L'idée
Ce blog regroupe les articles publiées par des bloggeuses. Inscrivez-vous pour pouvoir ajouter des weblogs à la liste des weblogs tenus par des femmes qui ne sont pas des suivi de vie/journaux intimes.Et c'est tant mieux, parce que je n'écouterais pas du Wagner tous les jours
Source : Kozeries en dilettante
Lohengrin mercredi soir avec la bande de dingos, c'était l'effet Pliz : résultat impeccable mais je ne ferais pas ça tous les jours... Non, parce que c'est du Wagner quand même hein...
Donc, pour du Wagner, c'était drôlement bien, si, si.
Une production signée Robert Carsen, sans éclat particulier mais servant parfaitement l'œuvre, plus ou moins transposée ici dans une ambiance évoquant un pays de l'Est (j'ai pensé à certains ballets de Joseph Nadj à plusieurs reprises hier, Les Veilleurs notamment), mais sans lourdeur excessive. Très sobres, le décor et les costumes nous épargnent les fréquents débordements vikings, casques à cornes et tresses blondes sur fond de drakkars aux voiles déployées, sans tomber dans le hem... bleu néon personne ne bouge ou alors comme si vous étiez des automates de Bob Wilson.
La direction de l'orchestre de l'Opéra par Valery Gergiev m'a semblé, pour ce que je connais de Wagner, bien servir la musique , capable de murmurer (pas souvent hein) ou tout lâcher, ce qui n'est pas peu dire vu le nombre de musiciens, quand il le faut. Le double chœur m'a en revanche parfois déçue : j'ai eu l'impression que plusieurs départs avaient cafouillé et que quelques savonnages furent semés sur un air ou deux, même si ce sont des pros et qu'ils ont fini par retomber sur leurs pattes. A leur décharge j'imagine que ça ne doit pas être le répertoire le plus facile à chanter.
Outre le metteur en scène, trois facteurs m'ont décidée à faire mon baptême wagnérien avec ce spectacle : 1. Lohengrin est l'un des plus courts (quatre heures trente avec les entractes tout de même). 2. Son livret n'est pas trop empli de sorcières maléfiques, trolls et autres ingrédients mystiques, je n'aime pas plus ça à l'opéra que dans les livres de science-fiction ; 3. Une distribution excellente sur le papier avec dans quatre rôles principaux Ben Heppner (Lohengrin), Mireille Delunsh (Elsa), Jean-Philippe Lafont (Telramund) et surtout Waltraud Meier (Ortrud), que j'adore.
L'œuvre. Alors... comment dire ? Je crois que je ne suis pas encore assez grande pour Wagner. Le premier acte est passé comme une lettre à la poste, le deuxième m'a semblé long avec de grandes plages d'ennui heureusement rompu par l'ensemble chœur + solistes vers la fin, quant au troisième, à la place du compositeur je l'aurais bien bâclé en dix minutes tant ça me semblait traîner en longueur (en ne gardant que ma Waltraud. Bon, ok, gardons Ben Heppner aussi). Il faut dire que la petite forme de Mireille Delunsh, très présente dans cette troisième partie, n'arrangeait rien ajoutée à ma fatigue et ma faim...
Mon problème avec Wagner c'est que ça me séduit toujours d'emblée et au bout d'un moment ça me lasse terriblement. Notons tout e même que la version scénique m'a permis de tenir bien plus longtemps qu'au disque ! Ne parlons pas de la télé, je me souviens de mon dernier essai... L'effectif pléthorique des musiciens et les zimbamboum à fond la caisse sont certes d'un certain charme, je reconnais même qu'ils emportent souvent dans leur élan, mais mon oreille perçoit plus d'effets de manche que de subtilités. (Je demande humblement pardon aux wagnériens et jure que je suis convaincue d'avoir très mauvais goût et aucune éducation !)
La morale du livret pourrait se résumer assez facilement : les femmes c'est soit des faiblardes incapables de tenir leurs promesses et curieuses comme des pies, en plus d'être nunuches à souhait (Elsa), soit des sorcières pleines de venin aux pouvoirs maléfiques et manipulatrices (Ortrud).
On a donc une jeune fille accusée à tort du meurtre de son frère, un beau chevalier blanc qui la sauve et l'épouse en lui faisant promettre de ne jamais lui demander son nom. Une sorcière qui intrigue pour piquer le royaume de la princesse en manipulant son mari et le poussant au crime (une ancêtre de lady Macbeth sans doute) puis pour instiller à la jeune fille le doute au sujet de son fiancé et la pousser à commettre la seule chose qu'il ne fallait pas faire (demander à son mari quel est son nom, vous suivez oui ?). Et bien sûr, cette pauvre nunuche sans discernement gobe que celle qui voulait son exécution hier est devenue sa meilleure amie, cède, exige un nom et patatras c'est la fin du monde . Rha foutues bonnes femmes ! Et pourtant il valait vachement le coup le mec, c'était un Chevalier de la Table Ronde qui était tombé dans le Graal quand il était petit (d'où sa force surhumaine et son âme pure).
Qui dans le fond a dit que les livrets de Verdi n'étaient guère plus crédibles ? Qu'on le pende ! Et puis au moins Verdi, lui, ne colle pas toujours tout sur le dos des donzelles.
en cours de rédaction : j'ai faim !