L'idée
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Source : Irène Delse, un blog d'écrivain
Pendant l'été, les expulsions continuent. La mobilisation aussi. Le ministère de l'Intérieur tente de donner des gages à la fois à la gauche et à la droite de sa majorité : pas d'expulsion d'enfants mineurs, certes, mais seulement à des conditions draconiennes (et parfois absurdes, comme le fait de ne pas parler la langue du pays d'origine des parents) et au compte-goutte. Les préfectures, débordées, appliquent le texte au petit bonheur , cuisinant chacune leur interprétation en l'absence de directives plus claires. Manifestement, les autorités veulent surtout éviter de régulariser trop de monde...
Politique d'exclusion
Les lycéens majeurs : expulsés ! Et tant pis s'ils sont bien intégrés, parfois nés en France , y ont de la famille, si des jeunes motivés pour faire des études devraient plutôt être prioritaire, si on considère l'intérêt du pays...
Les familles de sans-papiers qui ont un parent vivant déjà en France en situation régulière : pas régularisés ! Pourquoi ? C'est tout bête : ils ne rentrent pas dans les catégories précises de la circulaire "Sarkozy" du 13 juin. C'est pourtant dans l'esprit, non ? Liens personnels forts avec la France , etc. (Il s'agit souvent d'immigrés en situation régulière dont le conjoint et les enfants sont venus clandestinement parce qu'on leur a refusé le regroupement familial.) Comprenne qui pourra.
Maryam Silla et ses deux enfants, Mohamed (5 ans) et Aïssata (3 ans), qui remplit apparemment toutes les conditions de la circulaire : en danger, car depuis que le préfet lui a attribué un titre de séjour de trois mois (pour réparer, rappelons-le, une expulsion précipitée et illégale...), l'administration prétend maintenant qu'elle ne remplit plus les conditions et donc ne peut être régularisée...
C'est Kafka que l'on devrait faire citoyen d'honneur, dans notre pays.
L'avenir commence maintenant
Le président de la République rate, dans son allocution du 14 Juillet, l'occasion de prendre une décision plus courageuse que celle de son ministre. Le mot d'ordre officiel est toujours de faire peur aux bons français de l'immigration, qui pourrait nous "inonder". Merci, Chirac. Vous nous aviez déjà écoeurés avec le "bruit et l'odeur", maintenant, c'est carrément un tsunami que vous appelez à la rescousse...
Mais quand la natalité en France ne suffit pas à remplacer les générations, quand le pays vieillit, c'est le solde migratoire qui assure l'avenir de notre société ! Qui paiera les retraites de nos parents et les nôtres, demain ? Et dans les secteurs d'activité où la main d'oeuvre manque, comment faire sans les immigrés ? Déjà, la santé est un bon exemple : la France a fait appel aux infirmières espagnoles. Mais nombre d'entre elles (et aussi parmi le personnels des aides-soignant(e)s viennent de pays extérieurs à l'Union Europé enne.) Maintenant, de nombreux médecins, en particulier à l'hôpital, viennent de pays non europé ens. Mais on les confine dans un statut discriminatoire. Aujourd'hui, ils sont en grève symbolique pour protester.
Il est plus que temps que la France conçoive une politique d'immigration digne de ce nom, au lieu d'un système comme celui que nous vivons aujourd'hui, où l'immigration légale est quasi-impossible et où périodiquement, on s'aperçoit du sort injuste fait aux sans-papiers.
Contre les coeurs durs et le manque de vision d'ensemble d'un trop grand nombre de nos personnalités politiques, on peut préférer le courage et la générosité des simples citoyens réunis dans le Réseau Education Sans Frontières (RESF, fondé par des enseignants et des parents d'élèves), auquel se sont ralliés depuis de nombreux élus. Et notamment Ségolène Royal, qui a signé la pétition "Nous les prenons sous notre protection". "Les enfants", selon ses mots, "ne doivent pas faire les frais de l'imprévision des politiques".
J'ai signé aussi cette pétition. Ainsi que la pétition du Collectif Aïssata, lancé par des écrivains et illustrateurs jeunesse. Ceux et celles qui sont attachés à l'avenir des enfants et adolescents de ce pays ne peuvent pas rester indifférents. Comme les éditeurs jeunesse, qui se sont regroupés dans le Collectif Miradie, du nom d'une autre petite fille qui risque d'être expulsée avec ses parents, victime malgré elle de la politique politicienne française.
Ils faut penser aujourd'hui à ces enfants et ces familles venus d'ailleurs pour planter leurs racines dans notre pays, et qui sont devenus les otages de la politique . Un jour, peut-être, ce seront nos enfants qui nous demanderont des comptes à ce sujet.
"Non, la république n'est pas naturellement juste, elle demande à tous un engagement fort afin de devenir le projet qu'elle contient."
-- Brice Petit, 8 avril 2006