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Spécial SF : signatures dans une salle de jeux

Publié par IreneDelse le Vendredi 28 Avril 2006, 18:23 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

Je vais encore défendre le bouquin d'un copain, mais on me pardonnera, hein, c'est aussi à ça que servent les blogs ! Emmanuel Guillot présentera son premier livre, Espace et Spasmes, le samedi 29 avril entre 15h et 17 h, dans la salle de jeux en réseau Time & Space, 79 rue Boissière, dans le XVIe Arrt (M° Victor Hugo ou Boissière).

Il s'agit d'un recueil de nouvelles de SF que l'auteur a fait éditer lui-même grâce à Lulu.com, un prestataire d'impression numérique dont on parle de plus en plus.

En général, c'est dans les librairies que les auteurs dédicacent leurs livres, ou dans les salons et fêtes du livre. C'est simple et de bon goût : on achète les livres et l'auteur les signe sur place ; naturellement, la présence de l'auteur en chair et en os est censée attirer plus de lecteurs potentiels (ou à tout le moins curieux). Le libraire a l'habitude de commander, stocker, manutentionner les livres, et bien sûr de reverser sa part à l'éditeur. Efficace.

L'auto-édition cherche sa place

Problème : l'auteur qui s'autoédite n'a pas ou rarement accès à ce système. Si le texte n'a pas franchi le crible d'un éditeur professionnel, raisonne-t-on, c'est qu'il ne pouvait pas être édité, bref que ce n'est pas bon...

Comme pour tous les clichés, il y a une part de vérité dans celui-ci. Beaucoup d'auteurs n'ont pas la patience (ou le talent) nécessaire pour améliorer leurs textes et les rendre publiables. Bref, dans l'auto-édition, comme on pense bien, il y a beaucoup de livres "ni faits ni à faire", puisqu'il suffit désormais de quelques centaines d'Euros à Monsieur et Madame Tout-le-Monde, au grand maximum, pour faire imprimer un livre.

Mais on aurait tort d'en conclure que tout y est à jeter. La réalité de l'édition est complexe. D'abord, certains auteurs se méfient des éditeurs (peut-être après une expérience malheureuse) et préfèrent être leur propre éditeur. Question de préférence, de personnalité. Et puis il y a des livres dont les éditeurs considèrent a priori (là encore, par expérience) qu'ils n'ont aucune chance de se vendre. Du moins, de se vendre à un nombre suffisant d'exemplaires pour rembourser les coûts de fabrication et de commercialisation.

Les nouvelles ? Connaît pas !

En général, quand un auteur est inconnu-débutant (premier livre, pas de notoriété préalable), les éditeurs hésitent. Et s'ils prennent le risque de lancer un auteur de fiction, ils n'y a guère de chances pour qu'ils tentent le coup avec un recueil de nouvelles. Les nouvelles se vendent trop mal, en France, contrairement à d'autres pays. Un roman, d'accord, à la rigueur : c'est un genre pris au sérieux par les lecteurs comme par la presse. Pour lancer un jeune auteur, rien ne vaut un roman. D'autre part, des nouvelles publiés par un écrivain connu pourront trouver leur chemin vers le porte-feuille du lecteur assidu : par curiosité, ou parce que le lecteur est en manque de sa série favorite.

Avec une difficulté supplémentaire dans le cas des auteurs français écrivant de la SF ou de la fantasy : leurs ouvrages se vendent moins bien que ceux traduit de l'anglais/américain. Pourquoi ? Peut-être pour des raisons historiques. Malgré Jules Verne, J. H. Rosny Aîné et quelques autres, les "littératures de l'imaginaire" sont encore marquées dans l'esprit du public par l'empreinte des "grands anciens" d'outre-Manche et d'outre-Atlantique, les Tolkien, C. S. Lewis, Asimov, Heinlein, bref ceux dont l'oeuvre a défini un genre.

Bref, un recueil de nouvelles de SF écrit par un auteur français inconnu est quasiment impubliable... sauf si l'auteur prend son courage à deux mains et l'édite lui-même !

I, Author

C'est cela ou garder le livre dans un tiroir pendant un certain nombre d'années, en écrivant quelques autres romans pour se faire connaître. Mais c'est frustrant, non, d'avoir sous la main un manucrit de trois cents pages sans pouvoir rien en faire ? Mais si l'auteur a un peu (beaucoup !) de courage et de sens de l'organisation, il peut devenir son propre éditeur. Les prestataires Internet qui proposent de l'impression numérique à la demande (tels Le Publieur ou Lulu.com) sont de plus en plus nombreux et gagnent en sérieux et en professionnalisme.

J'ai eu l'occasion de dire plus tôt, dans ce billet-ci et dans celui-ci, ce que je pensais de cette forme d'auto-édition. Les avantages : faible mise de fonds, possibilité de n'imprimer que les exemplaires qui sont commandés par les lecteurs, rentabilité sur de petits tirages. En contrepartie, pas mal de travail.

Ecrire est une aventure ; publier en est une autre, bien différente. Connaissant mes limites, je ne m'y serais pas lancée. Mais c'est la voie choisie pour ce premier livre par Emmanuel Guillot, que je salue au passage, et à qui je souhaite plein d'autres livres à l'avenir. Et surtout beaucoup de lecteurs !

À bientôt donc, demain samedi après-midi, rue Boissière.

"There is a collective unconscious working in me that is absolutely true; I trust it absolutely; I give myself up to it; I will go anywhere it takes me."

  -- Harlan Ellison "


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