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Absurde

Publié par Fabienne le Dimanche 5 Novembre 2006, 10:48 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

Comme j’ai ouvert un carnet de lectures, Like an open book, j’ai hésité à y publier ce billet, et puis je me suis dit que je voulais garder Like an open book pour les livres que j’ai aimés. Et “Le Sein”, de Philip Roth, n’en fait pas partie. Je l’ai acheté hier à la Trocante, pour 2 francs cinquante et j’en suis ravie, parce qu’à mon avis (qui n’engage que moi, évidemment), ça ne vaut pas plus. Je n’avais jamais lu de Philip Roth. C’est un auteur américain très à la mode. Et je suis toujours méfiante vis-à-vis des phénomènes de mode, en particulier en littérature. J’ai donc opté pour ce récit très court (à peine 100 pages), que j’ai lu en 2 heures. Peut-être n’est-ce pas un récit représentatif de l’œuvre de Roth, peut-être était-ce une erreur de le lire en français, peut-être que cette histoire d’un homme qui se transforme subitement en sein ne me parle simplement pas. Toujours est-il que je n’ai pas aimé. Quand on parle de transformation en quelque chose de grotesque, on pense immédiatement à Kafka et à sa métamorphose. Le cancrelat de Kafka, pour grotesque qu’il est, reste étrangement attachant parce qu’on comprend mieux le processus d’aliénation du personnage, surtout si on le replace dans son contexte historique. Mais un sein de 80 kilos et d’1,8 mètre, “objet” à la fois obscène et ridicule, ne saurait être attachant. Ou alors seulement dans un esprit pervers. Ou alors je n’ai rien compris ou n’ai pas voulu comprendre. L’image qui m’est venue à l’esprit, lorsque le personnage explique sa subite transformation, c’est celle de Jean-Dominique Bauby qui, suite à un accident cardiovasculaire, est victime du locked-in syndrom, prisonnier de son propre corps immobile, mais parfaitement conscient et lucide, et qui a raconté son histoire, péniblement dictée via sa paupière gauche (seul muscle qu’il est encore capable de contrôler), dans “Le scaphandre et le papillon”. Mais David Kepesh, le personnage de Philip Roth, n’est pas enfermé dans son propre corps. Il est une mamelle géante. Si l’idée de départ peut paraître intéressante (l’aliénation, la recherche de sa propre identité, de ce qui fait que l’on est soi et pas un autre, etc.), la prose de Roth me reste sur l’estomac. Ni franchement drôle, ni sincèrement tragique. Et cette obstination du traducteur à employer le mot “tétin” ! Que c’est laid ! Franchement je ne sais pas quoi vous dire de plus.


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