L'idée
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Source : Le blog du bouchon
Triptyque© Alberto Cont Impression étrange que celle d'un assemblement de pensées. Telles des pièces d'un puzzle, elles se mettent en place. Jamais tout de suite ; il leur faut un peu de temps . Elles se frottent, se mélangent, se séparent, s'assemblent, s'ordonnent. Elles préfigurent des solutions, elles donnent des clés mais elles ouvrent aussi d'autres portes sur des paysages inconnus. Et pourtant c'est le quotidien de mon métier : apprendre, comprendre, faire comprendre. Mais là, il s'agit d'un niveau supérieur, peut-être parce qu'il me concerne au premier chef.En bientôt cinq ans de vie hexagonale, c'est la troisième fois que cette sensation fait surface. La première fois, ce fut la porte ouverte sur la compréhension du secteur que je couvre : comprendre les tenants et les aboutissants, le jeu de chacun, les enjeux officiels et officieux. Etant focalisée sur l'apprentissage d'un travail nouveau pour moi, la rédaction-en-chef, je ne percevais guère que j'acquérais une vision globale au gré des interviews et discussions. Cette sensation est arrivée d'un seul coup, envahissant mon corps et mon esprit. Un jour, je me suis sentie euphorique.La seconde fois, le mode de fonctionnement masculin se révéla dans toute sa splendeur. Les hommes sont des animaux bizarres pour les femmes (et vice-et-versa) qui fonctionnent selon des codes radicalement différents, même si les deux sexes partagent des points communs. A force d'essayer de comprendre leurs schémas, j'ai eu un soir la sensation d'avoir abouti. Pendant les quelques mois qui ont suivi, j'avais ce sentiment difficile d'avoir fait le tour de mon interlocuteur mâle au bout d'une semaine de discussion, cette impression de pouvoir prédire les comportements de ceux dont je partage une certaine intimité. Cette sensation, qui dure toujours, est particulièrement difficile à vivre ; si elle m'a dotée d'une tolérance extrême à leur égard, je me sens non pas indifférente mais presque observatrice de ma propre lucidité et de leurs attitudes. J'éprouve de la joie, je ris, je suis attentive, trop peut-être ; mais la passion ne fait plus partie de cet univers.Ce moment constitue la troisième fois, et c'est à propos de l'évolution de mon métier. Les pièces étaient déjà en place quand elles ont commencé à s'assembler, peut-être avec cet article de Stratégies en juin dernier sur les mutations de la presse pro, peut-être depuis que j'ai pris ma décision. Les échanges épistolaires électroniques avec quelques lecteurs, journalistes ou non, les discussions de vive voix avec un autre lecteur et sa compagne cet été, et avec Fraisette au travail, les conseils de lecture de sites par Didier pour comprendre ce changement majeur. Avant je n'avais pas le temps de le regarder de près, toute occupée à pallier les carences humaines d'un lieu de travail peu enclin à évoluer et à se donner les moyens de sa transformation. Aujourd'hui, je pénètre dans un nouvel univers, je scrute les coins, là où des initiatives se font. Je suis déjà en retard d'une centaine de wagons par rapport à des confrères qui la vivent. Qu'importe! Je ne sais pas si j'arriverai à y trouver une place pour y faire ce que j'aime : donner de la bonne info qui permette à chacun de mieux comprendre le monde qui l'entoure. Mes petits rouages doivent continuer à tourner. Je dois aller au bout de ma démarche quelque soit le sentiment ressenti à la découverte de ce qu'il y a de l'autre côté de la porte. Il me manque une pièce ; elle se trouve ailleurs. La minimale© Alberto Cont Haut de page