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Le beau Toff (1)

Publié par le Vendredi 31 Mars 2006, 19:00 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

Protagonistes : Gnagna Man, chef de pub. Le beau Toff, grand chef des variateurs de vitesse. La grande Loulou, red en chef. Fraisette, chef de la technique. Le grand Fred, chef d’un grand laboratoire scientifique. Et comme il n’y a pas que des chefs, la belle Sosso, spécialiste de la technique. Et puis en fin d’histoire, Jésus, notre chef à tous.Date : au printemps, un certain jour de grève qui a jeté dans la rue, d’après mes sources, 2,789 millions de personnesLieu : une rédaction banale, et un petit resto dans une petite rue parisienne, où un jour, il y avait des fleurs sauvages autrefoisPréambuleGnagna man nous avait prévenu : il voulait faire un déjeuner avec monsieur variateurs de vitesses. Comme je suis la chef, j’ai intimé l’ordre à Fraisette d’y aller. « C’est ta partie », ai-je insinué fielleusement, me moquant du variateur de vitesse comme de ma première chemise. Ceci en fait n’est pas tout à fait juste, puisque c’est à New York que le père du bouchon et moi-même avons découvert que le mixeur Seb doté d’un variateur de vitesse, pour faire varier la vitesse du moteur, cassait moins vite que le même mixeur Seb sans variateur de vitesse. Mais ceci est une autre histoire, en des temps immémoriaux.Fraisette se défile honteusement en invoquant un dossier technique en retard (le énième…). Je ne peux pas le contredire sur ce point, surtout vu la tête de Grognon au moment où il évoque le futur et assurément éventuel retard de son prochain dossier. Je réponds donc à Gnagna man que je me dévoue pour faire le one-woman show, mais que bon, franchement, ce n’est pas le moment, à une semaine du bouclage, il exagère. Et que la belle Sosso, qui doit écrire un dossier technique sur ce sujet passionnant, l’interviewera avant le déjeuner. Seule, sans la pub derrière elle. Bien sûr, le tout dans des tons nettement plus nuancés, sinon je risque d’être convoquée dans le bureau de Jésus, dénoncée par un courriel anonyme. Et je sais que Jésus estime avoir des choses plus importantes à faire que de me tancer pour ces broutilles.Acte I : la mépriseLe jour J arrive. Beaucoup de gens sont dans la rue, je ne sais pas combien du secteur privé, bien que les délégués du personnel nous aient obligeamment indiqué nos droits (de grève). Gnagna man s’est mis sur son 31, la rédac dans son ensemble donne plutôt l’impression de sortir de mai 68. En particulier la grande Loulou, qui a hésité entre une paire de jeans et une grande jupe, qui lui a paru cependant incompatible avec la conduite de son valeureux destrier blanc et bleu, ressorti pour cause de métro défaillant. Fraisette arbore son costume habituel : vieux jean, pull neuf et crâne dégarni (un signe d'intelligence ?).Dans la rédac arrive un inconnu, le grand Fred. Scientifique de renom et à la tête d’un labo de 150 personnes, il nous est envoyé par nos collègues de deux bureaux plus loin. En cinq minutes, il met Grognon dans sa poche (elle n’en aurait fait qu’une bouchée, j’en suis sure), et nous parle de ses thésards, post-docs, tous sur des sujets plus intéressants les uns que les autres. Il prend un air extasié en apercevant les deux tomes de la bible négligemment posés sur la bibliothèque, puis finit par les prendre et nous demander s’il ne peut pas repartir avec, parce que dans les labos, les crédits se font rares... « Niet, répondis-je. En plus, nous avons une hydrogéologue qui a mal viré, la belle Sosso devenue journaliste. Et elle aussi bave littéralement devant cet ouvrage ».Toute à notre ambiance euphorique, aucun de nous n’avait vu Gnagna man, qui s’était précipité dans notre bureau en y voyant un inconnu. Car Gnagna man ne connaît pas la tête de monsieur variateur de vitesse. Voyons, Gnagna man, jamais vu un vendeur travaillant pour un conglomérat industriel, même chef, ne viendrait à un déjeuner professionnel avec un cartable des années 50 en cuir, des chaussures fatiguées, la mèche de travers, et se jetterait sur un ouvrage d’hydrogéologie comme s’il n’avait pas mangé depuis huit jours ! Nous rassurons donc Gnagna man ; ce n’est pas son interlocuteur. Entre temps arrive aussi la belle Sosso, qui ravie de découvrir un autre passionné de l’hydrogéologie, entame une discussion fort technique à laquelle je ne compris que le quart, la fonction de rédactrice en chef n'étant pas synonyme de savoir absolu. Puis un coup de fil, que je transfère à Gnagna man, nous avertit de l’arrivée de notre hôte. Gnagna man se précipite dans l’escalier étroit, au risque de s’y casser le cou. Ouh là, l’enjeu publicitaire doit être important !Acte II : la découverte15 minutes plus tard, je passe en salle de réunion pour tout de même dire bonjour au monsieur. Il parle, il parle ; mais qu’est ce qu’il parle. Presque aussi bavard que moi, tiens ! Et Gnagna man hoche de la tête. Je suis sure que si je lui fais une interrogation derrière, il n’arrivera même pas à 5 sur 20. Parce que le rôle d’un chef de pub est de faire semblant de comprendre et de s’intéresser à ce que lui raconte le futur plumé en face. Je vais chercher la belle Sosso, pas à son poste, puis la retrouve avec son petit carnet de notes face à ce monsieur que je regarde enfin.Arrrgh ! Mais personne ne m’avait prévenu que j’allais me retrouver en face d’un grand (et toc, 5 points), blond (8 points) avec un sourire de carnassier (1/4 de point) et charmeur (5 points), et d’une petite quarantaine (3 points). Faut que j’assure un max ! Je me découvre alors une passion pour les variateurs de vitesse, reconnectant mes quelques neurones éparses à la vitesse de l’éclair.  La belle Sosso attend patiemment son tour ; elle est trop gentille avec moi, mais elle me connaît aussi très bien. Mes réflexes professionnels reprennent le dessus, je lui laisse le beau Toff pour qu’elle le charcute un peu, mais attention, tout en douceur, comme elle sait si bien le faire avec ces pauvres bonhommes en général plein de suffisance sur leur savoir technique et qui ne s’imaginent pas une seconde comment ils vont se faire rétamer au niveau technique par une petite blonde. Messieurs, le mot ingénieur ne se conjugue pas qu’au masculin, au cas où vous l’ignoreriez...À la fin du charcutage de l’interview, Gnagna man et moi allons récupérer le beau Toff. La première phrase que prononce le Gnagna man à la sortie de l’immeuble me fait craindre le pire : « Ça a du être difficile hein, de venir aujourd’hui, avec la circulation qu'il y a ? ». Je déteste ce genre de conversation, c'est mal parti. variateur de vitesse (en blanc) installé sur un moteur de pompe (en bleu)Actes suivants au billet suivant


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