L'idée
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Source : Le blog de moi
Puisqu’il est de bon ton d’avoir un avis sur la question et de paraître sinon maîtriser mais connaître quelques éléments du dossier du moment: “C’est tragique ce qui se passe là-bas, je ne peux pas vous dire autrement… Tout d’abord il y une responsabilité de l’Etat qui est immense, immense ! Gigantesque… Mais pas de l’Etat seulement maintenant; depuis certainement des décennies. L’Etat ne s’est jamais sérieusement intéressé à la problématique antillaise et peut-être Guadeloupéenne en particulier. Les approches dominantes qui ont été les approches dominantes ont toujours été des approches partisanes ou clientélistes. Deuxième chose: le fond du problème, dans sa dimension économique, est qu’il faut remettre à plat et repenser le modèle ou les modèles économiques guadeloupéens et probablement martiniquais. Qu’aujourd’hui nous sommes dans une impasse parce que premièrement soit vous faites le choix d’importer principalement de métropole et dans ces conditions le fret qu’il soit maritime ou aérien plus l’octroi de mer - un impôt extraordinaire qui date du 15ème ou du 16ème siècle - la combinaison du fret et de l’octroi de mer fait que les prix soit multipliés par 3. Donc soit vous importez des produits et vous avez ces effets là, soit vous achetez les produits fabriqués sur place et l’absence de concurrence ou l’insuffisance de concurrence - ça peut dépendre des secteurs il y a parfois absence parfois insuffisance - font que là aussi ça provoque un niveau élevé de prix. A la tête du MEDEF Guadeloupe - il y a d’autres organisations patronales en Guadeloupe -… à la tête du MEDEF Guadeloupe il y a depuis quelques mois - il a été élu en 2008 - un homme qui s’appelle Willy Angèle, et qui a immédiatement après son élection, proposé de réfléchir à l’évolution du modèle économique guadeloupéen. Moi je pense que sa proposition il faut absolument que les élus s’en emparent. Mon souhait se serait que très vite il y ai un grand forum ou des états généraux sur l’économie de la Guadeloupe. Il y a beaucoup de choses qui méritent d’être dites, d’être mises à plat, d’être repensées dans une perspective stratégique. Ca c’est pour le moyen et le long terme mais n’oublions jamais le moyen et le long terme… Sur le court terme, le MEDEF Guadeloupe a mis plusieurs fois sur la table - cinq fois - des propositions. Il y a encore une qui a été très récemment mise sur la table [on lui confirme à sa demande que c'était hier]. Il y a même un pré-protocole d’accord. On a un peu de mal à comprendre pourquoi on n’arrive pas à rentrer directement dans la discussion sur le sujet. Je crois que cela dépend beaucoup de l’Etat.” (Laurence Parisot, présidente du MEDEF, lors de son point presse mensuel, 17 février 2008) C’était donc le “y’a qu’à” de Laurence Parisot. By the way, avez-vous remarqué le nombre de spécialistes de l’Outre-Mer en général et des DOM en particulier qui ont fait sur face ces jours-ci ? Un truc de fou. Comment tout le monde ou presque s’accorde à dire que la situation était intenable en plus d’être inadmissible et que tout ceci était prévisible ? Sauf que personne ne l’a vu venir… même pas le LKP. Côté médias nationaux, passer d’un je-m’en-foutisme assez flagrant à pareille sur-médiatisation en quelques jours (montée en charge depuis le 8 février jour du rapatriement express du sieur Jégo) c’est quand même assez phénoménal. J’en frôle l’indigestion même si je suppose que ça va retomber aussi vite… d’ici que la grève cesse… les pronostics les plus optimistes situant ce dénouement vers 2011… A moins que la Guadeloupe ne soit aux bords de la sédition n’est-ce-pas Monsieur Lurel ? Le mot “sédition” est bien un synonyme de “révolte”, right ? C’est moi où il voulait parler de sécession le bougre ? Parce que si les événements du moment ne s’apparentent pas à de la révolte côté guadeloupéen; permettez-moi d’avoir peur si jamais ils se révoltent véritablement ! Mais bon, revenons à nos moutons: Laurence Parisot connaît donc le nom du président du MEDEF Guadeloupe et sait même que c’est son baptême du feu (le pauvre) en tant que président du MEDEF local. Mis à part ça le discours est plutôt classique: ce n’est pas de notre faute et là en l’occurrence - le coupable est clairement pointé du doigt - c’est de la faute à l’Etat français colonialiste nous pauvres patrons n’ayant nullement profité des “apparoches partisanes et clientélistes”; pire ayant été obligés de composer avec ! Deux ou trois choses cependant. Il me semble qu’il ne s’agit pas nécessairement d’effectuer un choix entre importer de “métropole” (excusez-moi mais “l’hexagone” me chagrine moins) et produire localement. C’est absurde. Il y a des choses que nous ne pourrons jamais produire localement et je ne parle pas seulement de BMW et d’écrans plat. Autre chose: sur certains produits, les prix ne sont pas multipliés par 3 mais par 6 ou 7 sur certains produits ! Le fret et l’octroi de mer ne suffisent pas à tout expliquer ! Vous m’auriez dit ça le 19 janvier dernier que j’aurais abondé en votre sens sans trop de problème mais à l’heure actuelle disons que de l’eau à coulé sous les ponts… “Approches partisane ou clientéliste” vous dites ? J’aurais rajouté “permettant la création et le maintien de monopoles ou fermant les yeux sur certaines pratiques”. Vous avez oublié certaines marges abusives en fait. Bref. Et pour en revenir à l’octroi de mer; l’impot a effectivement été crée au 17ème siècle mais malheureusement c’est une ressource essentielle pour nos communes. “En Martinique, l’octroi de mer représente 48 % des rentrées fiscales des communes de moins de 10 000 habitants et 37 % de celles des communes de plus de 10 000 habitants.” En plus cet impôt protège la production locale de la concurrence extérieure. Aucun maire ayant du bon sens ne vous laissera y toucher à moins de contreparties et que l’Etat - sinon qui d’autre ? - n’est pas prêt de s’engager la-dessus (dans le contexte actuel ça peut se comprendre). Quant au coût du fret, il semble qu’il ait baissé ces dernières années. Quant à l’idée de Grenelle de l’économie guadeloupéenne… L’idée a tellement été utilisée par le gouvernement actuel qu’elle en perd son côté intéressant, attractif. Discuté pour le plaisir de voir quelqu’un d’autre trancher ou pas d’ailleurs sans tenir compte de votre avis…. Mouais. Moyen. Bon ceci dit on a compris; près d’un mois que ça dure en Guadeloupe: côté patronat ce n’est pas le patronat (”on a fait le maximum et même plus”) qui bloque c’est l’Etat, côté Matignon Elysée ce n’est pas nôtre rôle (”on a fait le maximum et même plus”) c’est celui des acteurs locaux dans le cadre de négociations salariales. Son Altesse Sérénissime Nicolas 1er Nicolas Sarkozy tranchera certainement d’ici jeudi… Mais Laurence Parisot confirme ce qu’Yves Jégo a laissé filtrer récemment à savoir qu’il y a toujours dialogue entre les différentes parties alors que les négociations sont rompues puisqu’elle fait référence à une proposition mise hier sur la table. Aucune trace dans les médias d’une éventuelle proposition du MEDEF hier (de mon côté). Pour info, sur la vidéo du point presse de Laurence Parisot, la partie sur les Antilles en général et la Guadeloupe en particulier commence à 36:20 pour durer environ 5 mn (ce qui est conséquent). A noter que sur le France -Antilles Martinique en ligne du jour, une mystérieuse phrase est prêtée à Laurence Parisot. Phrase qu’elle n’a pas prononcé dans son discours, pas dans celui-là en tout cas alors que les autres propos concordent. Sauras-tu la retrouver si je te livre l’intégralité de la citation mise en ligne ? “La responsabilité de l’Etat est immense, gigantesque, pas seulement maintenant, certainement depuis des décennies. L’Etat ne s’est jamais sérieusement intéressé à la problématique antillaise. Les approches dominantes ont toujours été des approches partisanes ou clientélistes.(…) Il a toujours été plus compliqué en Guadeloupe qu’ailleurs d’installer un dialogue social (…) Sur le court terme, le Medef a mis cinq fois sur la table des propositions. Il y a même un pré-protocole d’accord. On a un peu de mal à comprendre pourquoi on n’arrive pas à rentrer directement dans la discussion sur le sujet. Je crois que cela dépend beaucoup de l’Etat.“ Si quelqu’un sait ce que ça apporte à l’ensemble (cette phrase rajoutée), qu’il n’hésite pas à partager ses lumières également…