !J'avoue avoir un préjugé envers les académies et les académiciens, avec l'idée d'une maison de retraite, savante certes, mais de retraite tout de même, et rempli de veufs.Bien vu. L'assemblée a une moyenne d'âge de 60 ans (au bas mot), et il y a une dizaine de femmes au maximum. Quelques jeunes hydrogéologues, dont un, sûrement catalogué comme excentrique par ses pairs (c'est ainsi que s'appellent les scientifiques entre eux), avec queue de cheval et pantalon jaune.Mais je ne m'attendais pas à ce que ces messieurs lancent une fronde. En l'occurrence, c'est le premier directeur de l'Agence de l'eau Artois-Picardie, qui ne fait plus d'hydrogéologie depuis 1971 -c'est dire- qui a ouvert le bal sur ce propos tout à fait digne d'intérêt : quand l'Etat consulte l'Académie (avec un grand A) et que celle-ci retourne ses préconisations, le langage employé par nos têtes savantes est mal interprété par l'administration. Avec comme résultat d'édicter des réglements (décrets, circulaires, etc..) ayant un effet désastreux et contraire aux dites préconisations. Et de donner un exemple avec les autorisations de pompage, "qui ne tiennent pas compte de l'état des aquifères".Ça peut paraître sybillin au premier abord, mais en fait les Sages (avec un grand S) posent une question fondamentale : à quoi cela sert-il de consulter la Science (avec un grand S aussi) si ce n'est pour aboutir au résultat inverse, tout ça pour une question de langage ? Surtout qu'au bout de la ligne, il y a les utilisateurs au quotidien de ces réglements, en l'occurrence les maires, qui de par leur fonction, se doivent tout connaître sur tout! D'où l'utilité de cet ouvrage, vulgarisateur (je vérifie ça demain) qui coûte tout de même la modique somme de 195 €.Moi ça m'intéresse cette histoire d'administration et de langage entre scientifiques et administrateurs de l'état. Alors j'ai pris rendez-vous avec le lanceur de fronde. En plus, il a l'air d'avoir beaucoup d'humour, ce qui me change des têtes blanches que l'on retrouve dans les colloques scientifiques : il y en a toujours un pour lancer dans l'amphi "moi, quand je travaillais en Normandie en 1961, ..." (et là généralement, tout le monde commence sa sieste).Après, je me suis beaucoup amusée. Bon d'accord, il ne m'en faut pas beaucoup. Dans le désordre :

- la photo des 80 auteurs de cette bible: la moitié de la salle y va. Et puis comment tous les faire rentrer dans le cadre, alors qu'un original a ab-so-lu-ment voulu placer un grand panneau publicitaire du livre au milieu? - la chasse aux petits fours: quelque soit l'âge, elle est identique. Au départ, on a du respect pour la tête blanche à côté qui veut sa coupe de champagne. Et puis on se rend compte que toute tête blanche qu'elle soit, elle en profite. Alors on profite de sa jeunesse et de sa grandeur pour écraser tout ça (car chaque génération étant plus haute que la précédente, la moyenne centimétrique de la salle est plutôt basse). - les potins de journalistes avec mon confrère spécialisé et ma confrère du Figaro.

Celle-là, elle était au service économie avant. Maintenant elle est en sciences, où elle fait toujours de l'environnement. Car l'environnement au Figaro est transversal sur trois services: France, sciences et économie. Z'ont du mouron à se faire au service sciences.... La fille qui fait l'environnement au service éco est une pro de l'info. Jeune, mais très très pro. Et j'ai découvert aujourd'hui celle qui est au service France et son article sur les ressources en eau. Là je dis : BRAVO Mademoiselle que je ne connais pas, mais dont j'ai admiré l'exactitude et la prose vulgarisatrice pour son article intitulé "La France apprend à mieux gérer son eau" dans la rubrique Sciences et Médecine (rien compris à leur organisation interne).Le lien sera caduque dans quelques jours vu la politique payante du Fig, relativement identique à celle du Monde.Mais c'est pour ça que j'aime la presse. Parce qu'il faudrait passer des heures sur le Net ou dans les bibliothèques pour arriver à comprendre ce qu'une bonne journaliste (se met aussi au masculin) a synthétisé en une page. Sauf qu'on ne sait jamais d'avance si le journaliste est bon ou pas...


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