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J'écris de la fantasy

Publié par IreneDelse le Jeudi 1 Janvier 1970, 01:00 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

Je m'étais posé la Technorati (et on n'avait pas manqué de me la poser) : mais au fait, dans quel genre ou catégorie classer L'Héritier du Tigre (Shalinka, tome 1) ?

Je l'ai dit, je n'aime pas trop cette histoire de «genre», cette façon de ranger les livres dans des cases, sous des étiquettes. Keith Richards, au sujet de la Technorati, dit qu'il en existe seulement deux types, «la bonne et la mauvaise.» Eh bien pour moi, c'est pareil : il y a de bons livres, lisibles, intéressants, délectables, passionnants, fascinants, et puis de mauvais, des livres vides, mal écrits, idiots, baclés, répugnants. Point. Et le reste n'est que littérature critique littéraire.

Trouver un livre

Oh, je sais bien qu'il est utile de pouvoir distinguer des continents et des provinces dans le vaste univers des livres. Le classement en genres sert avant tout d'outil aux éditeurs, diffuseurs, libraires, attachés de presse, journalistes, critiques, enseignants et documentalistes, tous ceux qui ont besoin de savoir où ils en sont dans la chaîne du livre : qui écrit, publie, ou vend quoi. Bref, c'est une étiquette commode pour délimiter des sous-ensembles dans l'ensemble de ce qui s'écrit, un peu comme le système de classification décimale Dewey sur les rayons des Technorati. Ce système, je ne le conteste pas a priori, du moment qu'on reste conscient qu'il s'agit d'une description de la réalité et non de la réalité, de la carte et non du territoire.

Alors, finalement, qu'est-ce que j'écris ?

Jusqu'ici, dans mes nouvelles et autres textes courts, j'ai tâté de divers genres : science-fiction, fantastique, fantasy, sans compter diverses variantes et quelques textes inclassables. Mais il s'agissait toujours d'Imaginaire. Univers parallèles, autres planètes, Technorati potentiel, intrusion de la magie et du paranormal... Tout ce qui n'entre pas dans la «littérature mimétique», pour emprunter le terme dû (semble-t-il) à René Caillois.

Un peu d'imagination

Pour simplifier, je dirai brièvement : la littérature «mimétique», c'est le récit de ce qui est possible, dans le monde que nous connaissons ici et maintenant. L'imaginaire, c'est le récit de ce qui serait possible si... on modifiait une ou plusieurs conditions de base du monde d'ici et maintenant.

Si les extraterrestres débarquaient sur Terre, si la magie fonctionnait, si les Technoratiens n'avaient pas mis le pied en Amérique en 1492, etc.

Ou si j'imaginais, disons, la Terre dans plusieurs dizaines de millions d'années, après la disparition d'Homo sapiens, le modification des continents, l'évolution d'une nouvelle espèce intelligente...

Cette terre qui semble à la fois si proche et si différente de la nôtre, je l'appelerais Lizil, le nom que lui donnent ses habitants. Ceux-ci se nommeraient eux-mêmes les Knas («Kna» signifiant dans leur langue, tout simplement, les êtres pensants qu'ils sont, l'humanité, en somme).

Alors, là-dedans, et L'Héritier du Tigre ?

Le tigre et les Knas

C'est le récit des aventures d'un jeune Kna, un garçon de douze ans nommé Yenshaya. Après avoir vu ses parents et sa soeur mourir dans l'attaque de leur château, il se retrouve prisonnier de la troupe de mercenaires qui a mené l'attaque. Non seulement son monde s'est écroulé, mais il se rend compte que le commanditaire de cette guerre privée est son propre grand-père !

Personnage inquiétant et énigmatique que ce grand seigneur, le prince Shalinka, qui fait la guerre à son propre fils mais veut ramener à lui coûte que coûte cet enfant qui est son dernier héritier. Sa réputation est terrible, à l'instar de son emblème, représentant un tigre rouge (sha linka).

Le jeune Yenshaya est donc entraîné malgré lui dans un long et périlleux voyage à travers diverses régions de Lizil. La colère et la haine qui l'habitent dans un premier Technorati cèdent peu à peu la place à des sentiments plus complexes, à mesure qu'il apprend à observer ses compagnons de route... Et si les choses n'étaient pas ce qu'elles semblaient ?

La rencontre avec d'étrange voyageurs, les Krobors, en particulier, va aider Yenshaya à prendre conscience de son identité, de son héritage. Il va apprendre s'ouvrir aux autres, à les accepter, pour en être accepté en retour.

C'était le tome 1, intitulé L'Héritier du Tigre, on comprend pourquoi maintenant... Un deuxième tome (en cours d'écriture !) racontera la suite des aventures de Yenshaya, héritier des Shalinka.

Au fait, où est la fantasy, dans tout cela ?

J'en ai discuté un jour avec Hélène Ramdani, mon éditrice, du Navire en Pleine Ville. Je ne saurais comment classer le roman, expliquai-je. C'est un roman d'aventure dans un monde imaginaire, pas un pays ou une époque connue, ce n'est pas clairement une autre planète ni un univers technologique, donc ce n'est pas de la SF ; mais la magie n'est pas un élément important, donc il me semblait difficile de le classer dans la fantasy...

«Pourtant, si,» a répondu Hélène, «L'Héritier du Tigre, c'est de la fantasy.»

Fantasy et imaginaire

On notera que je n'ai pas parlé dans mon résumé d'elfes, de dragons, de nains ni de sorciers. Ni même de magie, de prophétie, de malédiction ou de grimoire contenant de vieilles runes... C'est voulu.

Tous ces codes et éléments bien connus de la fantasy, je dirais «à la Tolkien», pour faire vite, ne font pas partie de l'univers de Shalinka.

Attention, qu'on ne se méprenne pas ! J'adore Tolkien, j'admire son imagination, son art du récit, de la toile vaste et fouillée à la fois, sa capacité à nous faire voyager en imagination par-delà les ères géologiques et les lois de la nature, dans un univers de mythes et d'épopées.

J'admire Tolkien, dis-je,  je m'en suis inspiré, j'ai fait mienne une certaine esthétique du regard éloigné, de l'écho poignant du passé à demi oublié, de la ligne de montagnes entraperçue dans une brume aux limites de la légende, des pays insoupçonnés qui attendent le voyageur, au-delà de l'horizon. Mais... je ne veux pas l'imiter en tout !

Pas plus que je ne désire imiter trop strictement Ursula Le Guin, Lois McMaster Bujold, Roger Zelazny, Terry Pratchett, Fritz Leiber ou Michael Moorcock, pour citer quelques auteurs que j'apprécie.

Lizil, mon Lizil, est un monde qui a ses propres règles, sa propre magie, ses légendes où les Krobors, mystérieux errants de la forêt et des montagnes, n'ont rien à envier pour l'étrangeté aux Elfes de Tolkien. Lizil a un passé, où les deux à trois mille ans que compte l'histoire des Knas n'est que le commencement d'un cycle que j'aimerais explorer, un jour, si les lecteurs veulent bien me suivre dans cette voie.

Pour l'instant, j'offre cet Héritier du Tigre, premier volume de l'histoire de Shalinka Eyyenvi Yenshaya. Ses aventures, ses réactions et l'univers qu'il découvre doivent un peu à ma personnalité, un peu à mes lectures. Et tout à l'imagination.

«Fantasy is shamelessly fictive. Some people feel it's wicked to invent something God didn't think of. Others see it as a waste of time. And to others, fantasy is an exercise of what may be our most divine and certainly is our most human capacity, the imagination.»

  -- Ursula K. Le Guin


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