L'idée
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Source : Le blog du bouchon
Quand il rentre sur scène, on se dit que les beatniks ne sont pas tous morts. Cheveux grisonnants, la frange sur des yeux bridés, mais surtout cette bouche si particulière, avec cette lèvre inférieure protubérante. Il a deux sourires: l'un lui donne l'air d'un idiot congénital quand il met sa lèvre sous ses dents tout en relevant ses commissures, l'autre (sourire) forme un V avec cette lèvre. De profil mais aussi avec ce sourire, il a l'air d'un grand cheval heureux. Ou d'un illuminé perdu dans ses rêves mais plein d'amour pour les autres. A un moment, il a souri ainsi à une femme au premier rang : Jésus face à la foule n'aurait fait mieux !Chaque humain présente un visage caractéristique, certains plus que d'autres. Quand deux d'entre eux se retrouvent sur scène, le résultat est assez jouissif, comme ce samedi soir où le guitariste de jazz Mike Stern, Anthony Jackson et leurs deux compères ont fait vibrer un New Morning plein à craquer.Je ne le connaissais pas avant d'y aller, ayant écouté seulement deux morceaux quelques heures avant. Cela me rappelait cette période jazz rock dans laquelle j'avais plongée aux alentours de 22-23 ans, et dont j'étais sortie depuis. Je ne m'attendais pas à me faire autant plaisir lors de ce concert. C'est souvent sur la scène que les musiciens se révèlent à un public néophyte.Mike Stern à la guitare Yamaha (et les cordes Fender comme indiqué sur son site). Il possède toutes les techniques de jeu. Pendant 2h40 de concert, il a baladé son public dans des ambiances rock, romantiques, jazz, et j'en passe. Contrairement à beaucoup de musiciens jazz, il garde une ligne mélodique sur la longueur, ce qui permet aux non-jazz comme moi de ne pas s'ennuyer face à un virtuose de la note qui pourrait partir en solo sans se soucier du reste du monde . Mike Stern sait très bien mettre en valeur ses musiciens qui le suivent en permanence. C'est assez fascinant de voir combien ses morceaux, dont on pourrait initialement penser qu'ils sont totalement improvisés, sont en fait travaillés à la seconde près. Les entrées et fins gardent une part d'improvisation, qui se termine sur son geste final, quand il remonte la note le long de la corde. Tous ses musiciens sont à l'affut d'un regard, d'un geste, d'une phrase. Dès qu'il part dans un rêve musical, ils ne mettent pas plus de deux secondes pour le suivre.Anthony Jackson à la basse. Un lutin en liberté, est-ce possible ? Petit, obèse, doté d'une basse aussi grosse que son torse et à six cordes (et toc! L Che, tu avais raison). Il a passé son temps assis avec pour toutes parties du corps en mouvement ses doigts boudinés volant sur les cordes et ... son visage surplombant un quadruple menton. Sur le visage d'un musicien expressif, on peut voir de l'humour, de la concentration ou de la joie à jouer. Chez Anthony Jackson, il y a de l'étonnement, de la curiosité mais plus encore. Il exprime une multitude de sentiments. Il parle avec son visage. Et il chante la quasi totalité de ses notes, ce qui nous a, à Nadela qui a renoué ce soir avec le jazz rock et à moi, fait nous interroger sur l'état de sa dentition tant il nous semblait que nous avions affaire à un lutin édenté. Sa basse joue le funk, le blues et le rock comme une guitare, se transforme en violoncelle sur quelques morceaux, s'égare en guitare espagnole puis s'amuse avec le jazz.Lionel Cordew à la batterie. De lui, je ne connais quasiment que son torse et ses mains, ainsi qu'un cri bestial quand il casse une baguette (deux ce soir) qu'il jette par dessus son épaule pour en reprendre une jusqu'ici cachée. Il sait se faire discret quand il le faut, tandis que ses solos ne sont pas des concours au bruit le plus fort et le plus sourd comme c'est malheureusement souvent le cas. Ce gars-là a du jouer des timbales (prononcer timebalesse pour ne pas confondre avec la coupe en métal offerte à la naissance), vu le rythme d'enfer qu'il nous a sorti dans un solo.Bob Franchescini au sax tenor. Tous, vous avez déjà du entendre un morceau de jazz où le sax redéfinissait le romantisme ? Il nous l'a fait ce soir dans l'un des derniers morceaux. Même moi, romantique comme une chaussure en perdition dans un égout, ai failli verser une larme tant il faisait pleurer son saxo. En duo avec Mike Stern, il a adapté son son à celui de la guitare (et vice-et-versa) pour faire des phrases mélodiques d'une rare beauté. Dans les premiers morceaux du concert (chaque morceau devait durer au bas mot 20 minutes), il se mettait sur le côté quand ça n'était pas à lui de jouer et fermait les yeux, transporté par la musique de ses "collègues" (il doit y avoir un terme pour ça, non ?).Deux apparaissent sur le dernier album de Stern, intitulé Who let the cats out (cliquer pour écouter les morceaux). La photo de Franchescini se trouve à la page où Stern parle de l'arrêt cardiaque d'Antonella, Anthony Jackson est en page suivante. Stern vendait cet album à la pause et en fin de concert. Ils ont dû ressortir des cartons supplémentaires tant les CD partaient comme des petits pains, d'autant que Stern, très pro, les dédicaçait. Mister Fender, qui s'est débrouillé pour avoir quatre invitations à ce festival de jazz JVC, et Nadela, ont fait leur fonds de poche pour me dépanner. C'est à coup de pièces d'un euro que j'ai pu en acheter un et le présenter à Stern qui demandait à chacun, avec son sourire de cheval amoureux du monde entier, quel était son prénom. Luttant contre un bafouillement naissant, je lui ai épelé mon prénom, inconnu aux US, dans un américain estampillé New York. Je suis montée sur mon petit nuage, hé oui même à mon âge, quand il m'a dit "to you, the beautiful". J'en suis redescendue quand à la fin du concert, il n'arrêtait pas de dire au public, l'acclamant avec ferveur, que ledit public était beautiful. Les femmes se font toujours avoir par le baratin des hommes...Une première écoute des extraits ne me rend pas l'impression ressentie pendant le concert, preuve que cet artiste est avant tout à voir sur scène (sauf évidemment pour les passionnés de guitares et de techniques). Seul le morceau Texas échappe à ce jugement.Avec un peu de chance, Mobjazz a assisté au concert et en parle sur son blog musical où se trouvent aussi des photos de concert de bien meilleure qualité.Dilemme pour les concerts à venir au New Morning, l'une des meilleures programmations que je connaisse à Paris (et nettement plus agréable depuis qu'on n'y fume plus près de la scène).Africando : j'avais fait une croix sur la salsa ; je crois que je vais m'y remettre.Bill Perry and his tribute to Jimmy Hendrix. Joe Bonamassa (info du 12 bar blues) et d'autres vont eux aussi rendre des hommages fin 2006 et courant 2007. Haut de page