L'idée
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Source : Carnet de bord
La poésie est un art difficile. À mes yeux, en tout cas. Il y a des poèmes auxquels je reste hermétique, qui ne réveillent en moi aucune émotion. Et il y les poèmes qui me parlent… ou plutôt qui me chantent et m’enchantent. Leur mélodie résonne en moi en profondeur. La poésie de Victor Hugo a longtemps fait partie de la première catégorie : elle n’évoque pas grand’ chose pour moi. Je la trouve trop… “scolaire” (je sais, ce n’est pas le mot qui convient, mais je n’en trouve pas d’autre), trop travaillée, trop figée, trop rigide et proprette. C’est une impression personnelle et je sais que certains d’entre vous essaieront de me démontrer à quel point j’ai tort. J’ai lu une grande partie de La légende des siècles et je n’ai rien ressenti de fondamental. Il n’y a qu’un poème qui me touche, parce qu’il exprime à mes yeux toute la douleur et la solitude de ce père qui a perdu son enfant : c’est un des plus connus, je crois : “Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne..”. Mais pour moi, il est définitivement rattaché à certains moments, à certains souvenirs que je n’évoque qu’avec précaution, et pas très souvent. Ce matin, j’ai ouvert au hasard “Les contemplations”, sans trop savoir pourquoi. Et j’ai lu ceci: “On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tête; on se plaît aux livres des vieux sages; (..) On se sent faible et fort, on est petit et grand; On est flot dans la foule, âme dans la tempête; Tout vient et passe; on est en deuil, on est en fête; On arrive, on recule, on lutte avec effort… Puis, le vaste et profond silence de la mort !” 11 juillet 1846, en revenant du cimetière Je me suis dit deux chose après avoir lu ces vers : que Victor Hugo avait une façon très “moderne” d’écrire, qu’aujourd’hui, peut-être, il écrirait des chansons; et que j’aimais tout particulièrement le point d’exclamation final, ce signe évident de la surprise du poète, de l’auteur, de l’homme, du père face à cette mort, cette issue inéluctable. tags : Victor Hugo