L'idée
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Source : Le blog du bouchon
Dimanche, cette dépêche de l’AFP que Yahoo monte en Une de sa page (la page France , uniquement). Le texte (ci-dessous) correspond-il mot pour mot à la dépêche, ou a-t-il été coupé ? Personne ne peut le savoir à moins d’être connecté à l’AFP. Mais tel qu’il est présenté ici, il ne précise pas que le correspondant du Washington Post l’a écrit sur son blog . Les commentaires sont particulièrements instructifs.Joel Achenbach conclut sur ces mots :"Eventually, I reached the obvious conclusion that the man beside me was a professional sensualist. It's a job that doesn't exist in America outside of certain Zip codes in California. For the sensualist there are long recessions, even depressions, as the economy of romance goes into a dive. One sits in the cafe and hopes for an upturn in the market.I sympathize: It's hard work. A grind, at times. But it sure beats the heck out of doing nothing".Ce qu’a, à moitié seulement, compris Achenbach, c’est que l’art de flâner n’est pas seul en cause ; c’est tout un art de vivre qui est aux antipodes de ce que vivent beaucoup (pas tous) d’Américains au quotidien, tout comme l’art de vivre africain l’est par rapport au nôtre. Quand j’habitais New York, cette question revenait souvent lors de mes discussions avec des locaux : « Pourquoi les Français passent-ils leur temps dans les cafés ? » Ma première réponse était sur un ton indigné: « Mais nous travaillons le reste du temps ! ». Après le travail, au café, chacun fait ensuite ce qu’il veut de son temps . Certains se rencontrent et s’échangent des nouvelles qui se transmettent outre-Atlantique par téléphone ou par MSN, d’autres lisent le journal ou un livre, quelques uns rêvent, comme le fait remarquer Achenbach. Je n’emploierai pas le terme de « sensuel professionnel » mais plutôt d’épicurien à une réserve près, ayant remarqué sur les sites de rencontre que ceux qui se disent épicuriens sont les plus tristes, narrow-minded (étroits d’esprit) et ennuyeux. Ce rêve nous permet de prendre un peu de distance avec la réalité qui nous attend au coin de la rue. Et quand le couple devient famille, ce temps – celui passé au café - qui pourrait sembler futile apparaît comme un luxe, tant grande est l’attention que nous portons à nos petits bouchons. Car en fait, les parents que nous sommes tous voient une partie de leur liberté amputée par d’autres activités plus urgentes.En voyage de presse à la frontière canadienne en 2001, j’avais rencontré le directeur d’une société américaine qui avait vécu quelques temps en France et en Allemagne . Il me disait que son activité principale au travail, en dehors bien sûr de faire gagner de l’argent à sa boîte, était d’expliquer à ses jeunes collaborateurs américains comment prendre un peu de temps pour soi. Take your time, take it easy, aurait pu être sa maxime. Il était bien conscient de cette différence culturelle majeure car, comme tous ceux qui ont vécu à l'étranger, il avait pris une certaine distance avec sa culture d'origine.En écrivant ce billet et suite aux discussions sur ce sujet avec quelques amis, je me pose aujourd’hui la question : comment apprend-on à nos enfants cet art de flâner ? Les parents connaissent bien cette impatience de nos mouflets au restaurant ou au café face à une inaction qu’ils – les mouflets en question - jugent inappropriée avec leur envie impérieuse de faire quelque chose. Je n’ai pas encore trouvé la réponse, mais comme tout élément de culture que nous transmettons, c’est le modèle parental qui, quelque part, doit finir par primer et être reproduit au moment de leur croissance qui est le plus approprié. Pour l’art de la flânerie, l’adolescence doit être le bon moment.Personnellement, je trouve cet élément de notre culture essentiel. Flâner au café nous rend sûrement moins entreprenant. Mais on ne peut pas avoir de bonnes idées si on ne prend pas le temps de les mettre en forme. Haut de page Dépêche du dimanche 13 août sur la Une de YahooL'image des Français ou "l'art de ne rien faire"WASHINGTON (AFP) - "S'assoir dans un café est une des principales activités à Paris ", s'étonne un correspondant du Washington Post Magazine qui stigmatise avec humour "L'Art de ne rien faire", une spécialité que "personne ne fait mieux que les Français", selon lui."S'assoir dans un café (...) c'est ce que font les Parisiens au lieu de travailler ou de faire du jogging", écrit le journaliste Joel Achenbach dans un billet éditorial dimanche.Les chaises des cafés sont alignées en rang d'oignons, décrit-il, tournées vers l'extérieur "vers le théâtre de la rue parisienne".En scrutant son voisin, il voit "un Français assis dans une pose si détendue qu'il aurait pu être un modèle pour Toulouse-Lautrec". "Il ne faisait rien et le faisait avec panache", assure-t-il."Mais pourquoi n'essaye-t-il pas de faire quelque chose ?", s'inquiète l'Américain qui note que le café se dit pourtant équipé de Wi-Fi (accès sans fil à l'internet ) mais que personne n'a d'ordinateur portable. L'observateur ne décèle "aucune compulsion multitâche à l'Américaine".Cherchant à se plonger dans les pensées de son voisin, il imagine que "le Français doit cogiter sur le déclin de la civilisation humaine depuis l'invention du croissant". "A moins qu'il ne profite tout simplement du Quartier latin, un quartier si vieux que, je suis sûr, les habitants parlent le latin", conclut le journaliste du Nouveau monde.