L'idée
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Source : Kozeries en dilettante
Dans une vie idéale, j'aurais cinq ou six mois de vacances par an je vivrais de mes rentes ou je serais femme de footballeur ou princesse et quand arriverait la date du Festival de Verbier j'y établirais mon quartier général dans quelque hôtel au charme discret et cossu et j'assisterais à la foultitude de concerts tous plus tentants les uns que les autres.
Evidemment, j'aurais pris des places le 27 juillet pour le concert de Martha Argerich, que je n'ai hélas jamais eu la chance d'entendre autrement qu'au disque.
Je l'aurais d'ailleurs en fait déjà vue et entendue avec une bande de compères la soirée du 23 juillet, je crois que la Sonate pour deux pianos et percussions de Bartok m'aurait beaucoup plu.
Je n'aurais sûrement pas manqué la soirée inédite du 24 juillet et le lendemain je serais allée écouter Hélène Grimaud, certes, mais surtout Misha Maïsky, un violoncelliste comme je les aime.
Pour ma fête, je serais allée au cinéma pour un duo qu'on annonce plein d'humour de Aleksey Igudesman au violon et Richard Hyung-Ki Joo au piano. Bon, je n'aurais pas tout compris car le spectacle est en anglais, mais il m'aurait suffi de rire en même temps que mes voisins ou, mieux, faire la connaissance d'un parfait bilingue au charme ravageur qui m'aurait traduit au fur et à mesure en se penchant vers moi. Oui, tiens, cette option me semble pas mal.
D'ailleurs on ne se serait plus quittés et c'est avec lui que je serais allée à la soirée Argerich dont je parlais là-haut, en deuxième partie de soirée parce qu'avant on serait allés écouter la sonate pour violoncelle de Britten. En troisième partie on serait allés dîner au restaurant et en quatrième partie, rien, parce que les jeunes femmes bien attendent le troisième rendez-vous.
Et justement, le lendemain, donc le 28 juillet (vous suivez oui ?), ça tombe que sur le coup des onze heures du matin, juste avant le brounch donc, Michael Collins à la clarinette et Julien Quentin au piano débuteraient cette journée sous les meilleurs auspices. L'après-midi on irait parler de physique quantique dans un lieu calme et retiré (mais néanmoins confortable et douillet).
Le soir, en rentrant après l'intriguant Digest Opéra: Aïda, on aurait allumé un feu dans la cheminée car la soirée aurait été bien fraîche et que à quoi bon réserver une chambre avec cheminée si c'est pour ne pas y faire du feu, je vous le demande ?
On aurait loupé avec un peu de regret le concert Shostakovitch du 29 au matin, pas réveillés à temps . Mais jamais deux sans trois, et re-Argerich le soir, enchaîné avec un Quasthoff/Grimaud dans des œuvres que je découvrais de Schumann et Brahms, très romantiques.
Mon traducteur aurait insisté pour que nous allions écouter le concert de musique indienne le 30 au soir et j'aurais accepté pour lui faire plaisir. Après tout, j'aimerais peut-être ? (Mon traducteur serait également quelqu'un de très convaincant.)
Nous aurions fait une petite pause le lendemain pour une petite randonnée dans cette si jolie région. Nous n'aurions pas oublié nos bouteilles thermo-isolantes. On ne peut pas vivre que de musique il faut aussi de l'amour et de l'eau fraîche.
C'est tout joyeux et les oreilles bien reposées que nous nous serions rendus le 1er août pour écouter l'orchestre du festival dirigé par Zubin Mehta, puis re-Maïsky (je ne sais plus si je vous ai dit que les organisateurs du festival m'auraient contactée quelques mois/années auparavant pour que leur programme tienne compte de mes goûts ?
Définitivement fâchés avec les concerts du matin et mon traducteur n'ayant réussi à me convaincre d'aller une deuxième fois écouter de la musique indienne, nous nous serions contentés d'un seul concert le 2 août avec les sœurs Labèque, qui m'ont rappelé des tas de souvenirs de petite fille, quand Jacques Chancel les avait invitées à son Grand Echiquier.
Nous aurions eu beaucoup de mal à choisir notre programme de la soirée du 3 août : le Jerusalem Quartet avec Brahms et Schubert ou la « Radioscopie de la clarinette » ? (C'est taffreux d'être confrontés à pareil dilemme). Ah mais pas de problème ! Puisque la Radioscopie de la clarinette avait aussi lieu le lendemain, la décision aurait été facile à prendre !
Pour le dernier jour du festival, le 5 août, Poulenc, Debussy, Tchaikovsky et Rossini nous auraient offert le point d'orgue de ces deux magnifiques semaines.
* * *
Mais arrête un peu Kozlika, tu n'es pas princesse ni femme de footballeur et tous les concerts sont complets, brûlez-vous de me refroidir. Fi !, fais-je, qu'importe ?
Car j'y serai quand même. Enfin presque. Le site medici-arts.tv proposera durant tout le festival des retransmissions en direct et en différé de tous les concerts, youpi ! Cette année je vais (presque) à Verbier !
Pour les traductions, envoyer CV et lettre de motivation.