L'idée
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Source : Monde à l'envers 
En regardant ici et là les différentes caricatures faites du prophète Mahomet et du Christ, je me suis demandé pourquoi certaines me faisaient rire aux éclats alors que d’autres, au contraire, me semblaient non seulement de très mauvais goût, mais avaient sur moi un effet franchement désagréable. Cet effet n’étant pas lié à la personne caricaturée (je me suis rappelé que par le passé, certaines imitations de Céline Dion avaient eu sur moi un effet analogue, alors que NON, JE NE SUIS PAS UNE FAN DE CELINE DION), j’en ai conclu que cela ne tenait pas au caractère sacré ou non qu'aurait revêtu à mes yeux telles ou telles personnalités.
En y réfléchissant, j’ai fini par trouver un point commun (et oserai-je dire universel) à toutes les caricatures qui ont sur moi un effet désagréable, par opposition à celles qui me font rire.
Le but d’une caricature est de faire ressortir un trait saillant d’une personnalité et en réduisant la personne caricaturée à ce trait, de nous en donner à voir quelque chose de la quintessence. Et vous observerez que le rire naît de ce que l’on se retrouve soudain nez à nez avec cette quintessence. Or justement, parmi les caricatures, certaines passent totalement à côté de l’essence de la personne caricaturée, voire même elles la trahissent en mettant en avant un trait qui ne lui appartient pas et qui peut être totalement contraire à sa personnalité. C’est dans ce dernier cas que la caricature me gêne. En trahissant la personnalité du caricaturé, en la présentant sous un jour qui est contraire à ce qu’elle est et qui en masque la noblesse, elle touche à la dignité d’une personne.
Regardez ces deux caricatures : l’une qui présente le prophète de l’Islam sous les traits d'un terroriste (cf. dernière caricature de cette page), l’autre qui le présente sous les traits d’un homme au désespoir d’être "aimé par des cons". On a affaire à deux caricatures d’un même homme, et pourtant elles n’ont rien à voir l’une avec l’autre.
La première trahit la personnalité de Mahomet, dans la mesure où ce que l’on sait de lui nous autorise à penser qu’il n’y a rien dans son essence qui s’apparente de près ou de loin à un terroriste. Or, que l’on aime ou non Mahomet, qu’on ait foi ou non en sa personne, en gros que l'on soit musulman ou pas, on lui doit le respect comme à tout être humain, et c’est bien lui manquer de respect que de le présenter sous les traits d’un homme qu’il n’est pas.
La seconde exprime en revanche une vérité profonde : à savoir qu’il n’y a rien de plus désespérant que de se voir trahi par ceux qui se réclament de vous. Au fond, cette caricature nous rappelle que les ennemis d’un homme, en l’occurrence de n'importe quel prophète, ne sont pas ceux que l’on croit : ce sont moins ses opposants déclarés que ceux qui disent l'aimer mais ont perverti le sens de son message.
Et je ne sais trop pourquoi, mais j’ai la sourde impression que si Mahomet était encore en vie…il ne parlerait pas, sur le fond, autrement que sa caricature.