L'idée
Ce blog regroupe les articles publiées par des bloggeuses. Inscrivez-vous pour pouvoir ajouter des weblogs à la liste des weblogs tenus par des femmes qui ne sont pas des suivi de vie/journaux intimes.Journée Agoravox, suite et fin
Source : webmedia
Je sais, cela vient tardivement, personne n'en parle plus, mais je l'avais promis. De plus, cette dernière table ronde, "Interaction entre médias traditionnels et médias citoyens", est celle qui m'avait motivée à participer à cette journée de rencontres.
François Bourboulon démarre sa présentation en mettant en parallèle ses deux expériences journalistiques. Au Journal du Net, comme chez Métro aujourd'hui, la critique était du même ordre : "Internet ou un gratuit, ce n'est pas du journalisme". Pour lui, la question n'est pas d'avoir une carte de presse. Quand on recherche de l'information, qu'on la travaille pour la hiérarchiser et la présenter à une audience, alors, c'est là le même métier.
Joël de Rosnay crée un peu la surprise en affirmant qu'il n'aime pas le terme de "journalisme participatif". Il lui préfère le terme américain de "pro-am". Il voit ce type de contributions comme "des médias dans un média ", qui sont complémentaires de l'existant traditionnel et professionnel.
Francis Pisani considère que la question du journalisme ne se pose pas en fonction du support. Il craint aussi la disparition du journalisme d'investigation, pour lequel, selon lui, il n'existe plus de modèle économique. Il souligne l'initiative lancée par Jay Rosen, newassignement.net, qui associe des journalistes professionnels et des "amateurs".
Enfin, Thomas Blard évoque son expérience individuelle dans le lancement de Décideurs.tv. Il compare les médias traditionnels où le temps et l'espace disponibles sont limités, ce qui pousse à n'aborder que des sujets fédérateurs et consensuels, et Internet , où ces ressources sont illimitées et où l'on peut aborder une très grande diversité de sujets. Il pose aussi la question du modèle économique. En effet, sur Internet , les barrières à l'entrée chutent et il est plus aisé de produire et diffuser des contenus. Mais comment en vivre ? Il évoque la possibilité de nouer des partenariats avec des sites à grande audience et de partager la publicité sur les contenus du contributeur.
Le tableau est finalement assez consensuel. Si la difficulté d'imposer le journalisme en ligne comme un véritable métier est toujours présente, la cohabitation entre journalisme professionnel et contributions amateures semble fondée sur l'idée d'une complémentarité acceptée. L'opposition entre les deux univers semble quelquefois même assez factice, lorsque Francis Pisani souligne, non sans malice, qu'il est tout aussi important pour un blogueur de passer dans les médias traditionnels que pour un média traditionnel d'être repris dans les blogs.
Je voulais pour terminer donner mon sentiment général sur la journée. Agoravox a souvent été loué pour la liberté qu'il offrait de s'exprimer. Mais le système a aussi été questionné. On a reproché un flot de commentaires illisibles, une ligne éditoriale dont les critères ne sont pas clairement exposés. Les réponses des dirigeants pour justifier leurs choix d'articles essaient d'arguer de leur objectivité. Mais, il me semble que ce qui fait la fraîcheur du journalisme "pro-am" est aussi d'assumer une certaine subjectivité. Pourquoi ne pas l'assumer ? On sait aussi que ce type de contributions a rencontré le succès que l'on connaît à partir d'une critique des médias traditionnels. Mais j'ai trouvé qu'il existait dans l'assistance un certain fantasme d'un pouvoir alternatif, né de la dénonciation du biais des médias professionnels, de la lutte contre la "désinformation", voire des conspirations de tout ordre. Carlo Revelli ne nie pas qu'il existe sur Agoravox des contenus de cet ordre, mais il assume en disant vouloir ouvrir la plate-forme à tous les bords politiques, pour qu'ils s'exposent aussi à la réflexion de chacun. On y verrait ainsi toutes les expressions qui existent et Agoravox pourrait offrir une sorte de baromètre de l'opinion à un moment donné.Un dernier élement m'a fait réagir. Toujours sur cette question de "l'objectivité" dans le choix des articles. Pour arguer de l'indépendance éditoriale d'Agoravox, Carlo Revelli a indiqué qu'il existe 40 relecteurs, dont une partie s'est portée volontaire mais ne sont pas connus des personnels de la plate-forme. Cela m'a paru étonnant qu'Agoravox qui a l'ambition d'être un média , donc une destination pour une audience plus large possible, laisse finalement la régulation de la qualité des contenus à des inconnus. Peut-être là-dessus, aurez-vous un avis qui diffèrent du mien ?