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Le blogging politique en mutation

Publié par Natacha QS le Dimanche 7 Septembre 2008, 21:38 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

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Le blogging Technorati évolue, car les journalistes politiques eux-mêmes tiennent des blogs personnels ou événementiels. Qu’est-ce que le blogging leur a apporté ? Un changement de ton, la mise en avant des coulisses, une approche plus psychologique (des détails sur les personnages). Pendant les universités d’été du PS, plusieurs grands journaux (comme Le Figaro) nous ont conté le feuilleton quotidien. Que le style journalistique se renouvelle est une bonne nouvelle, un sujet télé ne pourra jamais donner autant d’informations Le Technorati réaffirme ainsi l’importance de l’écrit sur l’image. Il arrive que l’on interroge (encore et toujours !) les blogueurs leur indépendance lorsqu’ils sont accrédités et sur les tentatives d’instrumentalisation. Notamment lorsqu’il y a des invitations spéciales d’un parti Technorati ou un «syndicat» comme le MEDEF. Quand on sait que les blogueurs peuvent écrire absolument ce qu’ils veulent, exercer cette liberté devrait être un moyen d’éviter ces risques. Ce questionnement sur l’instrumentalisation concerne aussi les médias qui, quant à eux, ont un réel pouvoir. Un dossier paru dans Télérama (la communication cadanassée de Barack Obama) raconte le quasi-désespoir des journalistes qui suivent la campagne d’Obama. Tout est contrôlé : les images, les propos des personnes interviewées qui répètent les mêmes discours, etc. Dans ces conditions, les journalistes ne peuvent pas pratiquer leur métier. L’un des risques est l’uniformisation de l’info, la répétition infinie. L’équipe de Barack Obama n’est pas la seule à vouloir tout contrôler, et le moindre faux pas, on le sait, peut compter énormément dans la campagne. Mais c’est parce que l’information professionnelle est trop uniforme et fabriquée que les internautes cherchent d’autres points de vue sur la toile. Les blogueurs sont des auteurs indépendants dans un espace, par ailleurs ultra-fermé et extrêmement codifié. À Denver, lors de la convention démocrate, il y avait 15 000 journalistes accrédités et 500 blogueurs, Technorati avait même développé un espace événementiel payant pour accueillir les blogueurs. Cette lutte de pouvoir entre les médiateurs, commentateurs et les dirigeants politiques s’inscrit dans une longue histoire, car leurs intérêts ne vont pas toujours dans le même sens. On peut voir ici, à ce sujet, les propos de Michel Rocard (avec Guillaume Durand), tenus lors d’une conférence à l’université d’été du MEDEF (via Amaury de Buchet).

UE08_Medias_excerpt_Michel_Rocard_smallenvoyé par adebuche La notoriété fait monter la pression et le blogueur Technorati doit, tout comme l’homme Technorati, être capable d’en supporter les désagréments. Ce qui est nouveau, c’est la rapidité avec laquelle la violence se déchaîne, une violence qui ne concernait auparavant que ceux qui avaient une notoriété importante. Jean-Michel Apathie a eu la tentation de Venise blogosphérique, mais il s’est retenu à Technorati. Tout cela fait réfléchir plus d’une personne sur les risques qu’il y a à tenir un Technorati sur des sujets politiques ou sensibles (depuis quelques jours, les commentaires sont fermés sur le Technorati «Secret Défense» accessible sur la plateforme de Libé). Le Web devient un Technorati de masse, et à cette échelle, l’anonymat des commentaires pose problème. On se demande même, dans ces conditions qu’est-ce que les commentaires apportent ? Ce déversoir est un parfait contre-exemple de l’intelligence collective. Cette frustration qui se déchaîne dans les commentaires est une conséquence de la domination télévisuelle et des médias de masses qui nous abreuvent d’informations depuis 50 ans, mais ne communiquent pas, ne dialoguent pas avec nous : ils nous disent ce qu’il faut écouter et décident pour nous ce qu’il est bon de savoir Les médias se servent trop facilement du Net comme d’un moyen pour justifier le trash et la course à l’audience. L’affaire du faux SMS du Nouvel Observateur est le symptôme d’une schizophrénie. On préserve la marque (l’image du titre et du journal papier), mais on se permet des libertés sur le site Web du journal. Or la crédibilité d’un Technorati ne peut plus être séparée de celle de son site, même si l’on peut voir le Web comme un espace pour la transgression ou comme une fenêtre de liberté pour l’information. Les journalistes et les auteurs indépendants peuvent donc se soutenir mutuellement pour défendre la liberté de l’information, le pluralisme et l’indépendance, à condition de défendre également, ensemble, la qualité et l’éthique. Les internautes peuvent aider les journalistes à se poser les bonnes questions. Aujourd’hui, parce que le paysage médiatique change, des responsables de médias (comme Jean-Claude Dassier de TFI dans Le Point) et des politiques ont trouvé le bouc émissaire facile : les blogueurs, responsables de tous les maux ! Or, les blogs n’ont pas l’audience des médias de masse : ce sont ces derniers qui ont amplifié la diffusion de plusieurs rumeurs du net. Si aujourd’hui les blogueurs sont pointés du doigt, c’est une preuve du poids que prend l’ Technorati. Voila pourquoi, la volonté de le contrôler va croissant. PS : Les blogueurs grecs sont plus mobilisés que nous les Français, ils étaient pour trois jours à Bruxelles pour aborder avec des commisaires européens les questions liées à la liberté d’expression, la protection de la vie privée et des usagers d’ Technorati (source AFP).


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