L'idée
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Source : Memoire Vive
Paris 
, rue Saint-Dominique à 19H45. J’arrive et découvre que le cocktail dînatoire auquel j’avais été conviée par le secrétaire d’État Éric Besson est devenu un dîner assis avec une dizaine de blogueurs invités. Cela rend un peu plus formelle la rencontre… J’interroge la dame qui nous reçoit à la porte : j’espère que je ne suis pas la seule femme . La réponse ne se fait pas attendre : si !
Ma première remarque auprès du cabinet du ministre est de le déplorer (le Girl Power 3.0 est si peu représenté ?) On me dit qu’il n’est pas rare que la tablée soit uniquement composée d’hommes. Certes, mais faut-il s’en contenter alors qu’un blogueur sur deux est une blogueuse ?
Dans un salon, la table est dressée. Je retrouve plusieurs têtes connues. Le secrétaire d’État m’accueille par ces mots : « bonsoir Madame Néthique ».
Éric Besson est posé, même concentré sur sa mission. Il nous accueille en présentant la démarche du gouvernement . Il a lu les notes des blogueurs présents sur les assises et sa propre nomination après les municipales et il répond à plusieurs points ou critiques. Je suis assise face à lui. Il nous dit que le premier ministre a une passion personnelle pour les technologies et que lui n’est pas un spécialiste. Donc il écoute, et attentivement. Plusieurs amis qui l’avaient rencontré m’avaient parlé de cette qualité d’écoute.
Le dîner tourne essentiellement autour des questions technos, voire même télécom avec des détails techniques d’une grande précision. Les blogueurs technos détaillent beaucoup, étrangement, on n’entend quasiment pas les blogueurs politiques présents. D’autant plus étonnant qu’il y a une semaine à peine, lors du Girl Power 3.0 avec Benoît Thieulin, nous avions abordé mille questions autour de la participation, de la démocratie directe, de l’impact d’Internet sur les changements de société et dans la politique . Là, pas un mot sur tout cela….
Le ministre nous a fait confiance, car à plusieurs reprises, il fait des commentaires personnels sans langue de bois sur des détails (du off). Même si la caméra de Tristan Nitot est là, posée sur la table, et tourne. Je suis intervenue pour questionner sur les contenus et les usages, car les tuyaux c’est bien gentil (même s’ils sont évidemment essentiels), mais qu’allons-nous mettre dedans et quelle société numérique voulons-nous d’un point de vue humain ? Je me fais l’écho du travail de terrain dans le cadre des Humains Associés, des interrogations des personnes normales et pas ultra connectées (Billault dirait de la «France d’en bas», puisqu’il adore cette expression), les inquiétudes et réticences face aux technologies, au manque de confiance, à tout ce qui touche à l’identité numérique, aux données personnelles, ainsi qu’au besoin d’éducation. Le fossé numérique sépare ceux qui ont les bons usages pour nager dans cet océan et ceux qui ne les ont pas. Il ne suffira pas de donner un accès à haut débit à tous les Français…
À propos de tous ces thèmes qui tournent autour du noyau néthique, le ministre m’interroge : si vous étiez à ma place demain, que feriez-vous ?
Pourquoi ne pas lancer une consultation pour savoir ce que les citoyens attendent du numérique? J’ai esquissé une suggestion sur la création d’un service public digital et la création de contenus. Il faudrait réunir des spécialistes des questions plus sociales… J’allais évoquer le partage des connaissances (éducatives, culturelles), et alors que je n’avais pas fini ma réponse (nous avions pourtant écouté bien sagement ces messieurs) voilà qu’un petit vent houleux se lève sur la table : la brise de la polémique pointe à l’horizon. Mais nous sommes à la table d’un ministre. Éric Besson précise que le gouvernement a conscience des craintes des particuliers, et que son attention est aussi portée sur cet aspect très pragmatique.
Je fais confiance aux autres invités pour détailler les discussions techniques dans leurs billets. J’ai retenu une chose : Éric Besson a bien compris le Web 2.0, en nous proposant de travailler pour lui. Plus sérieusement, il nous a invités à étudier les 27 propositions pour faire nos remarques et suggestions, et l’on refera un point lors d’un dîner de travail fin juin ou début juillet. Et enfin, Éric Besson a retenu une suggestion d’organiser un atelier, où, cette fois, il écoutera des citoyens. Les portes sont donc ouvertes à tous ceux qui ont des idées. L’idée d’organiser un autre dîner en présence de Valérie Pécresse a aussi été évoquée… Le message est passé : les blogueurs ne se contenteront plus de commenter, ils vont eux aussi retrousser leurs manches. L’arroseur arrosé ?
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