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Journée mondiale de l'eau: Clap! Action

Publié par le Vendredi 24 Mars 2006, 20:00 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

Voici comme annoncé les coulisses de la seynette organisée par Solidarités.© La grande LoulouJ'arrive à 9h. Il pleut, il fait froid. Je fais mine d'être intriguée. Je m'arrête et écoute les trois associatifs à côté de moi. "Paraît qu'on aura l'AFP. C'est bien". Tu l'as dit, si tu as l'AFP, il y a de bonnes chances que ton sujet passe le lendemain dans toutes les rédacs. Je fais la naïve, et demande ce qui se passe ici. Bon point, ils m'expliquent. D'abord la répétition, puis la seynette.Flûte, l'attachée de presse m'a reconnu. Elle se plaint de la pluie, et du fait que la journée mondiale de l'eau est peu connue et célébrée en France. "C'est plutôt bien la pluie pour cette journée", lui rétorquais-je (et non lui rétorque-je, 123 bar bluesman). Ça tombe à plat. On n'est pas là pour s'amuser. Je lui demande pour qui travaillent les deux cameramen que je vois: l'un vient de l'usine à journaliste, le CFPJ, l'autre de sa boite de com. Car c'est là l'astuce: il filme, puis la boite fait des copies qu'elle envoie aux chaînes. En espérant que ça sera passé aux infos de 20h. Je comprends alors pourquoi cette manifestation se déroule à 9h du mat, et non à midi. Pour que le sujet arrive avant la conférence de rédaction. Tout est question de communication, n'est-ce pas?©©La répétition permet à chacun de se placer correctement, mais les acteurs volontaires connaissent bien leur rôle. Le président-fondateur (veste marron à droite) vérifie que chacun est à son poste. On replace les bidons.©Puis vient le moment où on va passer à l'action. Chacun enfile son tee-shirt sur lequel est marqué en gros l'une de ces maladies hydriques qui tuent 8 millions de personnes par an.Deux photographes nous ont rejoint. L'un vient de l'agence Réa, on papote quelques minutes, il fait des choses intéressantes sur la problématique de l'eau. L'autre m'est inconnu. CLAP !ACTION ! C'est parti. Le président-fondateur (à vie?) commence son petit topo... qu'il doit interrompre au milieu d'une phrase. Eh oui, le camion poubelle qui passe à côté parasite le son du cadreur de la boite de com. Le p'tit gars du CFPJ est encore débutant, il n'avait rien remarqué (eh oh, il y a un niveau pour le son sur le côté de la cam, il faudrait penser à le regarder de temps en temps pour vérifier que ça ne sature pas).Tout le monde se les gèle en attendant que les petits hommes verts de Paris aient ramassé toutes les poubelles du coin. On commence à espérer la reprise quand un autre camion passe. Mais vite alors !Le président-fondateur à vie recommence. Quelques touristes s'arrêtent. Il y a à ce moment plus d'associatifs et communicants que de passants. Je ressors mon appareil photo (et non "je ressortis" comme l'indique pour le présent l'outil de conjugaison des Mac, Verbulator). Mes doigts commencent à avoir mal, je ne supporte pas le froid.Le gars de Réa fait attention à ne pas me gêner pour ma prise de photos, même s'il est évident que les siennes seront meilleures que les miennes. Je suis rédactrice, pas photographe, bien que nous soyons tous deux journalistes. Par contre l'autre, je lui aurais bien botté les fesses qu'il mettait systématiquement devant mon objectif. "Eh, oh, j'existe mon grand", fulminais-je (et non fulmine-je).©   Dans la fontaine, les associatifs se les gèlent, mais conscients de l'importance du moment, râlent, toussent, gémissent, se tordent de douleur. Ils sont vraiment très expressifs, très réalistes. Là, je pense à ces 8 millions de vies humaines gâchées par quelques milliers de microbes dans des puits. Ça me fait mal, comme chaque fois que je rencontre des gens du terrain, qui me la décrivent, cette réalité ignorée en Occident. "Quel dommage qu'il n'y ait pas plus de public, pour voir ça, et comprendre l'action au quotidien d'une association comme Solidarité", me dis-je.C'est là ça s'est gâté. Exactement au moment où les deux photographes veulent faire des gros plans des acteurs. Ils sont rappelés à l'ordre d'un ton sec par un "hey, vous, poussez-vous. Vous êtes dans le champ de la caméra". Le gars de Réa s'indigne: "on est là pour faire notre boulot, tout de même!". Mais il se fait chasser du champ d'action manu militari. Le grand crétin aussi.©Je ne pouvais plus prendre de photos tellement mes doigts étaient gelés. J'étais dégoûtée par la place donnée à l'image filmée. J'ai rangé l'appareil, et suis partie me réchauffer avec une petite noisette chez Erwan, qui tient un petit troquet pas très loin.Je ne conteste pas ici l'action de Solidarités, vraiment active et avec de belles réalisations à son actif, mais cette histoire d'images. Le photojournalisme a permis de montrer l'inimaginable au reste du monde. Il a eu ses dérives lui aussi. Aujourd'hui, il est grillé. Tout pour la télé. Pour que l'habitant moyen puisse s'émouvoir sur la misère du monde devant ses coquilles saint-Jacques achetées chez Picard la veille. Stratégie assez incroyable mais judicieuse de la boite de com: si la télé ne vient pas à nous, c'est nous qui viendrons à elle.Je n'ai pas la télé, je n'ai donc pu savoir si le dégagement des photographes, qui eux étaient venus, a servi à quelque chose, avec cette info passée devant les coquilles saint-Jacques.© La grande Loulou pour toutes les photosPendant ce temps, Action contre la Faim a choisi Brita pour sa campagne 2006. L'an dernier, ACF avait choisi de se rapprocher de Générale des eaux, parce qu'il savait pouvoir compter sur les employés de GDE. Dans ce métier, les gars du terrain sont très conscients de la valeur de l'eau. Et toujours partants pour montrer son importance. L'alliance n'a pas été aussi rose que chacun l'espérait. Et puis, comme l'avouait le dircom d'ACF (pas en public) : "on cherchait un partenaire (le mot sponsor est banni dans ces occasions) au moment où Brita recherchait une association pour montrer ses efforts". Mariage donc cette année.ACF aussi fait de l'excellent boulot sur le terrain.Mais tout doit-il n'être qu'une question de visibilité?Oui, si on veut attirer les donneurs. Parce que c'est grâce, en partie à leur argent, qu'ACF et Solidarités peuvent travailler sur le terrain. Mais j'ai comme le sentiment que ces deux-là ont engagé une bataille. Parce qu'il y a aussi les fonds de l'union européenne, et ceux de tous les syndicats d'eau qui peuvent désormais légalement financer des projets de solidarités dans le cadre coopération décentralisée (depuis le passage de la loi Oudin). Rien n'est jamais simple, c'en est énervant


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