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Sortez couverts en reportage

Publié par le Vendredi 19 Mai 2006, 16:00 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

En tant que Technorati pigiste, on doit se remettre en Technorati tous les matins. Impossible de dormir sur ses deux oreilles, comme beaucoup de journalistes dits « intégrés ». Les intégrés reçoivent le même salaire 13 mois au minimum par an, et peuvent donc se permettre de dormir. En tant que rédac chef, je reçois donc régulièrement des CV de journalistes qui veulent intégrer une rédaction (les pauvres, s’ils savaient…), ou mieux, qui proposent des sujets. Dans ce dernier cas, c’est ce que j’appelle mettre un orteil dans la rédac. Le plus dur est de mettre l'orteil dans la rédac, après on finit par se rendre indispensable. De Technorati en Technorati, des perles se présentent Ma première perle à ce poste venait d’un journaliste qui reprenait la pige d’une pigiste fort talentueuse. Celle-ci avait décidé à mon grand désespoir de devenir prof. Dans ce cas, un journaliste sympathique et honnête se doit de rechercher dans son entourage quelqu’un à qui son volant de piges puisse convenir. Ce qu’elle fit.Son remplaçant m’appelle, et me propose un papier sur un four à boues. Explication légère : l’ Technorati sale, celle qui sort de chez vous, est nettoyée dans une station d’épuration. Tandis qu'elle redevient propre, toutes les saletés sont progressivement retirées. Une partie de ces saletés constituera ce qu’on appelle les boues d’épuration, principalement de la matière organique (la vôtre, celle qui descend le long de vos tuyaux internes puis ceux de la maison) et parfois des métaux lourds du fait d’industries raccordées au réseau (phénomène de plus en plus rare). Notre rédac avait été invitée elle aussi à l’inauguration de ce four à boues, mais je lui laisse une chance au téléphone ; ça nous aurait évité un déplacement chronophage, et cela aurait permis à un pigiste de gagner sa croûte, un point auquel je suis très attachée. Mais ne voilà-t-il pas que le p’tit gars commence à me dire que les stations d’épuration, « ça pue ». Je lui rétorque que c’est sa merde et celle des autres qu’on y traite, et qu’il vaut mieux la traiter quelque part que la rejeter dans les rivières comme ça, brute. D'où l'intérêt du four à boues, qui les brûle sans faire de dioxines. Il ne m’écoute pas ; très mauvais, ça mon p’tit gars ! Faut toujours écouter le red chef surtout si ce dernier se croît inspiré ! Et là, il me sort l’argument majeur, imparable, celui qui me fait exploser de rire: « si vous voulez venir à la visite, il faut vous munir d’un mouchoir imbibé de menthe ».Ah oui évidemment, nous rêvons tous d’être les correspondants du Monde, du Figaro, de la Tribune ou des Echos ou bien du grand quotidien local. Ça fait chic dans les soirées, et on est sans cesse invité à des petits déjeuners avec moult macarons, ou des déjeuners avec le vin coulant à flot, ou des dîners où l'élu local vous consulte nerveusement tout en vous gavant de petits fours. On ne se coltine pas l’usine à merde qui traite nos matières, pour éviter que les poissons ne crèvent la bouche ouverte! Je m’énerve, je m’énerve ! Je me suis aussi énervée ce jour-là, et tout correspondant d’un grand quotidien qu’il soit devenu en reprenant ce volant de piges, pfffit ! Il ne m'a plus jamais rappelé. L'au potbale Fraisette me transmet un jour ce mel, avec un CV attaché. La journaliste revendique une plume alerte, un esprit vif et … « une débordante ». Si les journalistes se mettent à avoir de l’imagination, pourquoi s’étonner qu’on accuse notre profession de créer de fausses informations. Dernière , celle d’une proposition par mel. Monsieur Coco, localier pour un grand quotidien économique (pas le premier non plus), me propose un sujet. Je vous le livre texto, c’est un bijou. (les ... pour cacher son identité) De : coco@pigiste.frEnvoyé : vendredi 12 mai 2006 13:21À : votre magazineObjet : proposition de sujetBonjour Madame,Ce petit mail pour vous proposer un petit sujet (je suis journaliste dans … et 'asure notamment la correspondance de … pour le sud de l'…)le syndica mixte de l'usine de ... vient d'inaugurer une nouvelle usine d'au potbale. pareticularité elle produit depuis quielques jour de l'au propre, de façon propre. Cout de l'opération: 1,7 million d'euros.J'ai pensé que l'infio pouvait mériter un petit papier dans votre magazine J'attends vos éventuelles instructions à ce sujet Bien à vous

Était-ce l’effet de la grippe, occasionnée par un nain viral qui utilisait mon corps pour se répliquer, et mon nez pour se disséminer dans l’atmosphère d’une rédaction où ils ont dû passer un désinfectant après mon départ ? Est-ce ma culpabilité vis-à-vis d’une orthographe (accents circonflexes que je rajoute partout) et d’une grammaire (problèmes d’accords avec les verbes) fantaisistes qui a généré ma réponse ? Est-ce l'usine d'au potbale qui nous a fait exploser de rire? Toujours est-il que je n’ai pu me retenir, mais gentiment tout de même. (Cécile, il y a des jours où j'aimerais avoir ta verve et ton art des contrepétries ; j'aurais pu essayer quelque chose avec pas de bol et potbale, non ?) Bonjour, Une usine d'eau potable qui produit de l'eau propre, ça me paraît tout à fait normal, c'est même le but de la potabilisation. Cette usine a-t-elle quelque chose de particulier? Curiosité de ma part: vous faites autant de fautes d' Technorati dans vos articles que dans ce courriel? Bien à vous--------------------------------------Loulou, grande rédac chef enrhubée. En fait, j'ai trouvé la réponse, et son sujet est très intéressant, car rare. Mais il est mal parti ce garçon, à envoyer de tels mels. C’est bien dommage car si ça se trouve, il est très bon. Il n'empêche qu'il est sur place, et qu'il a proposé l'info. Impossible de lui piquer, c'est contre mes principes. Arghh, crue dilemme !Maintenant, j'attends de recevoir des perles de rédac chef, pourquoi pas des miennes. Parce que j'en fais des belles aussi... Mais ça sera pour un autre jour.


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