L'idée
Ce blog regroupe les articles publiées par des bloggeuses. Inscrivez-vous pour pouvoir ajouter des weblogs à la liste des weblogs tenus par des femmes qui ne sont pas des suivi de vie/journaux intimes.Il s’appelait Ellux Agolphne De Freitas dit Nicky (part 4)
Source : Le blog de moi
Première partie Deuxième partie Troisième partie *** Sans vouloir faire dans la psychologie criminelle à deux centimes d’euros, il est intéressant, lorsqu’on se penche sur la personnalité de Nicky - telle qu’elle transparaît du peu que l’on sait de son passé à Saint-Vincent -, de constater par exemple une similitude entre les destins criminels des frères De Freitas. Nicky semble jouer un remake de la scène qui a aboutit à la mort de ses deux frères en commettant de multiples délits entraînants l’incarcération de trop. Incarcération qui débouche sur la traditionnelle évasion mais qui ne s’est pas terminée cette fois par la fusillade fatale dans la montagne de South-River mais un an plus tard par un coup de feu mettant un terme à 4 mois de cavale sur les flancs d’une montagne (la Montagne Pelée en l’occurrence) dans une île certes plus au Nord que son île d’origine mais dans un environnement on ne peut plus familier. Il y aurait trouvé la mort que la boucle aurait paru bouclée mais le sort lui a pour le coup épargné de mourir sous les balles des forces de l’ordre. Maître Rioual ne se privera d’ailleurs pas de jouer la corde sensible de l’enfance et de la vie de ce jeune homme qui semble basculer après la mort de son père lors des plaidoiries (ce qui semble avoir calmé la foule d’ailleurs) même s’il semble qu’elle laisse dans l’ombre sa paternité. En effet, Nicky était le père d’une petite fille de 3 ans (au moment de son procès) qu’il avait eu de sa compagne avec laquelle il vivait en concubinage depuis 3 ans juste au moment de son incarcération à Kingston. Il a par ailleurs affirmé à plusieurs reprises à ses captives être à la recherche d’une compagne. Ainsi il les viole une fois (de trop) et se comporte ensuite avec elles d’une façon qui tranche, pour le moins, avec les accès de violence meurtrière qui ont précédé leur “rencontre”. En effet, elles semblent avoir été “bien” traitées et même avoir bénéficiées de quelques attentions de sa part (allant de l’achat de cigarettes pour Marcelle C. à la recherche d’agréments pour les repas frugaux partagés avec Catherine H.). Tout porte à croire qu’il semble ne faire aucun doute dans son esprit que sa victime du moment restera avec lui et de ce fait s’attendre de sa part à un revirement de sentiment (à l’image d’un syndrome de Stockholm par exemple ?). Il leur fait d’ailleurs part de ses projets de vie commune dans la montagne en essayant par la même occasion de les dissuader de s’évader; leur faisant le récit d’agressions ou de meurtres qu’il avait commis sur d’autres jeunes filles. Les faits (il s’est par exemple vanté d’avoir tué 29 fois à Marcelle C.) n’ont jamais pu être vérifiés donc on ignore toujours s’il s’agissait seulement de leur faire peur pour qu’elles puissent prendre leur parti de rester vivre avec lui. Il ne s’agit, bien sûr, pas ici de porter un jugement sur la façon d’arriver à ses fins mais simplement de mettre en lumière certains aspects de la personnalité de Nicky. Les journaux de l’époque semblent donc avoir vu juste en parlant d”‘être primaire” sinon primitif. Ce dernier semble se laisser guider par ses pulsions instinctives; cette vision de lui étant d’ailleurs renforcée par le milieu dans lequel il évolue et sa connaissance du milieu en question (en l’occurrence l’environnement montagneux) qui lui a permis de s’adapter et d’échapper aussi longtemps aux forces de l’ordre aidées de la population locale. Ce dernier point me permet de revenir sur un élément qui a été mainte et mainte fois souligné notamment par la presse: l’intelligence de Nicky qui pourrait peût-être non pas excuser mais expliquer les errements de l’enquête. En fait, les experts psychiatriques chargés de l’examiner ont révélé une intelligence ”au dessus de ses normes sociales” notion creuse me concernant mais surtout une rare faculté d’adaptation à toutes les situations. Les différentes caches retrouvées à flanc de montagne, sa façon de se déplacer même avec une captive à surveiller, ses méthodes pour s’alimenter prouvent d’ailleurs que le jeune homme était très organisé. Je ne serais pas tout à fait complète sans revenir sur certaines zones d’ombres liées à ces affaires. Ainsi, quels étaient les liens de Louis A. avec Nicky qui était connu pour dealer de la marijuana ? Marijuana dont on retrouve un sachet à l’arrière du véhicule de la victime ce qui peut laisser penser à un règlement de compte entre trafiquants de drogue (version soutenue par la défense). Aucun selon Marcelle C. dans la version des faits qui paraît dans la presse au lendemain de sa réapparition (le sachet ayant été offert par leur agresseur qui cherchait désespérément à engager a conversation) alors que Nicky prétend le contraire allant jusqu’à l’accuser du meurtre (elle l’aurait tué en tentant de l’atteindre lui). Maître Auterville, dans sa plaidoirie, a d’ailleurs tenté de s’appuyer sur le rapport d’autopsie pour étayer cette thèse. La victime, attaquée à l’arme blanche je le rappelle, présentait, en effet, des coups sur le tronc et uniquement sur le tronc ce qui laisserait croire que quelqu’un tenait Albin par les bras sinon ces derniers auraient été touchés (aucunes blessures de défense donc pour ceux qui suivent Cold Case). La deuxième zone d’ombre concerne évidemment le sort réservé à Emma H. dont le corps n’a jamais été retrouvé. Ainsi, Catherine H. l’a vu frapper sa grand-mère à plusieurs reprises mais ignore si elle était vivante quand il l’a traîné de force à l’extérieur de la maison. On sait également que Nicky une fois parvenu à son refuge avec sa captive, l’a ligoté pour repartir. A-t-il profité de ce laps de temps pour revenir l’enterrer ? Les recherches aux alentours n’ont rien donné et les versions des événements donnés par Nicky et Catherine H. sont trop différente pour se faire une idée précise des événements. La défense en profite: “Nicky a toujours nié d’avoir assasiné la grand-mère, accusant un certain Emmanuel - envolé en la circonstance - de ce crime. Un homme mort depuis aurait aperçu son neveu accompagné d’un autre individu transporter “quelque chose” enveloppée dans une toile cirée, ne serait-ce pas le corps de Mme Hilaire devait s’interroger la défense [Maître Michaux en l'occurence]“ (France -Antilles, 26 juin 1982) Le 25 juin 1982, après plus d’une heure de délibérations, la Cour d’Assises de la Martinique condamnait Ellux Agolphne De Freitas à la réclusion perpétuelle à perpétuité pour meurtre, viol, séquestration, enlèvement de mineure et viol sur mineure de moins de 15 ans. Le doute lui ayant profité, il est acquitté du meurtre de Emma H. Son pourvoi en cassation rejeté, il sera transféré à Fresnes en 1983 où il se laissera mourir “ne supportant pas d’être paralysé“. Juste une petite anecdote pour finir: la rumeur a longtemps couru que Nicky avait jeté le corps de Emma H. dans un fût de rhum de la distillerie Depaz provoquant… une diminution des ventes. *** Sources partielles: - France -Antilles, janvier 1980 à décembre 1982. - Le Naïf, N°313, du 11 au 17 février 1981 - Le Naïf, N°314, du 18 au 24 février 1981 - Justice , Hebdomadaire du Parti Communiste Martiniquais, N°8, jeudi 19 février 1981 - “Figures et procès: Le barreau de la Martinique, 1900-2000″, La Fondation Clément, 2002, chapitre 8, p.229 à 244.