L'idée
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Source : Le blog de moi
Alors avant de revenir sur les événements des deux dernières nuits je voudrais vous donner mon avis quant au sentiment d’exaspération qui a très vite gagné les Martiniquais - alors que la grève générale a commencé après la Guadeloupe - et qui suscite étonnement ou raillerie. Pourquoi la Martinique s’enflamme t-elle (au propre comme au figuré) aussi vite ? Pourquoi la tension et les comportements violents qui, malheureusement, en découlent s’est-elle ressentie au niveau de la population plus vite qu’en Guadeloupe ? Les Martiniquais seraient-ils moins durs au mal, moins guerriers que les Guadeloupéens ? A mon sens la réponse est bien à chercher au niveau de ce qui se passe en Guadeloupe mais pas seulement au niveau de la tradition insurrectionnelle de l’île (comme vous avez pu le lire dans tous les quotidiens nationaux) qui en aurait fait des bêtes de grève - tradition que nous n’avons pas en Martinique et qui expliquerait un tel manque d’”endurance” de la population -. En effet, il est clair que le mouvement d’ici s’est nourri de la mobilisation du LKP guadeloupéen. Pour simplifier ma pensée , disons qu’en Martinique les gens ont suivi, vécu et adhéré à la montée de la fièvre revendicatrice (via différents médias locaux) avant même l’entrée en piste du Collectif du 5 Février et la connaissance de leur plate-forme revendicatrice. Je décode ? Nous avons vécu les événements de Guadeloupe par procuration tout en étant parfaitement conscients que ce n’était qu’une question de jours avant que la Martinique n’emboîte le pas (les maux étant les mêmes). Pire: nous savions à quelle sauce nous aurions été mangé à quoi nous attendre et à peu près de quoi serait fait notre quotidien. Rajoutez à cela la pincée d’appréhension et le soupçon de stress qui va bien et vous obtenez une cocktail assez détonnant et une résistance déjà entamée… D’où les différents appels (plus nombreux et plus tôt qu’en Guadeloupe) à une sortie de grève ou à un assouplissement de blocage économique de l’île. Encore une fois, ici nous nageons en pleine schizophrénie puisque la Guadeloupe est le phare (en termes de préparation et surtout de conduite du mouvement) et… l’exemple à ne pas suivre (en termes de suicide économique après plus d’un mois – 6 semaines – de grève) ! C’est une théorie personnelle je le rappelle mais, pour avoir sondé quelques personnes dans mon entourage, personne ne sait très bien ni combien de revendications figuraient au départ à la plate-forme du Collectif du 5 février, ni, même dans les grandes lignes, les points abordés par cette plate-forme ! Tout le monde sait qu’il s’agit de lutter pour le pouvoir d’achat en s’attaquant au prix prohibitif de la vie (je ne supporte pas l’expression “contre la vie chère” avec les guillemets qui vont bien dans la presse nationale) mais personne ne sait véritablement comment notre collectif compte s’y prendre ! Par contre, si vous posez la question à n’importe quel quidam, il est très probable que votre interlocuteur fasse allusion, en toute bonne foi, à des revendications… guadeloupéennes ! De même que Michel Monrose a mis du temps à entrer dans l’imaginaire collectif martiniquais comme le fer de lance porte-parole du mouvement local; Elie Domota, lui, ayant touché un certain nombre de Martiniquais au cœur de manière plus forte qu’aucun syndicaliste du moment sur notre île. Nous sommes donc, ici en Martinique, comme je le dis depuis le début, en plein paradoxe. C’est ce vécu par procuration qui explique à mon sens que, dès les premières manifestations, le succès populaire ait été immédiat en Martinique… pour retomber plus vite qu’en Guadeloupe. C’est ce vécu par procuration qui explique à mon sens que les dérives et les dérapages interviennent plus tôt (en gros nous sommes en avance sur leur chronologie de 6 jours environ) qu’en Guadeloupe… en espérant que nous en restions là. Cela m’amène naturellement à parler des derniers événements. Fort-de-France est donc au prise avec de jeunes (d’après les témoins) casseurs. Barrages, braquages, incendies volontaires, pillages… Violences urbaines redoutées et prévisibles surtout en cette période de l’année. Par contre que l’on veuille me faire croire que ces émeutes événements soient le fait de l’exaspération liée à l’enlisement des négociations… euh non. Non. Les événements de ces deux dernières nuits sont pour moi le fait de délinquants. Point. Rien d’autre. Il n’y a qu’à jeter un œil sur la liste des magasins visés pour s’en rendre compte. Des jeunes pro-mouvement qui vont braquer Intersport (magasin de vente d’articles et de vêtements de sport) ??! Non, pas à moi… Maintenant l’instrumentalisation de ces dérapages est-elle de bonne guerre (je repense aux propos de Michel Monrose sur ATV hier soir) ? Je n’en sais rien. J’espère que ceux qui le font n’auront pas à assister aux obsèques de qui que se soit. Par contre il ne faut pas rêver; ce vécu par procuration ne nous permettra pas de sortir du conflit plus tôt malheureusement. Bien au contraire. Je pense qu’il faudra attendre la fin du conflit en Guadeloupe pour espérer que les choses se débloquent ici. Nous avons au départ profité de l’exemple de l’enlisement du conflit en Guadeloupe avec un accord sur les produits de première nécessité nettement plus avantageux (de prime abord) ici (ce qui a obligé la Guadeloupe à retravailler ce point précis) – accord qui a d’ailleurs mis du temps avant d’être signé et provoqué un durcissement du conflit - . Maintenant c’est la stratégie du pourrissement qui semble prévaloir. Wait and see ce que la Guadeloupe va obtenir en gros pour ne pas lâcher ni trop, ni trop peu (et ceci est valable pour toutes les parties). Allez je me lance dans les jeux de pronostics. Sortie du conflit en Guadeloupe ? 2 mars. En Martinique ? 9 mars minimum. Disons entre le 9 et le 16 mars. Non, nous ne sommes pas sortis de l’auberge.