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Préface à l'oeuvre d'un poète oublié

Publié par IreneDelse le Dimanche 26 Mars 2006, 20:10 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

Nouvelle, par Irène DelseVous ne trouverez pas le nom d'Alphonse Delespin dans un dictionnaire ni dans un manuel de littérature. Celui qui fut l'un des poètes les plus subtils du début de ce siècle était déjà tombé dans l'oubli dix ans avant sa mort. On ne se souvient même plus de lui comme traducteur, alors qu’il fit connaître en France quatorze poètes pour le compte des prestigieuses éditions Syzygies, Cratères et autres Ancre Bleue.

Pourtant, qu'on ne s'y trompe pas ! Alphonse Delespin n'était pas un poète «maudit». C'était tout simplement un très mauvais poète — du moins si l'on s'en tient à la partie de son œuvre publiée sous son nom...(La suite, au format PDF)

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J'ai écrit cette nouvelle il y a un bon paquet d'années, à l'été 1987, alors que j'étais étudiante. J'avais déjà publié deux ou trois textes fantastiques dans Poivre Noir, le fanzine animé par Micky Papoz depuis les collines du Var. Un beau jour, je reçois une lettre des plus étranges (écrite sur papier transparent, dans une enveloppe elle aussi transparente...) signée Patrick Ravella. Un nom que je connaissais un peu, pour l'avoir lu à plusieurs reprise au sommaire de diverses revues et fanzines. Il s'occupait à l'époque de la revue poétique Verso, et se proposait de faire un numéro spécial sur... l'écriture sous contrainte.

Quel genre de contrainte ? N'importe laquelle : temps limité, auteur attaché à sa chaise, environnement bruyant, etc. (Tout sauf des adjuvants chimiques, car l'écriture alcoolisée ou dopée, cela n'a rien de neuf...) Et pour avoir des textes, il démarchait les auteurs qui avaient déjà publié dans les revues et fanzines qu'il connaissait.

Comme je suis un peu farfelue, moi aussi, j'ai relevé le défi. Ecrire sous la contrainte ? Je l'avais fait récemment, au cours des examens finaux de première année, en juin. J'avais terminé un mémoire de chimie à 4 h du matin, dans un état second, puis étais allée passer l'examen de communication. Dans un état encore plus second. Le sujet était "Ecrire un texte utilisant l'un des plans étudiés en cours d'année". J'avais rédigé une nouvelle de science-fiction, car c'est ce que j'écrivais à l'époque quand je passais en pilotage automatique... J'avais eu 17/20.

Mais la science-fiction n'était pas vraiment ce que désirait Patrick Ravella pour sa revue. Alors je me suis mise dans les conditions de rééditer cet exploit.

Il y avait un certain soir, sur Arte, la rediffusion du discours de réception donné par Jorge Luis Borgès au Collège de France en 1983. C'est l'un des auteurs que j'idolâtre... Et l'émission passait très tard le soir. Bonne occasion de ne pas beaucoup dormir.

Je m'installe donc devant la télé, absorbée dans l'intelligence et l'humour de l'écrivain argentin (qui s'exprimait là en français !) jusqu'à près d'une heure du matin. Pas de problème, j'ai le cerveau qui bouillonne. Et puis je m'assied à mon bureau avec un paquet de feuilles et un stylo. (J'écrivais à la main, à l'époque.)

Le résultat, ce fut une nouvelle très borgésienne d'inspiration (quelle surprise !) qui fut publiée par Verso en 1988, dans le numéro 16, qui constituait une mini-anthologie sous le titre Matières.

C'était sans doute le meilleurs texte que j'avais écrit à l'époque. Cela ne m'a pas peu encouragée à continuer, bien sûr ! En plus, je m'étais bien amusée à l'écrire, et d'après les échos que j'en ai eu, les lecteurs n'ont pas été attristés de le lire. Comme quoi, une idée bizarre peut conduire fort loin...

"En littérature, c'est l'usage que l'on fait d'une matière donnée qui importe. Non la matière elle-même."

  -- Michael Moorcock, "La vie secrète d'Elric de Melniboné"   

"Il faudrait toujours juger un auteur d'après ses meilleures pages."

  -- Jorge Luis Borgès (discours de réception au Collège de France, 1983)


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