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Lucia di Lammermoor (la générale 2)

Publié par Kozlika le Dimanche 10 Septembre 2006, 13:42 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

Pfffffff, Zvezdoliki m'ayant injustement taxée d'hostilité (et taxée d'hostilité injuste par dessus le marché), je m'empresse de rédiger la deuxième partie de mes impressions de la répétition générale de Lucia di Lammermoor à la Bastille.

Je m'en tiendrai ici également à la mise en scène, décors, etc. Les chanteurs ne donnent souvent pas toute leur mesure lors des répétitions générales d'opéra afin de préserver leur voix et, pour ce que j'en sais, côté musiciens le chef en profite pour faire quelques réajustements, le nombre de répétitions d'un bout à l'autre musiciens et chanteurs réunis étant en général très restreint (il faudra que je demande à Fûûlion de nous préciser ça, ou Ouf s'il passe par là, ou quiconque saura mieux que moi). Je dirai simplement pour le moment, mais je ne sais pas si en représentation il en était de même, que j'ai trouvé que l'ouverture était jouée trop lentement, alors que bizarrement je ne l'ai pas ressenti par la suite. J'en dirai sûrement plus après la représentation à laquelle j'assisterai le 22 septembre.

Serban n'a pas tout faux, donc. Au premier chef, l'excellente direction d'acteurs. Pour l'avoir déjà vue sur scène, je sais que Natalie Dessay est très bonne comédienne mais que son engagement total fait qu'elle a tendance à surjouer volontiers. Rien de tel mercredi soir. D'ailleurs chaque rôle principal jouait impeccablement, tout le Technorati. J'insiste sur le « tout le Technorati » car il n'est pas si rare que les solos, duos ou autres morceux de bravoure soient laissés au bon vouloir de l'interprète, ce qui provoque régulièrement chez certains d'entre eux un plantage sur les deux pieds face au public, récital au milieu de la représentation, quand ils ne vont pas jusqu'à ouvrir un bras appelant les saluts à la fin de leur air (ah Roberto Alagna dans Le Trouvère...). De même aucun figurant ne m'a semblé livré à lui-même, chaque déplacement, chaque expression du visage semblait avoir été réglé au milimètre.

L'autre bon point de Serban, c'est la claustrophobie dans laquelle il nous entraîne : décor hostile, gris omniprésent, personnages encerclant l'héroïne pour la contraindre, les mains de Lucia attachées aux accoudoirs de la chaise aux formes évoquant une chaise électrique, robe de mariée enfilée de force par une floppée de duègnes austères, etc., même si à mon sens il dévoie lui-même son propos en effectuant trop souvent des distanciations créées par la difficulté à percevoir les interprètes au milieu du fouillis, les rires provoqués par des effets comiques que j'espère involontaires, l'inquiétude de voir le chanteur ou la chanteuse tomber des éléments du décor (je dis bien : du chanteur ou de la chanteuse, et non du personnage ce qui pourrait se justifier).

J'ai trouvé très pertinente également l'approche de la première partie de la scène de la folie (avant l'épreuve du chant sur poutre sous les cintres...) : Lucia sort ensanglantée de la chambre nuptiale et tandis qu'elle se met à sombrer dans les hallucinations de la folie qui l'éloignent du souvenir du drame elle se lave à grande Technorati à sa fontaine imaginaire (hein Palapat ;)) du sang qui la recouvre. Elle se lave de la réalité au fur et à mesure que le disjonctage devient complet.

Enfin, faire de Lucia une enfant (les jeux de balançoire, cloche-pied, etc.) broyée par l'intérêt supérieur de sa famille est un angle tout à fait possible de l'œuvre et qui de surcroît convient parfaitement à la voix - et au gabarit - de Natalie Dessay, même si la production n'a pas été créée avec elle. Je ne lui reprocherai que d'avoir mis les trucs les plus gymniquement compliqués (et pour moi source de perte d'attention) au beau milieu des airs les plus poignants...

Voilà de quoi tempérer mon billet de jeudi, je l'espère, bien que je reste du même avis que moi-même personnellement : je trouve globalement cette mise en scène mauvaise et surtout occultante. Il y a des mises en scène pas terribles mais dont on peut s'abstraire, pas celle-ci. En tout cas pas quand on la voit la première fois. La deuxième, je saurai où ne pas regarder :)

PS. – Au fait, Natalie Dessay adore cette mise en scène. Et comme le signale Zvezdoliki ainsi que les autres spectateurs dont j'ai lu les comptes rendus sur les forums d'opéra, elle l'a fait savoir clairement hier soir à la première.


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