L'idée
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Source : Irène Delse, un blog d'écrivain
Eh bien, voilà ! L'affaire Garfieldd s'est conclue hier soir, par cette information qui n'est pas étonnante, tout comptes faits, mais qui laisse tout de même une légère amertume en bouche :Le rectorat de Montpellier a annoncé vendredi 3 février que la révocation était transformée en une suspension d'un an dont 6 mois avec sursis. Garfieldd est donc réintégré et reprendra des fonctions de direction à partir du 4 août prochain. (Source : le site Soutenons-Garfieldd .org)
Pour Garfieldd lui-même, c'est le soulagement, bien sûr, après le cauchemar qui durait depuis le 9 janvier. Je reproduis ici son message aux internautes qui l'ont soutenu, qui se sont intéressés à l'affaire :
Message de Garfieldd J'ai été informé aujourd'hui de la décision du Ministre me concernant. Le Ministre est revenu sur la révocation, ainsi qu'il l'avait annoncé dans son communiqué de presse du 20 janvier dernier. Je suis sanctionné, certes, mais mon maintien dans l'Education Nationale est assuré. Je ne peux ni ne souhaite m'exprimer plus avant. Quelle que soit la forme que vos soutiens aient pris, quel qu'en ait été l'impact et l'influence sur la décision finale, je veux vous remercier. Tous et toutes. Sincèrement. Chaleureusement. Parce que sans ce soutien, sans ces marques de sympathie, d'amitié, de confiance, j'aurai eu du mal à tenir. Je vais continuer à m'en nourrir. Rien n'est vain quand il s'agit d'aider un mec qui était en train de sombrer, et vous avez été formidables. Merci.
Les tabous ont la vie dure
N'empêche que la sanction reste sévère, même si elle n'est plus écrasante. Le ministre a donc eu la sagesse et le courage de revenir sur la révocation. Mais le proviseur reste sanctionné, au motif qu'il aurait publié sur son blog des textes "érotiques" et photos "suggestives" (infos Embruns.net). C'est qu'un proviseur, voyez-vous, est un fonctionnaire chargé de responsabilités, et qu'en plus de diriger un établissement il ne doit pas donner une image "indigne" de sa fonction... En somme, on a l'impression que l'Education nationale a voulu faire un exemple. Que l'expression de la vie privée reste tabou pour un fonctionnaire, à plus forte raison "dépositaire de l'autorité". Est-ce que le fameux "devoir de réserve" doit comprendre le silence sur la vie privée ? Sur les sentiments, le corps, l'amour ? Et est-ce qu'un hétérosexuel, dans les mêmes conditions, aurait été jugé "indigne" de parler de ses flirts ?
Et si, comme se demande le Midi Libre au sujet de l'affaire, le Mammouth s'ouvrait plutôt un peu l'esprit ?
Blogs sous surveillance
Les blogs remuent bien des choses, bien des émois et des craintes de la part d'horizons divers. Le phénomène fascine. Les pouvoirs, quels qu'ils soient, hésitent entre réprimer et récupérer. Tantôt c'est Microsoft qui censure un blog dissident à la demande du gouvernement chinois ; tantôt l'UMP rachète à Google comme AdWord le mot "blog " et le nom de blogs connus. Aux USA, en Suisse ou en France , des entreprises font pression sur les blogueurs qui les critiquent. S'il s'agit de salariés, ils sont souvent purement et simplement licenciés.
En France encore, des skyblogueurs sont mis en examen pour avoir "appelé à la violence" en novembre dernier sur leur blog ; un salarié de l'ANPE de Saint-Nazaire est gardé à vue à la suite de commentaires énervés sur son blog (sans être à l'origie des incendies d'agences ANPE, il avait plaisanté dessus) ; la municipalité de Puteaux (Hauts-de-Seine) poursuit en justice un le journaliste indépendant et militant socialiste Christophe Grébert, auteur du blog MonPuteaux.com ; celle d'Asnières (encore le 92) essaie de bloquer le blog critique et associatif Asniérois.org...
La citoyenneté de la génération Internet reste à construire. Mais reste une donnée nouvelle : essayer de faire taire les médias en ligne est souvent futile et même contre-productif. Selon le mot de Lionel Lindemann, on n'est plus à l'époque de Big Brother mais des "distributed brothers". Demandez à Manuel Aeschlimann, député-maire d'Asnières, qui refuse de répondre à ceux qui le mettent en cause dans l'affaire Mayetic : des blogueurs l'ont mis sous la surveillance d'une "patrouille citoyenne sur Internet "... Une première. Et ce ne sont pas les tentatives maladroites de certains de ses amis pour caviarder sa biographie sur Wikipedia qui arrangeront son image de marque.
Pour la dernière fois, donc, et en l'honneur de tous les blogueurs et blogueuses, de France et d'ailleurs, je reproduis un billet du défunt Blog à Garfieldd , que je regrette de ne pas avoir découvert plus tôt.
"J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé." (Voltaire ?)
Reviens je t'aime (Sheila) Par Garfieldd , mercredi 16 mars 2005 à 19:24 Reviens, je t'aime Tu ne peux pas me laisser toute seule Tu ne peux pas me laisser souffrir comme ça Reviens, je t'aime Tu ne peux pas d'un seul coup briser tout Après tant de jours et d'amour entre nous la la la ...
Moi aussi, un jour, je fermerai mon blog ... Je ne sais pas si j'aurai d'aussi bonnes raisons que celles qu'expose Pierre Carion. J'aime beaucoup en particulier celle où il invoque la nécessité ou l'obligation "d'abandonner ce loisir d'adolescent pré-pubère"...
Je ne sais pas si l'idée que beaucoup de blogs ferment en ce moment est réaliste... Disons que dans certains cercles internes à la blogosphère, des micro-sociétés se créent, partagent, se linkent et s'autoalimentent en commentaires, réponses et invitations à réagir... L'homme, même virtuel reste un animal grégaire... Des blogs ferment ou ont fermé donc... Solal, Paumé, Salades composées, Yakouren (il y a quelques temps déjà pour ce dernier...) font partie des absents ou des partants. Ces fermetures émeuvent et interpellent amènent des commentaires... Et ça me donne souvent envie de commenter les commentaires. A l'inverse, rares sont les personnes qui s'émeuvent à l'ouverture d'un blog . Lorsqu'on fréquente une communauté genre U Blog , Gayattitude, l'ouverture d'un blog ou d'un journal est certes saluée... Mais, à l'évidence, rien a priori ne suppose que l'on doive écrire une ode, un poème, un nouveau "Lorsque l'enfant paraît" dès lors qu'un inconnu décide s'épancher sur le web. Certains lecteurs arrivent sur les blogs, dans ces espaces que les auteurs souhaitent à la fois personnels et ouverts, sur invitation: on a donné l'adresse, on a informé ses copains, ses potes, ses amis, ses relations. D'autres s'invitent par googleries interposées et Dieu sait qu'il est facile et surréaliste de trouver un chemin qui mène aux blogs... On ne félicite pas quelqu'un parce qu'il écrit un blog . Parce qu'il ouvre une fenêtre, une lucarne ou une brêche sur sa vie personnelle et intime et qu'il a l'impudeur de la faire partager. Je parle ici bien sûr des blogs perso. Pas de ceux qui, comme c'était paraît-il le cas à l'origine, étaient une facon de compiler des informations glanées et de les partager. Des blogs thématiques en quelque sorte, dont il existe encore de nombreux exemples. Je constate en revanche qu'à l'annonce de la fermeture d'un blog , des lecteurs et donc des commentaires parfois nombreux réclament (voire, à l'extrême) exigent que l'auteur revienne sur sa décision. Je me suis souvent posé la question de savoir ce que ces commentaires exprimaient et révélaient. Est-ce de l'intérêt, de l'affection, de l'empathie pour l'auteur du blog ? Ces sentiments là peuvent-ils se satisfaire d'une simple approche virtuelle et désincarnée... Si ce n'est pas le cas, le réel, la vraie vie, la chaleur du contact amical sont les véritables supports de ces sentiments là. Le blog n'est qu'un élément dans la longue construction de la complicité ou de l'amitié. Il n'est donc pas indispensable. N'est-ce pas plutôt une réaction purement égoiste que d'écrire à quelqu'un qui ferme son blog un commentaire qui ressemble vaguement à ça : Pfff c'est dommage j'aimais bien ton blog j'espère que tu reviendras et que tu donneras de tes nouvelles ! Pourquoi et à quel titre, peut-on demander (voire exiger) des nouvelles à un inconnu qui a accepté un jour de livrer en pâture une partie de sa vie, une peut-être romancée, peut-être édulcorée, censurée, mais en tout cas filtrée par les lois de l'écriture, par les lois du récit. De quel droit peut-on demander à un inconnu de revenir s'exposer, s'exhiber, se dévoiler alors qu'il a décidé de retourner dans l'anonymat du cyber-monde et de quitter l'exposition sur les écrans d'ordinateurs. De quel droit peut on imaginer que l'on puisse dicter sa conduite à quelqu'un dont on ne connait que ce qu'il veut bien raconter ? Je suis étonné que des commentaires montrent aussi crûment que l'on s'approprie la présence quotidienne ou régulière d'un blogueur et exiger de lui qu'il fasse son show, qu'il se raconte, qu'il partage, qu'il exprime ses envies, ses doutes, ses hésitations, ses émotions... Je suis étonné que certains commentaires laissent imaginer que celui qui arrête son blog va forcement être malheureux, dépressif, happé par la solitude et le désespoir... J'y vois presque la crainte inavouée des lecteurs/commentateurs face à leur propres angoisses, à leurs propres faiblesses et à leur éventuelle immaturité. J'ai parfois moi aussi ressenti ce sentiment de manque, celui du voyeur derrière sa glace sans tain que l'on prive sans raison de son peep-show quotidien. Mais je suis assez hypocrite pour ne pas l'avoir écrit...
La requête Google -à-la-con-du-jour : "Courgette"
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Au fait, comment trouve-t-on aujourd'hui sur Internet le blog à Garfieldd , puisqu'il est supprimé ? Simple : via le cache de Google (recherche des mots-clefs site:Garfieldd .com et cliquer sur En cache) ou en visitant la partie archivée sur la Wayback Machine d'Internet Archive.
Virtuels, les documents en ligne ? Très résistants, mine de rien...
"There are no laurels in life...just new challenges."
-- Katherine Hepburn