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Un oublié pardonné

Publié par le Lundi 3 Avril 2006, 00:00 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

« Papa, il a le droit d’oublier »La petite et son père avaient convenu de faire une webcam à 19h. Charge à Maman de rebrancher son pc et d’organiser la journée pour qu’à sept heures tapantes, tout soit prêt.Sauf qu’à sept heures, rien. 7h10, toujours rien. La môme ne veut pas quitter l’écran du pc pour aller jouer. 7h20, la femme envoie un texto ; pas d’accusé de réception. Il ne doit pas capter. 7h40, elle envoie sa fille jouer en laissant la connexion ouverte… au cas où.Il a appelé à 8h30. Il cuisinait un rôti de porc, impossible pour lui de se mettre devant la caméra. La discussion a duré une demi-heure, interrompue par la petite sœur, qui gazouillait dans les jambes du père en entendant la voix de son aînée, ou par les voix mélangées de Galea et de sa guitare, que la fille faisait écouter à son père.Pour elle, son père a le droit d’oublier. Elle lui pardonne.Pardonne-t-elle parce qu’il lui manque ? Parce qu’elle ne dirigera pas sa rancœur et ses doutes quotidiens d'enfant contre celui qui est au loin  ?Comme les nombreuses fois où, une fois qu’il l’eut quitté après un week-end toujours trop court, elle reprochait à sa mère : « pourquoi j'peux pas vivre avec Papa ? ».Un reproche comme celui formulé plus violemment, quatre ans auparavant, quand elle bourrait sa mère de coups à chaque refus opposé à ses demandes. Elle avait deux ans et demi. Il a fallu toute la patience et l’amour de ses deux parents pour qu’elle arrête.Était-ce la suite du regard éploré lancé à l'aéroport ce 12 janvier d'un autre temps, quand sa mère la regardait avant de prendre ce vol, vers ce choix d'une vie qu’elle espérait meilleure ? Ces mêmes yeux verts remplis de larmes, un mois et demi plus tard, quand repartaient par ce même vol, mère et fille lovées à l’intérieur du monstre d’acier qui les transporterait de l'autre côté de l'Atlantique ? Pourtant, ses parents lui avaient expliqué : Maman partait travailler en Europe, Papa restait sur la côte Est. Papa et Maman connaissaient la vérité. Mais ils avaient simplifié, pensant tarir des larmes naissantes.Sa capacité à pardonner est depuis ce jour immense. N’a-t-elle pas dit un soir de retour de week-end, « Maman, c’est toi que je préfère. À Papa ».Finalement, sa propre mère avait peut-être raison quand, du haut de ses certitudes de bourgeoise, elle lui avait asséné « on ne se quitte pas quand on a des enfants ». Peut-être le dirait-elle un jour à sa fille, pensant à ce passé, pensant au futur.Au moment présent, elle ne pouvait même pas l’insulter, lui qui avait oublié le rendez-vous de ce soir. Car l'homme lui avait appris le respect. Et elle seule était l’artisan de ce présent. ***********************


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