L'idée
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Source : Le blog de moi
C’est toujours l’étonnement qui l’emporte chez moi quand je me trouve confronté à un homo fille ou garçon qui en “souffre” (tiens, je me demande pourquoi je mets les guillemets vu qu’au bout du compte la souffrance morale n’est pas bien loin dans certains cas). C’est bête mais il me faut presque me contrôler pour éviter de regarder mon interlocuteur comme si j’avais affaire à un extra-terrestre alors qu’en fait ce que je pense, sur le moment, serait plutôt de l’ordre du : “really, tu en es encore là ?”. Tu en es encore, bien que tu sois soit pédé comme un phoque (no offense, please), à “dé-tes-ter les folles” ? Tu en es encore à t’exclamer en prenant l’air horrifié “mon Dieu, je suis lesbienne mais je préfère encore mille fois me taper un mec qu’une butch” ? Tu en es encore à sortir sans honte aucune “ah ouais, elle est lesbienne ? asé di marinade ! mais je croyais qu’elle était mannequin ?” ? Le mot “mannequin” pouvant alors être remplacé par tout ce qui, dans notre imaginaire collectif, a trait à la beauté, la féminité et la grâce… Notez que pour les mecs la réflexion précédente n’a pas lieu d’être puisque tout le monde sait que le pédé est beau et élégant, n’est-ce pas ? Le “problème” c’est quand il devient précieux – trop précieux – en fait. Bref. Quand je dis “tu en es encore là” il faut bien comprendre que ce qui m’étonne c’est que mon interlocuteur n’ai pas identifié ce avec quoi il est en proie malgré lui et surtout compris que sa sexualité ne le définissait pas en tant qu’individu. Je cite: “Dans un contexte social hétérosexiste, le développement d’une identité homosexuelle est une tâche particulièrement difficile pour les individus gais et lesbiens. Le développement d’une identité sexuelle positive est un processus complexe par lequel l’individu reconnaît et identifie ses attirances, conceptualise son orientation sexuelle en termes positifs et la divulgue aux autres tout au long de sa vie (Garnets et Kimmel 2003). Ce processus implique de transformer une identité socialement négative en une identité qui soit positive. A cet égard, plusieurs gais et lesbiennes intériorisent les attitudes négatives et les préjugés provenant de l’environnement social et développent de l’homophobie intériorisée (Green et Mitchell, 2002; Herek, 1996). Celle-ci serait vécue à divers degrés par presque toutes les personnes gaies et lesbiennes ayant grandi dans une société hétérosexiste (Herek, 1996; Shildo, 1994). Le niveau d’homophobie intériorisée peut varier en fonction de facteurs sociaux (p. ex., la religion, l’appartenance ethnique, la classe socioéconomique, etc.), familiaux (p. ex., le niveau d’homophobie chez les parents et chez les personnes significatives) et personnels (p. ex., la vulnérabilité psychologique) (Maylon, 1982; Nungesser, 1983) Au plan individuel, l’homophobie intériorisée nuit au développement d’une identité positive en raison de la dissonance entre la perception négative interne de l’homosexualité et le maintien d’une identité homosexuelle (Martin, 1982; Troiden 1989). L’homophobie intériorisée se traduit par un sentiment de haine envers soi, de culpabilité, de honte et est souvent associée à une détresse psychologique importante chez les individus gais et lesbiens (Allen et Oleson, 1999). Elle est reliée à des problèmes de santé mentale, tels que la dépression, les pensées suicidaires, la toxicomanie, les désordres alimentaires, une faible estime de soi, des sentiments de méfiance et de solitude, et elle contribue à augmenter la tolérance à la discrimination ou aux comportements abusifs d’autrui et par le fait même à la violence conjugale (pour une étude documentaire, voir Shidlo, 1994).” Non, ça ne rigole pas et on peut en être plus ou moins salement atteint avec comme résultat de vous compliquer l’existence ou, carrément, de vous gâcher la vie. Pourtant la littérature sur le sujet existe mais il faut croire qu’elle n’est pas à la portée de tous et certains continuent à se fourvoyer en réflexions idiotes (appelons un chat, un chat) en veux-tu en voilà. Alors c’est marrant parce que lorsque je prends la peine d’expliquer à mon interlocuteur atteint du syndrome qui nous intéresse de quoi il en retourne, après le déni (classique) vient le question à 1 million d’euros: comment faire pour me débarrasser de ce sentiment ? Si vous surfez sur ce blog et que vous lisez ce billet pour les raisons que je crois on peut considérer que vous avez reconnu et identifié vos attirances. C’est déjà un premier pas ! Ensuite, on en revient toujours à l’image et en l’occurrence à l’image négative. Le problème ce ne sont ni les folles, ni les butchs mais le pourquoi du comment leur very existence est-elle si dérangeante à tes yeux. Serait-ce parce par peur d’être identifié toi et ta sexualité à “ces gens là” et à l’idée qu’on s’en fait ? Mais qu’est-ce que tu en as à faire véritablement ? C’est quoi le problème ? Tu penses vraiment que c’est parce qu’ils contribuent à focaliser, de manière négative, l’attention sur nous et que sans eux notre vie serait plus simple ? Vraiment ? Ne penses-tu pas qu’ils (the others dont le regard et l’opinion te font si peur quoique t’en dise) trouveraient d’autres excuses pour justifier notre nécessaire exclusion ? Et puis ciel qui te demande d’aimer ou de coucher avec ? Tu as des préférences OK, pourquoi ne pas respecter celles des autres pour commencer ? Après tu demandes qu’on respecte les tiennes… C’est quand même un comble, non ? Mon discours sonne vaguement familier, comme si tu l’avais déjà “entendu” sur ce blog ? C’est parce que je tiens à peu près le même aux hétéro homophobes. Et le conseil est le même d’ailleurs : you have a problem with them ? Deal with it ! Don’t ask them to do it for you by disappearing for example ! Il s’agit également d’acquérir une véritable culture homo et une réflexion sur la différence en général et la tienne en particulier. Entendons-nous bien, par “culture homo” j’entends autre chose qu’acheter tous les films lesbiens ou labellisés comme tels (comprendre “on y trouve deux filles qui s’embrassent une fois quitte à ce que le scénario se réduise à ça”) en vente dans le Marais ou tout autre lieu gay friendly sur cette planète ou d’attendre religieusement le prochain Sarah Waters. Si tu es un mec, il ne s’agit pas de connaître toutes les boîtes gays comme ta poche et de chérir ta collection complète de porno gay. Par culture homo j’entends bien une connaissance sinon exhaustive mais significative du mouvement et une rencontre avec la littérature dite “académique” sur le sujet du genre et de la sexualité par exemple. Internet vulgarise très bien ce genre de choses. Tu finiras peut-être par apprendre que c’est grâce à quelques uns de ces invertis un peu voyants que certains et certaines (pour n’oublier personne) d’entre nous (hétéros compris) peuvent se permettre d’avoir un minimum de droits (dont celui de pouvoir trouver un partenaire et vivre avec sans que cela ne constitue un délit) pour finalement venir la ramener sur la présence de “mecs à plumes” dans les gay pride. Qui veut son respect se le procure ? J’entends bien, mais nous avons alors peut-être un problème sur ce qui fait d’un être humain quelqu’un de respectable soit entre l’être et le paraître mais ça c’est encore une autre histoire. C’est bien souvent ce manque de culture (explicable pour x et y raisons peut-être mais pas pardonnable pour autant à mes yeux) allié à une absence de réflexion sur soi qui entraîne une difficulté à se positionner par rapport aux autres et de fait une facilité à en accepter tout et n’importe quoi. Parce que cette homophobie intériorisée est bien souvent nourrie, alimentée par les fréquentations et l’entourage proche même si (et surtout en fait) si cet entourage est parfaitement au fait de la sexualité du sujet. Je veux dire les “je n’ai rien contre les homos mais… “, “c’est une phase, ça passera” (ce qui peut-être vrai ou pas), “je ne te sens pas comme ça… “, “c’est une abomination”, “la Bible dit…”. C’est simple : cela s’apparente à de la pollution mentale. Il ne s’agit pas nécessairement de faire une esclandre ou de répondre si tu ne t’en sens pas encore le courage mais changer de sujet, quitter la table ou si ça ne suffit pas couper les ponts sont des actes salutaires et nécessaires. Et ce que je dis là est valable aussi pour tes propres potes homos cons et un peu homophobes sur les bords. Parfois sauter le pas des relations physiques, sexuelles ne suffit pas. Ne laissez pas l’ignorance avoir votre peau. Peut-être que vous arrêterez de chercher midi à quatorze heure en essayant d’obtenir des réponses à des questions existentielles à 2 centimes d’euros là où il n’y en a peut-être pas. On ne peut pas aimer l’autre si on ne s’aime pas soi. On ne risque pas de connaître l’autre (c’est déjà une gageure) si on ne se connaît pas soi un minimum. C’est aussi “simple” que ça.