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Mes aventures en Languedoc-Roussillon

Publié par IreneDelse le Mardi 23 Mai 2006, 22:04 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

Histoire de ne pas en rester sur cette frustrante histoire de retard de livraison, voici un début de compte-rendu de ma petite visite à Hélène Ramdani et au Navire en Plein Ville, à St-Hippolyte-du-Fort, jolie petite  (3500 hab.) ville du Gard sise au pied des Cévennes, dans ce que l'on appelait autrefois la province du Languedoc, et encore auparavant la Septimanie.

Au pied des Cévennes, ou plutôt sous leur sein... Car St Hippolyte est bâti à l'ombre d'une crête de rochers que l'on appelle joliment "la Marianne" dans la région, à cause de sa ressemblance avec un corps de Technorati allongé.

Très poétique, non ? Autre détail amusant : on appelle les habitants de St Hippo les Cigalois, mais contrairement à ce que prétend la légende, aucun rapport avec les cigales qui assourdissent le pays en été ! Non, le nom prend son origine dans le seigle (prononcé sigle en ancien français) que l'on y cultivait autrefois en abondance.

On raconte néanmoins qu'il y avait bien longtemps, les habitants du bourg voisin, Sauve, avaient

lancé un défi à ceux de St Hippolyte, à qui ramassererait le plus de cigales en une journée ! Concours lancé pour rire, et même pour se moquer du St Hippo roturier, alors que Sauve était le siège des seigneurs du lieu.

Bruit de mandibules

Mais à part le seigle, on cultiva aussi beaucoup le mûrier dans la région, surtout à partir du 16ème siècle, pour l'élevage du ver à soie, le fameux magnan, mot venu de l'italien dialectal magnato (le mangeur, à cause de sa voracité), formé sur magnare, forme dialectale de mangiare, tout comme on a importé d'Italie les techniques relatives à l'industrie de la soie. L'activité séricicole (oui, c'est le nom) a décliné au 20ème jusqu'à s'éteindre, avant de reprendre dans les années 80 dans le cadre d'un artisanat d'art et de la conservation des savoirs-faire d'antan ; mais le Musée de la Soie est encore une attraction passionnante du lieu. Et je n'ai pas manqué de le visiter !

Les vers à soie, larves d'un papillon, le Bombyx du mûrier, ne sont pas d'une fréquentation très passionnante, individuellement. Passionnée par la bouffe (dans nos régions, exclusivement le mûrier, mais il existe des variétés asiatiques se nourrissant de feuilles de chêne ou de noyer), cette chenille blanchâtre multiplie son poid par 10 000 entre la sortie de l'oeuf et la chrysalide. Stade qu'elle atteint en l'espace d'un mois ! Pour réaliser cet exploit, elle mange nuit et jour. En fait, quand on s'approche d'une magnanerie (batiment où l'on élève, ou plutôt éduque, selon le terme consacré, les vers à soie), la première chose qui frappe, c'est... le bruit ! Le bruit des mandibules déchiquetant et broyant les feuilles de mûrier.

Pas étonnant que la soie ait fait la fortune de la région, mais aussi que lors d'une épidémie  qui a frappé les vers à soie, au 19ème siècle, le déclin se soit amorcé. Malgré tout, les travaux de Pasteur, ici comme dans d'autres domaines de l'agriculture et de la santé, on apporté le soulagement espéré.

Ce sera finalement l'émergence des textiles synthétiques, entre deux guerres, puis l'émergence de pays à faibles salaires, qui signa le glas de l'industrie française de la soie, si gourmande en main d'oeuvre. Seuls des artisans d'art et des stylistes utilisent encore la soie locale, dans l'esprit du retour vers le terroir des hommes et des activités économiques qui a commencé dans les années 1970, et se poursuit toujours.

Tout en soie

La soie, c'était autrefois la championne des fibres textiles en matière de résistance et de légèreté. Ce qui lui donnait de nombreuses utilisations pratiques : sutures chirurgicale, sport, et bien d'autres. On a du un peu de mal à l'imaginer, mais les parachutes étaient, jusque vers 1950, fait de soie ! (Fine réaction de mon frère quand je lui ai raconté ça : "En somme, on peut dire que les paras pétaient dans la soie." Oui, eh bien, je ne voyais pas ça comme ça...)

Bien sûr, le musée fait la part belle aux objets et vêtements en soie, dont certains forts anciens : robes de pasteur (les Cévennes, pays des Camisards, sont restées en grande partie protestantes) et étoles de curé, sous-vêtements, bonnets, robes, chemises, bas, caracos... Défense de toucher, sauf avec les yeux !

Mais on peut rêver, éveillé et même éberlué, devant la débauche de jambes en plastique couvertes de bas fantaisie, cuvée 1968 (dernière année de production de soie française au stade industriel), qui pendent du plafond ou montent de présentoirs le long des murs. On se croirait dans l'atelier d'un fabricant de prothèses fétichiste !

Rêver, certes... Cela dit, c'était un dur métier que celui d'ouvrière de la soie. (C'étaient surtout des ouvrières dans les "magnaneries", ou élevages de vers à soie, et dans les filatures.) Les doigts dans l' Technorati à 70 °C pour le "décoconnage" (opération où les cocons sont ramollis pour être dévidés), sans protection, en les trempant juste de Technorati en Technorati dans un bol d' Technorati froide pour pouvoir tenir...

La vie des "magnanarelles", ce n'était pas que chansons.

Utilise-t-on encore beaucoup de soie, de nos jours ? Oui, plus que l'on ne croie. Dans la confection, bien sûr. Mais aussi pour la restauration d'ouvrages anciens (vêtements, tapisserie, poupées...), les instruments de Technorati, la fabrication de bijoux, certains fils dentaires et chirurgicaux, des matériaux pour la recherche, etc. Sans compter les usages de protéines de soie en parfumerie et pharmacie. On utilise même du fil de soie pour... les mouches de pêche !

Mais je m'arrête. Ou j'y serais encore dans quelques années !

"Le fait de raconter une chose crûment et sans ménagement, telle qu'elle s'est passée, la fait paraître affreusement étrange."

  -- G. K. Chesterton

"The most exciting phrase to hear in science, the one that heralds new discoveries, is not 'Eureka!' but 'That's funny...' "

  --Isaac Asimov


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