L'idée
Ce blog regroupe les articles publiées par des bloggeuses. Inscrivez-vous pour pouvoir ajouter des weblogs à la liste des weblogs tenus par des femmes qui ne sont pas des suivi de vie/journaux intimes.Aux origines de ma hiérophilie ?
Source : Le blog de moi
“Contrainte à la chasteté, la religieuse est le symbole d’un tabou. Donc d’une transgression. En termes techniques, on appelle ça l’hiérophilie. C’est l’attirance pour les choses sacrées et, plus précisément, pour le sacrilège. Le sexe et la religion entretiennent d’étroits «rapports», ne serait-ce que parce l’église bannit le plaisir, provoquant -par réaction- des actes de vengeance et de profanation. «C’est un peu comme la bourgeoise avec son rang de perles. Plus elle est snob, plus on a envie de la bousculer.» Peut-être parce qu’ils ont associé le plaisir à la notion de faute ? (Pour augmenter le plaisir, ils devront donc augmenter la faute). Peut-être aussi, tout simplement, parce que c’est gratifiant de «convertir» les nonnes à l’amour, par un ironique retournement du sort. Quoi de plus satisfaisant pour un Dom Juan que transformer une religieuse asexuée en jouet sexuel avide ?” (Agnès Giard, “Sur la scène du sexe je m’avance masquée“) J’ai lu “La Religieuse” de Diderot très jeune. Rien ne me prédisposait à le relire cette année jusqu’à que je tombe en arrêt, chez un libraire de l’île, sur la couverture de l’édition folio classique. En lisant la quatrième de couverture (un extrait) les souvenirs du trouble qu’il avait suscité en moi à l’époque me sont revenus avec une précision, une acuité qui m’a interpellé. Un achat plus tard, je me suis mise à chercher (sans savoir lequel donc en le relisant dans son intégralité pour le coup) un passage en particulier. Le passage en question le voilà… [La scène se passe dans un couvent entre la mère supérieure et Suzanne, une des soeurs sous sa responsabilité (l'héroïne en l'occurrence)]: “Elle me disait à voix basse : « Suzanne, mon amie, approchez-vous un peu… » Elle étendit ses bras ; je lui tournais le dos ; elle me prit doucement, elle me tira vers elle, et passa son bras droit sous mon corps et l’autre dessus, et elle me dit : « Je suis glacée ; j’ai si froid que je crains de vous toucher, de peur de vous faire mal. — Chère mère, ne craignez rien. » Aussitôt elle mit une de ses mains sur ma poitrine et l’autre autour de ma ceinture ; ses pieds étaient posés sous les miens, et je les pressais pour les réchauffer ; et la chère mère me disait : « Ah ! chère amie, voyez comme mes pieds se sont promptement réchauffés, parce qu’il n’y a rien qui les sépare des vôtres. — Mais, lui dis-je, qui empêche que vous ne vous réchauffiez partout de la même manière ? — Rien, si vous voulez. » Je m’étais retournée, elle avait écarté son linge, et j’allais écarter le mien, lorsque tout à coup on frappa deux coups violents à la porte. (…)“ C’est ça ! Depuis, le seul but de ma vie est de je rêve de réécrire (au figuré) cette scène qui s’achève en queue de poisson ! C’est dingue ! Après, il y a certainement eu Clovis Trouille et d’autres artistes mais le responsable (mais pas coupable) c’est Diderot ! Comme quoi, les classiques y’a que ça de vrai !