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Dans le tram

Publié par Fabienne le Dimanche 1 Avril 2007, 07:41 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

Je l’ai évoqué précédemment: je tiens un journal papier. Je n’écris pas souvent, pas régulièrement, mais j’écris quand j’ai quelque chose à noter qui ne saurait être publié sur ma planète. Et parfois, j’y note quelque chose en vitesse, parce que ça me vient à l’esprit et je ne suis pas devant l’ordinateur, ou parce que, plus simplement, j’aime écrire sur papier, voir les mots, mes mots se dérouler, couler, s’imprimer dans les fibres des pages.

Extrait (31 janvier 07): Ce matin dans le tram. Il était encore tôt, presque toutes les places assises étaient prises. Un vieil égoïste était là assis confortablement côté allée, défiant quiconque de venir se poser sur le siège libre à côté de lui. Plongé dans son journal gratuit, l’air très fier de lui, un vieil égoïste. J’ai essayé d’imaginer ce qu’était sa vie d’homme égoïste, de “soi d’abord”, une vie de petites querelles, de chicanes avec ses camarades d’école, puis ses collègues, ses voisins. Toujours à s’assurer qu’on lui donne sa part, toute sa part, son dû. Un vieil égoïste qui viendrait réclamer 3 sous, prendrait la dernière cigarette du paquet, la dernière part de tarte, la dernière feuille du papier WC, et la meilleure place au chaud. Et deux places dans le tram. (..) Et puis il est descendu, laissant son journal gratuit sur le siège, pour laisser sa marque, comme un chien qui pisse contre un arbre. Ensuite est monté ce minable couple d’ados. (..) Elle suspendue non… collée aux lèvres de son copain gominé presque poisseux, un gosse mou qui joue les minets virils. Leurs baisers humides et voraces étaient sonores. Le genre “on se fout du Technorati qui nous regarde”, alors que c’est le Technorati qui se fout d’eux. A les voir, on sent bien qu’ils se croient faits l’un pour l’autre, inséparables. Pourtant les statistiques leur sont défavorables. J’ai détourné mon regard, mais le son de leurs baisers, un son mou, le bruit des lèvres baveuses, ce son épouvantablement vulgaire m’a poursuivi pendant de longues minutes après que je suis descendue du tram. Les restes de neige amassés sur les bords des trottoirs étaient gelés. J’ai marché comme un manchot jusqu’au lieu de rendez-vous.


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