L'idée
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Source : webmedia
ORANGE LABS
Nous avons eu le plaisir d'une très belle présentation de Georges Nahon, le directeur du Lab de la Valley. Orange en a plus d'une dizaine dans le monde , mais celui-ci a une place particulière, il vient se nicher au coeur de cet eldorado des geeks, où règne une culture de l'excellence et du défi. Orange y est présent depuis 10 ans. G. Nahon nous balaie en grands traits l'histoire de la Silicon Valley, ou "Valley of Heart's Delight" comme elle s'appelait auparavant. Les quelques étapes clés étaient le développement de la radio, celui de HP (dans le garage de ses fondateurs !) et les financements liés au militaire. S'il y a une phrase qui résume bien l'atmosphère ici, c'est celle prononcée par Steve Jobs lors d'un discours à Stanford en 2005 : "Stay hungry, stay foolish". Ici, on incite à la prise de risque. De nombreuses sociétés ont été créées par des étudiants de Stanford (notamment Google , Sun, Yahoo, HP, Cisco), l'université a une grande capacité à produire des brevets et à les valoriser. Le capital risque se développe à partir de 1972. Les fonds les plus connus sont Kleiner Perkins Caufield & Byers et Sequoia Capital. 30% des investissements en capital risque du pays sont effectués dans la Valley. Les pays les plus présents sont le Japon , la Grande-Bretagne et Taïwan. Orange est présent ici pour s'impreigner de cette culture et développer à son tour des projets qui ne soient pas seulement des concepts incrémentaux par rapport à l'existant. Ce sont des lignes de rupture que l'on cherche ici, notamment autour de questions comme celle-ci : quelle vie après l'email ? le search ?... Pour G. Nahon, "les roadmaps sont les ennemies de l'innovation" ! Le laboratoire se concentre sur les technos qui peuvent baisser les coûts comme la virtualisation et la vidéoconférence, les services accessibles en "cloud computing", le commodity hardware, etc. Et la "next big thing" serait ce qui tourne autour de la "big data", c'est-à-dire l'analyse des usages, des comportements, l'amplification de la connaissance et de la personnalisation des services. La capacité à analyser les corrélations d'usage devrait conditionner l'innovation des prochaines années. NB : ne pas oublier que Google est un acteur d'infrastructures (énormes datacenters dans l'Oregon), 14% de ses revenus sont dépensés en CAPEX... Autre développement clé selon G. Nahon, lié au retour des recherches en neurosciences à l'université : celui de "l'Internet implicite". L'internaute laisserait sur son chemin beaucoup de données implicites sur ses intentions ou des besoins explicites. Ces données laissées sur différents sites sont dans des silos. L'idée est de structurer les données disponibles pour développer des sortes de bases de données de l'intention qui soient capables de prédire l'intention et de créer des recommandations pour persuader l'internaute de faire ce à quoi il n'aurait pas pensé ("intelligent info finds you"). Il existe désormais une course à celui qui créera le "smart Google ", à la rencontre de l'informatique et des neurosciences, de la mémoire intelligente et de l'intuition stratégique. Freaky. Pour résumer, les pistes d'innovations abordées : multicore computing, geoweb, semantic web, cloud computing, iPhone + app' store, G-Phone, big data structures, Twitter.Et les risques associés : "friends deflation", interopérabilité des différents clouds, programmation parallèle, "extra-flood" (excès d'infos sur les réseaux), end of software 1.0, new digital entertainment (filtre sur la gestion des goûts et recommandations). Quelques livres recommandés par Georges Nahon :
The Big Switch The Numerati Super Crunchers Outliers Strategic Intuition Monoclast Closing the innovation gap Proust and the squid
Quelques références citées pendant la conférence qui peuvent être intéressantes à explorer :
Les travaux de Tara Hunt, sociologue des mouvements et des groupes sociaux Ceux du laboratoire Media X de Stanford Ceux du "PARC" - Palo Alto Research Center Les travaux de Hasso Plattner Institute of Designde Stanford
Voilà qui me fait penser à l'émission Place de la Toilesur France Culture , où Francis Pisaniparlait il y a 2 semaines des conférences TED("Technology Entertainment Design "). L'esprit de ces conférences est véritablement de faire venir des orateurs de premier plan qui, dans leurs projets ou recherche, ont pour dessein de changer le monde . Et le design fait partie de cette réflexion. FACEBOOK Excitation totale du groupe avant d'aller voir le représentant de FB, la société intrigue et fascine. C'est le défilé pour se photographier en face du siège devant le logo de Facebook, presque plus que chez Google ! Notre hôte, directeur des activités mobile, n'est pourtant pas très disert. Il partage néanmoins quelques chiffres :
175M d'utilisateurs actifs (au - une fois par mois) Traduction dans 122 langues sur le web et 40 sur le mobile par les utilisateurs Répartition des utilisateurs : 37% US, 29% EUR, 13% CAN, avec une forte croissance en Afrique et en Amérique latine et une faible pénétration en Russie due à la présence d'un concurrent local 35M d'actifs sur le mobile, avec une croissance plus rapide sur le mobile que sur le web Pics d'utilisation sur le mobile à 19h50 Des usages mobiles tournés surtout autour du micro-blogging avec photo Un détenteur sur 10 d'iPhone ou de Blackberry se connecte à l'application FB
Et voilà. Jean-Louis Gassée - ALLEGIS CAPITAL Investisseur au parcours étonnant, coéditeur de la Monday Noteavec Frédéric Filloux, Jean-Louis Gassée nous décrit ses activités dans la Valley et sa vision de la crise. Il intervient surtout en seed capital (pour des tickets de 2-3M$) et soutient les starts-ups financées pendant 18 mois. Si le début est concluant, il investit pour un 2e tour de table. Les revenus sont attendus au bout de 3 ans. Ses investissements tournent autour des logiciels B2B ou B2C, des télécoms, des infrastructures ou de la sécurité. Pour retenir un projet, ses associés et lui attendent les 3 slides "qui tuent" : la présentation des personnes du projet, de l'invention (le monde avant et après) et du modèle économique. Pour lui, les clés du succès de la Silicon Valley sont :
le respect de la loi le micro-capitalisme le système universitaire le goût pour les sciences du management & de l'organisation le métissage
Dans la crise actuelle, les investisseurs vont devoir faire des paris et soutenir plus fortement un nombre limité de start-ups pour qu'elles puissent passer le cap. Ce qui reste une source d'optimisme, c'est de voir la technologie continuer à avancer : réseaux de 4e génération, domotique, smartphones, applications médicales, réseaux sociaux, entertainment... Benhamou Global Ventures Autre personnage impressionnant. Eric Benhamouest l'ancien patron de 3COM. Il est aussi investisseur désormais dans la Valley. Pour lui, l'écosystème est grippé : moins de perspective d'IPO avec la crise , moins de recherche fondamentale (du fait des financements fédéraux)... Trop d'argent serait alloué aux VCs pour la qualité d'innovation qui en émerge. L'innovation serait surtout le fait des PME. Du coup, les retours seraient de plus en plus mauvais. 30Mds$ ont été levés et investis en 2008. Déjà en Q4, il y avait une baisse de 20%. Il est possible qu'en 2009, cette somme ne soit plus que de 15Mds$, surtout investis dans des sociétés existantes. Cette raréfaction de l'accès au capital aurait pour conséquence que beaucoup d'innovations intéressantes ne seraient pas financées aux US. Il y a très peu de M&A depuis le début de l'année... comme si la Valley attendait de toucher le fond. Les prix auraient encore un potentiel de baisse. Quant à son propre fond, ses investissements se concentrent sur le mobile, les réseaux de type Wimax, la sécurité sur le web et les "clean tech".