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Les secrets de fabrication de Dame Pétronille

Publié par le Dimanche 14 Mai 2006, 19:46 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

Dame Pétronille est une grande sorcière. Dans son chaudron, elle fabrique une potion magique avec une recette connue d’elle seule. Quand de grosses bulles d’air se forment à la surface, Dame Pétronille court se mettre à l’abri derrière son paravent moléculaire. Ces bulles sont censées s’élever par un tuyau situé juste au dessus du chaudron, puis partir ainsi, aériennes, odorantes. Mais de temps en temps, une bulle n’arrive pas à quitter le chaudron. Tandis que sa masse gazeuse la tire vers le haut, l’émulsion à l’interface du gaz et de la potion du chaudron la retient à la surface. Et là, c’est la catastrophe : la bulle explose. D’où la précaution de Dame Pétronille, parce que l’odeur qui envahit sa salle de travail devient irrespirable, mélange d’hydrogène, de méthane, de CO2, mais surtout de gaz odorants tels l’indole, le scatole et le sulfure d’hydrogène (H2S, caractéristique de l'oeuf pourri).Dame Pétronille a un métier unique : elle fabrique des pets. ****************** C’est ainsi qu’avec mon bouchon, nous avons imaginé l’origine des flatulences (du latin flatus, vent, et de flarer, souffler), suite à la question de mon collaborateur Fraisette jeudi dernier (et donc de mes recherches pour trouver la réponse). J’avais quelques pistes, comme cet article lu il y a quelques années sur ce fermier britannique qui s’amusait à mettre une flamme derrière son auguste derrière… jusqu’au jour où il a ainsi enflammé la grange adjacente. Ou cette précision concernant les risques de cette opération qui consiste à enlever des polypes avec un choc électrique. J’avais à l’époque ri aux éclats en imaginant un patient explosant sous le choc (ce qui n’est pas du tout drôle pour le patient). Gare au méthane, hautement inflammable !Les pets sont la conséquence de notre biologie. L’usine à pets, là où travaille Dame Pétronille, est notre gros intestin. La digestion des aliments par notre flore bactérienne s’accompagne de déchets gazeux des bactéries en question. Quand la pression est trop importante, ces gaz accumulés dans l’intestin s’évacuent par l’anus. Et le pet se forme, au grand désagrément de tous, surtout si vous êtes au milieu du supermarché en train de choisir délicatement les plus beaux fruits pour votre prochaine tarte…Mes sources divergent sur la quantité produite quotidiennement par un humain : d'un verre (des petits joueurs assurément) à deux litres, ou jusqu’à 4 litres par jour. Une personne pète en moyenne quatorze fois par jour, mais certains font de la surproduction : jusqu’à 141 en 24 heures pour cet habitant de Minneapolis qui traçait un péto-graphique de sa production gazeuse personnelle. Ces surproductifs ont assurément une flore bactérienne de qualité, mais aussi abusent-ils peut-être des aliments riches en oligosaccharides, dont la dégradation est responsable du prout universel : ceux qui contiennent du blé, les produits laitiers, le chou, les pommes, les radis, les brocolis, les oignons, les choux-fleurs et surtout, les bien connus haricots, avec un taux record de 60% d’oligosaccharides parmi leurs glucides.La recherche, toujours prompte à comprendre les phénomènes de la vie et à apporter un bienfait à l’humanité, a ici aussi porté ses efforts. C’est ainsi que des chercheurs du laboratoire des sciences de l'alimentation du Bhabha Atomic Research Centre de Trombay ont trouvé le moyen de limiter la production de flatulences, souvent associée avec l’ingestion de curry et salades: l'ionisation des haricots. Ils ont au passage confirmé un savoir empirique connu sur quasiment tous les continents, où le trempage des haricots avant cuisson réduit le taux de flatulences. Voici leurs conclusions, parues dans Food Chemistry : « Après deux jours de trempage, les mungos faiblement irradiés avaient perdu 70 % de leurs oligosaccharides, ceux fortement irradiés en contenaient 80 % de moins. En revanche, pour les haricots non irradiés, on n'observait qu'une diminution de 35 %. Les haricots à oeil noir et les pois chiches ont également présenté une nette réduction. Seuls les haricots rouges n'ont pas réagi au traitement, mais ils sont par ailleurs bien moins riches en oligosaccharides. » ************************** Les flatulences sont un problème social et non un problème médical, puisqu’elles sont le signe d’un bon fonctionnement de notre organisme. L’humain n’est cependant rien en comparaison des mammifères ruminants, dont l’activité méthanogène de leur flore  bactérienne est d’une puissance incomparable. Vaches et moutons australiens produisent ainsi quelques trois millions de tonnes de méthane par an. Si l’on ramène ce chiffre à l’ensemble des ruminants de la planète, on explique, en partie seulement, l’effet de serre. La réduction de cette fraction pourrait se faire en remplaçant vaches et moutons par des kangourous qui produisent des pets pauvres en méthane. Ça vous dirait un petit méchoui de kangourou ?SourcesSylvia Branzei: Cradologie, la science impolie du corps humain. Editions Pocket jeunesse.Courrier international avec New Scientist, l’Hebdo et BBC NewsUn vague souvenir d’un article lu dans… La Recherche ?Aide du TILF et du dictionnaire culturel en langue française (Le Robert) Haut de page


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