L'idée
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Source : Irène Delse, un blog d'écrivain
Il parait que des terroristes voulaient faire exploser des avions en vol avec des bombes artisanales bricolées à bord (dans les toilettes, par exemple) à l'aide de deux ou plus types de produits chimiques, camouflés par exemple en boisson énergétique ou en nettoyant pour lentilles de contact. En supposant que ces chimistes amateurs aient réussi à ne pas se faire repérer par les passagers ou l'équipage (de nos jours, en avion, tout comportement un peu bizarre est rapidement remarqué, comme l'on expérimenté Richard Reid, Michael Philippe et Franck Moulet), et que la réaction de ces produits se soit passée comme prévu, sans faire long feu, ou juste faire sauter les mains du bricoleur, ils auraient pu obtenir une bombe de petite taille, mais peut-être capable de faire un trou dans la coque. Un simple détonateur électrique (camouflable dans un téléphone portable, par exemple) aurait complété l'engin.
Ce scénario n'est pas vraiment neuf. Des membres d'Al-Qaida l'avaient testé (sans beaucoup de succès) en 1994 aux Philippines, puis abandonné, semble-t-il, en raison du caractère aléatoire de l'entreprise . Les risques de se faire repérer trop tôt étaient trop importants, et la puissance de la bombe obtenue assez faible étant donné les quantités de produits chimiques que l'on peux faire passer de cette façon. La nitroglycérine utilisée en 1994 par Ramzi Yousef, par exemple, n'est pas assez puissante. D'autre part, si on veut obtenir un composé plus puissant comme le péroxyde d'acétone (ou TATP, utilisé le 7 juillet 2005 à Londres), il n'est pas si simple de mélanger de mélanger de façon fiable des produits hautement réactifs selon des proportions exactes, qui plus est dans des toilettes d'avions, à température ambiante et sans contrôle des conditions comme on peut le faire en laboratoire. Si les terroristes avaient apparemment ciblé plusieurs avions (tout cela au conditionnel, vu que l'enquête est loin d'être terminée), c'était peut-être tout simplement parce qu'ils n'étaient pas sûrs de pouvoir obtenir de résultat avec une seule préparation...
En conséquence, les gouvernements anglais et américains (par ailleurs en butte à des problèmes de popularité croissants, comme c'est bizarre...), fidèles à la doctrine du "surveiller l'étable une fois que les vaches sont parties", se mettent à interdire tout bagage à main en cabine, et spécialement les liquides et appareils électriques, cela pour une durée indéterminée.
Faisons le point. Actuellement, pour embarquer à destination du Royaume-Uni et des Etats-Unis (plus Israël et peut-être bientôt d'autres pays, car le Canada a emboîté le pas aux USA récemment, que l'Inde a des soucis en ce moment avec les fêtes de l'Indépendance, etc.), il faut :
venir longtemps à l'avance pour subir les contrôles nécessaires (de 1 à 4 heures selon les sources) ;
mettre les produits de beauté, cosmétiques, médicaments, appareils électriques et électroniques dans la soute avec le reste des bagages enregistrés, qui passent dans un contrôle aux rayons X ;
si certains de ces appareils sont sensibles aux rayonnements électromagnétiques, les signaler pour qu'ils soient examinés manuellement et à part (compter encore plus de temps ) ;
préparer des trésors de patience et d'humilité pour négocier avec des services de sécurité surchargés de travail si vous avez des médicaments (apportez toutes les ordonnances !) ou appareil médical (certificat médical exigé) dont vous ne pouvez vous passer pour le trajet, ou un biberon pour votre bébé (on vous demandera de le goûter avant, comme si cela pouvait dissuader un terroriste kamikaze déjà prêt à faire n'importe quoi) ;
éviter autant que possible d'emporter en voyage des objets de valeur (ordinateur portable, appareil photo, etc.) car ils voyageront en soute et que l'on ne peut garantir actuellement qu'il n'y aura pas de vol, perte ou accident à l'aéroport de départ ou d'arrivée ;
s'assurer que l'assurance que vous avez souscrite couvre le vol ou le bris des dits objets si vous êtes obligés de les emporter (bonne chance) ;
vous armer de patience pour la durée du voyage, où vous n'aurez probablement rien à lire (sauf un journal qu'il vous faudra en plus payer s'il s'agit d'une compagnie à bas coût) et peu à boire ou à manger, car il est probable que les hôtesses seront très occupées et stressées puisque tout le monde sera dans le même cas (et il faudra aussi payer les rafraîchissements si votre billet d'avion n'était pas cher) ;
passer, bien sûr, encore du temps à l'arrivée pour récupérer les bagages avec tous les objets importants que vous y avez laissé (et garder votre sang-froid si l'un d'eux manque) ;
lors de l'embarquement, vous préparer dans la plupart des cas à une palpation sur tout le corps (quel plaisir) ;
lors de l'embarquement pour les USA,vous devrez également enlever vos chaussures pour les faire passer aux rayons X (Richard Reid n'était pourtant pas allé bien loin avec ce genre de dispositif, mais la parano, c'est la parano), et tant pis si le sol est sale ;
si pour une raison ou une autre votre nom, votre tête ou votre accent ne revient pas au type de la sécurité (si vous avez voyagé précédement dans un pays "sensible", ou si vous essayez de râler contre la sécurité, par exemple), ou si vos clefs ou autre objet font biper le portique détecteur de métal, vous pouvez compter que vous aurez droit à la fouille à nu dans une espace à part, par des gens pas sympathiques du tout ;
et après tout cela, on vous souhaitera bon voyage.
À noter que toutes ces dispositions peuvent varier selon les pays et les régions. Les Anglais sont pour le moment les plus stricts pour l'avion, mais pas pour l'Eurostar, on se demande bien pourquoi. Le Canada a mis en place une partie de ces mesures, les USA aussi, mais surtout pour les vols internationaux. Sur les vols intérieurs américains, il est pour l'instant prohibé d'apporter des liquides en cabine, mais les appareils électriques ne sont pas interdits. (C'est beau le pragmatisme économique. Ainsi, les hommes d'affaires pourront voyager avec leur téléphone portable, ordinateur ou Blackberry, mais devront acheter dans l'avion boissons, nourriture et éventuellement dentifrice pour avoir l'haleine fraîche à l'arrivée...)
Vous avez dit paranoïa ?
Qui sait. Si les terroristes n'arrivent pas à dissuader les gens de voyager en avion, les gouvernements sont manifestement prêts à relever le défi !
Comme dans le conte de la grenouille d'Olivier Clerc, on s'habitue à des conditions de plus en plus difficiles si le changement intervient progressivement. Jusqu'au moment où il est trop tard.
"The one thing I can't give in exchange for my heart's desire is my heart."
-- Miles Naismith Vorkosigan, dans Memory, de Lois McMaster Bujold