L'idée
Ce blog regroupe les articles publiées par des bloggeuses. Inscrivez-vous pour pouvoir ajouter des weblogs à la liste des weblogs tenus par des femmes qui ne sont pas des suivi de vie/journaux intimes.In loving memory
Source : Le blog de moi
Les femmes plus âgées m’ont toujours fasciné. Il y en a une qui tient une place particulière dans mon cœur. J’avais une vingtaine d’années. My baby dyke years. J’avais l’impression de m’éveiller à un monde nouveau. Tout n’était que découvertes et motifs d’étonnement. J’accueillais ce tout avec défi et gourmandise. J’avais l’impression (grisante et dangereuse) qu’il suffisait juste d’avoir assez d’appétit pour croquer à pleine dents tout ce que la vie voulait bien me mettre sous la dent… Sauf qu’il me fallait ce qui se faisait de mieux. On a des exigences où on n’en a pas. Je l’ai toujours dit: je ne fais pas dans le social. J’aime les femmes certes mais pas n’importe lesquelles. Celles qui ont du charme. Celles qui ont une aura. Celles qui ont un intellect. Celles qui flamboient. Celles qui brûlent. Celles qui savent jouer de leurs atouts sans se la jouer. Pour le meilleur ou pour le pire. J’adorais ça. Jouer. Sauf que je détestais perdre… mais ça c’est une autre histoire. Elle avait tout ça. Le genre de femme qui ne peut laisser indifférent. Qui se remarque sans avoir besoin de se faire remarquer. Du charme. Une aura. Une classe naturelle et un je ne sais quoi de sulfureux. J’étais fascinée. Comme un papillon de nuit face à une source de lumière. Je “sentais” son vécu. J’avais l’impression de connaître ses blessures. Je savais les multiples femmes qu’il y avait eu dans sa vie. Je “sentais” ses excès. De ceux que sa voix rauque et sa perpétuelle cigarette permettaient de deviner sans trop de problèmes… des autres aussi. Je savais sa quête. J’avais la même mais pas le même âge. Epanouie dans sa vie de trentenaire passée elle m’a laissé jouer toute la soirée. Sourire aux lèvres. Sourire aux lèvres et regard brillant. Je sentais bien que je lui plaisais. Malgré tout. Mais je sentais, que dis-je “je savais”, également que si quelque chose devait se passer entre nous, ça ne dépendrait que d’elle. Que je n’aurais pas mon mot à dire. Plus frustrant tu meurs ! Je ne faisais vraiment pas le poids. Je ne l’ai su que quand j’ai amorcé une tentative de drague un peu plus franche que ce que j’avais tenté, en vain, toute la soirée. J’ai juste eu le temps de voir son regard changer avant qu’elle ne me demande doucement à quoi je jouais et ce que je voulais exactement. Ce que je voulais exactement… Je ne pense pas avoir eu le temps de réfléchir véritablement à la question ni même d’avoir pensé y répondre qu’elle avait déjà réduit l’espace qui nous séparait. Sa deuxième question , n’en a pas vraiment été une puisqu’en me demandant est-ce que c’était là ce que je voulais elle m’avait déjà cloué sur le sofa du maître des lieux avant de me planter là en riant de son rire de gorge si caractéristique. Je ne me souviens même pas du baiser. Elle avait un peu beaucoup bu. Nous avions beaucoup bu. Je demandais juste un numéro de téléphone… pour commencer. Elle avait accéléré la musique prenant la main par la même occasion pour un “non, pas avec toi…” que j’ai commencé par accepter (bien obligée) avant de le comprendre plus tard. Entre-temps elle m’a donné tellement plus. Apporté tellement plus. Maintenant que j’y repense, je n’avais pas le profil. Trop tendre je suppose. Je sais que je me serais cassé les dents… mais qu’est-ce que ça m’aurait plût… Maso, moi ? Sûrement quand il s’agit des femmes. C’est plus fort que moi. Elle m’a dit, un jour, beaucoup plus tard autour d’un verre: “J’avais beaucoup plus que de l’affection pour toi, tu le sais ça… mais dans ma tête tu n’étais qu’un bébé. Tu l’es toujours. Tu le seras toujours. Je n’avais pas le droit.” Je n’oublierais jamais son sourire et son regard ce soir-là. A l’époque je n’ai jamais su trouver les mots avec elle. Les mots pour la convaincre du contraire même si je sais, depuis ce soir-là, qu’elle avait raison. Elle ne m’a pas laissé ne serait-ce que l’ombre d’une chance tout en gardant ce regard particulier sur moi. Du respect et de la considération. Ce que j’ai toujours eu d’elle. Du respect et de la considération. De la considération de la part d’une femme comme elle ça n’a pas de prix… Ca n’avait pas de prix… Mon coeur saigne depuis la nouvelle il y quelques semaines déjà. Aujourd’hui son calvaire est terminé et je la revoie flamboyante et mordant la vie à pleine dents. C’est cette image d’elle que j’emporte avec moi. Et son rire en écho. Je pense à tous ceux pour qui ça va être mille fois plus dur que pour moi. Dieu seul sait à quel point j’ai du mal à encaisser…