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Récital Dessay-Villazon : c'est pas encore ce coup-là que je vais arrêter d'être fan (2)

Publié par Kozlika le Mardi 2 Mai 2006, 22:35 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

(Vous n'avez pas raté le début au moins ?)

Romantiques

Après cette première partie italienne, le répertoire français est à l'honneur. Roméo et Juliette de Gounod tout d'abord, avec les duos du balcon et de la chambre et l'air du poison. A l'attendrissement devant l'amour des deux tourtereaux succède la compassion de les voir devoir se séparer, Dessay et Villazon s'investissent de plus en plus dans le jeu de scène autant que dans le chant. Vient ensuite le solo de Juliette, lorsqu'elle avale le poison. Natalie Dessay, très expressive, la très belle musique de Roméo et Juliette, tout concourt à créer l'émotion même sans savoir de quoi il s'agit, comme me le dira plus tard Garfieldd qui ignorait de quel air il s'agissait au moment de l'écoute. Je connais peu d'autres interprétations de l'œuvre et me garderai donc de jugements aussi définitifs que l'enthouisaste forumnaute qui déclare qu'il s'agissait là de la plus belle interprétation de tous les temps (et de toutes les planètes de tous les systèmes j'imagine), mais sans nul doute on a assisté à un très beau moment d'opéra.

et torrides

J'ai quant à moi une faiblesse pour le duo qui suivit, celui dit « de Saint Sulpice » extrait de la Manon de Massenet, que je peux un peu mieux comparer pour l'avoir vu et entendu à quelques reprises par d'autres interprètes. Pour situer la scène, Manon a quitté le chevalier Des Grieux quelques mois auparavant, un peu malgré elle, un peu par attrait pour la vie facile et le luxe. Le povret désespéré est entré au séminaire (de Saint-Sulpice donc) dans l'idée de se faire prêtre. Quand elle apprend ça, Manon ne peut en supporter l'idée et se rend à Saint-Sulpice pour le reconquérir. Il résiste, elle le séduit, lui rappelle leurs bons souvenirs, il cède. C'est cette scène qui fait l'objet du duo entendu dimanche et que j'ai particulièrement aimé. Le chant d'abord, car habituellement, comme pour Traviata, la voix est moins légère - encore que je crois bien que quelques-unes des sopranos rossignols françaises s'y sont frottées mais disons qu'il ne s'agit pas d'interprétation de référence, hem... Dessay éclaire donc son personnage différemment, Manon y est plus « innocente » peut-être, quoique, à y bien réfléchir, c'est à voir... Car je qualifierais le duo de franchement torride, du moins sur scène, j'attends dimanche pour entendre ce qu'il en est « sans les images ». Manon se livre à une entreprise de reconquête tous azimuts d'abord en l'implorant de lui pardonner puis en le frôlant, le carressant des mains et des yeux, l'enjôlant jusqu'à ce qu'il abdique. (Je commence à m'inquiéter sérieusement quant aux liens étroits que j'entretiens entre érotisme et opéra, y a-t-il un divan dans les parages ?) La progression est très bien menée par les deux accolytes, reste à savoir encore une fois si leurs talents d'acteurs sont seuls à mettre à ce crédit.

J'ai zappé entre Roméo et Juliette et Manon le solo de Villazon, un très bel extrait du Cid du même Massenet (« Ô souverain, ô juge, ô père »), honorable mais loin, très loin de mon point de vue d'autres interprètes comme Ben Heppner.

Quand c'est fini

On croit être là depuis un quart d'heure à peine quand la dernière note se fait entendre. Il y aura bien sûr des bis, trois, et il aurait été dommage que nous ne les ayons pas rappelés à grands renforts d'applaudissements car les deux premiers rappels, « Ange adorable » (Roméo et Juliette, toujours) et « C'est une chanson d'amour », extrait des Contes d'Hoffmann d'Offenbach) étaient tous deux superbement bien chantés, j'espère qu'un jour ils auront l'un et l'autre l'occasion de chanter ces deux opéras en intégrale. Pour Roméo et Juliette il me semble avoir lu quelque part qu'il en étati question quant à Dessay dans les trois rôles des Contes, voilà qui ne serait pas pour me déplaire...

Plus anecdotique mais parfait pour une clôture définitive de la soirée, un dernier duo « Addio » de Rigoletto (que ceux qui l'ont vu s'en souviennent, c'est la scène ou Gilda vient d'appendre que son amoureux s'appelle Gualtier Maldè et qu'il doit partir parce que Papa arrive) et il est temps de repartir avec des notes plein les rêves.

A lire ailleurs :

Les trois moments préférés de Pascal Patrick, de Do Si Do, l'ouverture, la Traviata et Le Cid. Dommage, nous nous sommes croisés sans le savoir. Une prochaine fois j'espère ? Avis très partagés, comme souvent, sur les forums : chez Opera Giocoso on a beaucoup aimé, tandis que sur Operadatabase c'était nullissime. Dessay sait à peine chanter, Villazon est un sous-fifre, Myung-Whun Chung un matamore, etc. (Mon passage préféré c'est le gars qui dit que le public est inculte et bêtement acquis. Nul doute que s'il avait été d'accord avec lui on eût eu affaire à une foule intelligente :-D)


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