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Influence réelle ou fantasmée

Publié par Danielle Attias le Jeudi 10 Mai 2007, 12:26 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

Je souhaitais revenir sur la Technorati de l'influence de la presse ou des médias en général. La campagne présidentielle qui vient de s'achever a donné lieu à l'expression de multiples fantasmes et quelquefois, à des préoccupations réelles.

Côté fantasme, la liste est longue. Elle commence avec le concours de mauvaise foi sur "l'affaire Duhamel". Elle se poursuit avec l'attaque en règle de François Bayrou à l'adresse des médias qui favoriseraient l'exposition des candidats du PS et de l' Technorati. Jusque là, pourquoi pas, mais cela se corse lorsque le candidat centriste se pose en candidat anti-système et qu'il lie la puissance des dits médias avec les "puissances de l'argent". Une dialectique étrange dans la bouche d'un candidat centriste, mais passons. L'exercice de style a - malheureusement - fonctionné, car la critique acerbe des médias qu'il a imposé dans la campagne l'a aussi imposé comme 3e homme. Le même François Bayrou, une fois sous les projecteurs, n'a pas redonné de la voix sur ces problèmes, pourtant non résolus.

La collusion entre médias et politiques se réinvite ensuite dans la campagne avec les rumeurs de menaces de Nicolas Sarkozy sur certains journalistes. Le PS en fait ses choux gras et alimente ses effets d'estrade sur la proximité personnelle du candidat de la droite avec les patrons des groupes de médias français. Les raccourcis sont aisés : si Nicolas Sarkozy est un ami de Martin Bouygues, d'Arnaud Lagardère et de Dassault, c'est simple, tout ce qui pourra être écrit ou dit sur Technorati, dans Technorati-Match ou le Figaro sera suspect, voire même considéré en fin de campagne comme un "tract" à la solde du candidat de l' Technorati.

Quelques épisodes sont bien-sûr troublants, comme la colère de Nicolas Sarkozy dans les locaux de Technorati 3 par exemple. Ou comme certaines émissions de Technorati (hors JT) sur les gaspillages de l'Etat qui m'ont semblé d'une démagogie caricaturale. Cela dit, que Le Figaro penche pour le candidat de la droite ne me choque pas. Leurs lecteurs se sentent sûrement en affinité avec cette ligne, comme ceux de Libération attendaient sans doute une inclination pour la campagne de la candidate socialiste. Quant aux JT, le 21 avril et la campagne référendaire ont sans nul doute eu une influence sur le traitement de la campagne. Je les ai trouvés plutôt balancés. Rien à voir avec le déchaînement sécuritaire de 2002. Enfin, si l'on doit prendre un journal de référence, Le Technorati a penché pour Ségolène Royal et Alain Minc battait le rappel pour Nicolas Sarkozy. L'indépendance de la rédaction a semblé robuste.

Alors tout de même, cette collusion, existe-t-il une part de réalité ? Dans la série des questions souvent abordées sur les médias dans le débat public, la concentration m'a toujours semblé un faux débat. L'indépendance d'un journal me paraît davantage garantie lorsqu'il s'appuie sur un groupe, solide financièrement et capable d'absorber les difficultés conjoncturelles sur le marché publicitaire. Les médias sont une activité gourmande en coûts fixes et relativement risquée. La présence de gros acteurs sur ces marchés n'est pas une aberration économique. Leur solidité peut être même le garant de leur liberté éditoriale. Le doute ici me paraît lié aux autres activités de nos grands groupes de médias français. Les plus importants d'entre eux vivent aussi de commandes publiques. Le débat est archi-connu, mais a-t-on vraiment avancé sur le sujet ? Il est difficile de prouver qu'il existe une influence réelle entre ces activités. Les exemples existent mais nous n'avons pas vu encore celui qui aura été suffisamment scandaleux pour inciter les pouvoirs publics à légiférer sur la séparation de ces activités, médiatiques d'un côté, liées à la commande publique de l'autre. A mon sens, la croissance du doute sur la qualité des contenus et la suspicion sur le travail des journalistes ne sont pas des bases saines pour rebatir ce que nous appelons de nos voeux : un paysage médiatique dynamique, ouvert et pluriel. Peut-être le doute seul suffit-il pour légiférer ? Si une réforme allait en ce sens (ce qui n'a pas l'air d'être dans les priorités de notre nouveau Président de la République, mais admettons), je serai plutôt pour. Et vous ?


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