L'idée
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Source : Kozeries en dilettante
Il y a quatre ans environ, j'avais un ami tchèque auquel je rendais parfois le service de relire les traductions de brochures publicitaires avant qu'il les rende à ses clients. Rarement plus d'une cinquantaine de pages à la fois, mais plus rarement encore le temps de les lire tranquillement. (Il en va ainsi de façon générale : je ne connais aucune maison d'édition ou organe de presse qui prenne réellement en compte le temps nécessaire à une relecture. Lorque j'étais pigiste à domicile, je travaillais bien plus fréquemment le week-end que les jours de semaine et quand c'était en semaine c'est que c'était pour la veille. Bref.)
Je rendais volontiers ce service à Zbigniewk, charmant à tous égards et qui ne manquait pas d'apporter des fleurs ou un gâteau en remerciement. Il s'asseyait dans le salon et se trouvait un livre ou un disque en attendant que j'ai fini et assurait le service café.
A une certaine période, il eut souvent recours à moi, son activité de traducteur prenant le pas sur celle de graphiste. Il connaissait mon amour pour l'opéra et débarqua un jour sans rien à relire, brandissant dans une main trois CD : des récitals de Magdalena Kožená (ou un article en français, plutôt ?). Il m'expliqua tout heureux de me faire plaisir qu'il était ami d'enfance avec l'agent de celle-ci et qu'outre les albums qu'il me laissait nous étions invités quelques jours plus tard à une représentation historique. Cent ans jour pour jour après la première représentation de Pelléas et Mélisande, au même endroit, l'Opéra-Comique, avec sa compatriote, et le reste d'une distribution prometteuse, le tout dirigé par mon chéri Marc Minkowski.
De Debussy, avouons-le, je ne connaissais rien de l'œuvre lyrique. Le peu que j'en connaissais ne m'avait guère enthousiasmée mais dame, que j'étais contente à la perspective de cette soirée musicale qui saurait sûrement me changer les idées ! J'étais dans une période de ma vie assez compliquée et tendue car quelques jours auparavant la séparation d'avec le père de mes enfants avait été décidée.
Notre arrivée à l'Opéra-Comique fut accueillie par le manager de Kozena avec forces embrassades entre les amis d'enfance , rires heureux, et conduite accompagnée jusqu'à une loge qui se révéla de corbeille et l'on me plaça avec courtoisie à côté de la maman de la chanteuse, venue tout exprès de Tchécoslovaquie pour ce si grand événement.
Il ne fallut pas moins d'un quart d'heure avant que je ne m'endorme profondément. Si profondément que ma position inconfortable... me fit ronfler.
Oui. J'ai ronflé à Pelléas et Mélisande, à côté de la maman de Magdalena et sous les yeux de son manager et de mon ami Zbigniewk qui devait se maudire d'avoir emmené pareille maroufle. Lorsqu'il me poussa légèrement du coude pour me réveiller je réalisai ce qui venait de se passer et je pense que j'ai dû ne pas quitter la couleur brique que je sentis aussitôt colorer mes joues jusqu'à la fin de la représentation.
La vie est ainsi faite que nous nous sommes perdus de vue peu après. J'aime à croire que cette soirée n'y fut pour rien, mais j'ai des doutes !
Le mois avait déjà commencé sous les auspices que l'on sait et se finit ainsi, en ce 30 avril 2002.
Note : ma copine Catherine, heureusement, ne dormait pas, elle !