L'idée
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Source : Le blog de moi
La presse en parle sans en parler: le processus de ratification du choix du nouveau premier ministre haïtien, pourtant désigné par René Préval depuis le 23 juin dernier, semble sur le point de capoter à cause de rumeurs sur le candidat sur lequel s’est porté son choix… Je vous la refais moins crispée ? Haïti est une Primature. Le pouvoir exécutif y est exercé par le président de la République (chef de l’Etat) et par le gouvernement avec à sa tête un premier ministre. Selon la constitution haïtienne, le choix du premier ministre (dévolu au Président) doit être ratifié par la chambre des députés et le Sénat, avant que celui-ci puisse former un gouvernement et présenter sa politique générale aux sénateurs et députés. Cette ratification passe par deux étapes: l’examen des documents de nationalité et d’autres pièces administratives en chambre séparée puis l’approbation par les deux chambres des orientations politiques du futur gouvernement . La première étape vise à vérifier que le candidat réunie les conditions énoncées dans la Constitution (article 157 de la Constitution) soient: 1) Être Haïtien d’origine et n’avoir pas jamais renoncé à sa nationalité. 2) Être âgé de trente ans accomplis. 3) Jouir de ses Droits Civils et Politique et n’avoir jamais été condamné à une peine afflictive et infamante. 4) Être propriétaire en Haïti ou y exercer une profession. 5) Résider dans le Pays depuis cinq années consécutives. 6) Avoir reçu décharge de sa gestion si on a été comptable des deniers publics. Pour ceux qui se le demande, en ce qui concerne la nationalité haïtienne d’origine: “Possède la Nationalité Haïtienne d’origine tout individu né d’un père haïtien ou d’une mère haïtienne qui eux-mêmes sont nés Haïtiens et n’avaient jamais renoncé à leur nationalité au moment de la naissance.” (Constitution de la République d’Haïti, article 11) La nationalité haïtienne d’origine se perd dans deux cas: celui d’une naturalisation acquise en pays étranger ou l’occupation d’un poste politique au service d’un gouvernement étranger (article 13 de la Constitution). C’est simple, clair et concis. Et pourtant… Depuis le 12 avril dernier et la destitution par un vote de censure du Sénat, après une semaine d’émeutes de la faim qui ont fait 6 morts, des centaines de blessés et des dégâts matériels importants, de Jacques-Edouard Alexis, Haïti est dans une impasse politique puisque sans premier ministre. René Prévral (actuel Président donc) a bien tenté de nommer Ericq Pierre puis Robert Manuel à ce poste mais les candidats n’ont pas passé le cap de ratification se heurtant apparemment à l’hostilité de certains membres du Parlement… vis à vis du président. D’autres raisons sont évoqués également comme la corruption… Dans un premier temps , l’annonce du choix de l’économiste Michèle Pierre-Louis, fin juin, a donc été vue d’un bon oeil tant son implication dans la société civile semble faire d’elle un personnage incontournable de l’île. L’espoir de voir Haïti se sortir de cette énième crise politique n’était pas loin mais c’était sans compter sur certaines rumeurs… Malversations ? Meurtres ? Corruption ? Proxénétisme ? Trafic de drogue ? Trafic d’organes ? Trafic d’êtres humains ? Que nenni… Elle vivrait avec une femme se murmure-t-il. Je décode ? Elle serait lesbienne homosexuelle. Un crime ? Non, pire: un pêché. Et voilà une candidate envers laquelle les premières réactions des parlementaires semblaient plutôt favorables (notamment selon le président de la Chambre haute, Kelly Bastien) et dont tous les observateurs s’accordaient à dire que la ratification de son choix ne devait pas poser trop de problème, victime d’un procès en sorcellerie. Pourtant les prérogatives de la Constitution de 1987 sont claires… mais n’empêchent pas le “débat” de faire rage (sur la toile également) entre les partisans et les opposants à la nomination du fait de sa supposée orientation sexuelle. C’est apparemment la première fois que la question de la “moralité” d’un candidat ferait obstacle à sa nomination. La moralité… Du coup, nos députés haïtiens y vont de leurs déclarations du “je vote selon ma foi” à l’affirmation selon laquelle un personnage publique n’a pas de vie privée. On la somme de s’expliquer. De démentir. De prouver… L’est-elle ? C’est sa vie privée mais voilà ce qu’elle en dit: “Je sais que je dois m’armer de courage et de sagesse pour affronter les multiples défis auxquels je serai confrontée. Mais, je n’accepterai jamais de me laisser entrainer dans un debat axé sur la désinformation et les calomnies.” (Michelle Duvivier Pierre-Louis, 2 juillet 2008) En plus d’une campagne de soutien sans précédent, son nom d’épouse a comme par magie refait surface et Michèle Duvivier Pierre-Louis n’hésite pas à parler de sa fille qui vient tout juste de lui donner son premier petit-fils. Elle a, par ailleurs, lors d’une rencontre avec les députés du bloc majoritaire, cette question abordée, répondu qu’elle avait une vie “normale, équilibrée”. Peut-on considérer qu’elle a démenti ? Je vous en laisse seul juge… Aux dernières nouvelles, ce jour:
“Soixante et un députés (61) ont voté, ce jeudi 17 juillet 2008, en faveur du rapport de la commission de la chambre basse favorable à l’éligibilité de Michèle Duvivier Pierre-Louis au poste de premier ministre d’Haïti, constate l’agence en ligne AlterPresse. Dans son rapport, la commission recommande à l’assemblée de déclarer conforme à la Constitution du 29 mars 1987 le dossier de la première ministre désignée, de déclarer recevable le choix du président de République René Garcia Préval et de déclarer Michèle Pierre-Louis éligible à la fonction de Premier ministre. Sur l’ensemble des députés qui participaient à la séance de ratification dans l’après-midi du 17 juillet, 61 ont voté pour, une vingtaine ont fait abstention, tandis que le député Laurore Edouard est le seul à avoir voté contre le choix de Michèle Duvivier Pierre-Louis pour succéder à Jacques Edouard Alexis, censuré le samedi 12 avril 2008. “Je suis un homme de parole. Mes dires et mes actions se combinent”, déclare le député Laurore Edouard en marge de la séance.” (Alter Press, Michèle Pierre-Louis franchit un premier palier, 17 juillet 2008)
A suivre.