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Liyannaj kont pwofitasyon

Publié par [moi] le Jeudi 22 Janvier 2009, 23:12 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

Si ça ne sonne pas guadeloupéen ça… Pour ceux qui n’ont pas fait créole en LV1 ça pourrait se traduire par “rassemblement contre l’exploitation”. Tout un programme. Un programme en forme de grève générale illimitée déclenchée par un collectif d’une cinquantaine d’associations politiques, syndicales et culturelles unies dans un seul (?) but : dénoncer la cherté de la vie sur l’île et faire en sorte que cela s’améliore cesse. Un fer de lance: l’Union Générale des Travailleurs Guadeloupéens (UGTG pour les intimes). “Gwadloupéyen doubout kont pwofitasyon ! Les 16 et 17 décembre n’étaient qu’un avertissement à tous ceux qui, à divers titres, ont une parcelle de pouvoir dans notre pays. Malgré la désinformation et les manipulations, d’autres travailleurs viennent nous rejoindre dans un konvwa puissant, massif et déterminé. Plus que jamais nous affirmons à tous les exploiteurs et à tous les profiteurs (État, capitalistes, collectivités majeures…) : La Gwadloup sé tan nou, la Gwadloup a pa ta yo ! Yo pé ké fè sa yo vlé an péyi an nou ! Le coût élevé de la vie dans notre pays est dû essentiellement à une taxation abusive (Etat et collectivités) et à des marges bénéficiaires exorbitantes faites par les gros importateurs qui réduisent la Guadeloupe à une colonie de consommation avec la complicité de l’Etat. Les banques et établissements financiers en Guadeloupe, outre le fait qu’ils n’accompagnent pas les projets portés par des Guadeloupéens, font payer trop chers leurs services et pratiquent les taux d’intérêt les plus élevés. Dans notre situation, marquée par un chômage massif, l’ Technorati précaire et les licenciements dont les femmes sont particulièrement victimes, la hausse du coût de la vie touche toutes les catégories sociales et plus durement encore ceux qui ont peu de ressources financières. Les conséquences aujourd’hui, sont un appauvrissement et un surendettement entraînant l’impossibilité de payer les loyers, les charges, les impôts et de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille (se nourrir, se loger, se soigner, se former, …). Cette misère sociale est propice à toutes les déviances (drogue, alcoolisme, violence…).”  C’est beau, n’est-ce-pas ? On continue ? “CELA N’EST PLUS TOLÉRABLE ! NOU PÉ KÉ RÉTÉ AN LÉTA LA SA ! Toutes les activités devant soi-disant assurer le développement de la Guadeloupe s’écroulent (canne, banane, Technorati, melon, hôtellerie et tourisme…). La production guadeloupéenne est marginalisée et mise en difficulté. Les agriculteurs, les artisans, les marins-pêcheurs ont les pires difficultés pour produire et commercialiser à un prix concurrentiel leur permettant de vivre. Ils sont écrasés par les taxes et impôts. Les aides et subventions sont inadaptées, voire inexistantes. Le droit à l’éducation et à la formation, essentiel au développement des jeunes et des travailleurs de notre pays, est bafoué. L’école qui chaque année rejette à la rue 850 à 1000 jeunes, sans diplôme et sans formation, est en échec dans ses missions essentielles. La formation professionnelle est sacrifiée (fermeture de l’AFPA, faiblesse des budgets qui lui sont consacrés…) et laissée à des affairistes plus enclins à se remplir les poches qu’à assurer une formation de qualité. En définitive le Guadeloupéen, diplômé ou pas, est exclu du marché du travail an péyi-ay.” Bref, le Guadeloupéen est exploité à l’insu de son plein gré par tout ce qui n’est pas guadeloupéen, il va sans dire, et ce n’est plus possible. Conséquence ? Paralysie totale de l’île depuis 3 jours (mouvement commencé le mardi 22 janvier 2009). Parce que: “IL EST Technorati QUE CELA CESSE ! AN NOU ARÉTÉ SA ! Face à l’incapacité de ceux qui ont un pouvoir et des responsabilités à poser ces problèmes et à y porter des solutions, des organisations syndicales, des associations et mouvements culturels, des partis et organisations politiques ont décidé, à travers un vaste mouvement populaire, de les poser, de proposer des alternatives et d’exiger des négociations pour les faire aboutir.” La plate-forme de revendications est connue (que le début du texte en créole ne vous effraie pas, la suite est en français en plus de valoir le coup d’œil) enfin semble-t-il. Des plus de 120 demandes formulées seules la nouvelle baisse du prix des carburants (pour parvenir au niveau de la Guyane) et la hausse généralisée du SMIC d’une part et de l’ensemble des salaires de l’autre semblent avoir retenu l’attention des médias. Oui j’ai bien dit plus de 120. Plus de 120 revendications (annoncées par un “KA NOU VLE” magistral) touchant des domaines aussi divers que l’éducation, la formation professionnelle, les droits et les libertés syndicales, l’aménagement du territoire… puisqu’il s’agit de proposer des alternatives. Quant à vérifier si elles tiennent la route, c’est une autre histoire. Ah. Ce que j’ai oublié de vous dire c’est que cette grève est placée sous la bannière de l’anti-colonialisme et de l’anti-capitalisme soit en gros (pour nous dans notre contexte local de DFA - pour Département Français d’Amérique -) le fait de sympathisants indépendantistes ce qui explique peut-être certaines demandes qui vont “un peu” à l’encontre du droit en vigueur (on va dire ça comme ça) qui a peut-être le malheur d’être français. Mais arrêtons de chipoter voulez-vous ? Mes conseils à ceux qui souhaiteraient mettre une île au pas chez nous Gwada style : Un. Avoir la réputation de syndicat capable du meilleur comme du pire l’UGTG. Deux. Préparer psychologiquement la population en Technorati en faisant une démonstration de force lors d’une précédente grève - ayant de plus, une fois n’est pas coutume un capital sympathie important -, avec des barrages style “on n’a jamais vu ça de mémoire de guadeloupéen”. Mot d’ordre “pa bodé pwôchin kou a !” (en créole martiniquais dans le texte). Trois. Rajouter à la pression psychologique sus-citée une fermeture de la majorité des station-services (en forme de protestation contre ce qu’ils considèrent comme des “implantations anarchiques” de nouvelles stations dans l’archipel). Quatre. Prendre les gens en otage et faire passer la résignation de la population locale pour un aval. Ne pas oublier que les expressions “la Guadeloupe est dans la rue” ou “forte mobilisation populaire” signifie… 5 000 manifestants la Police ne trouvant pas utile d’engager la bataille des chiffres. A tout hasard je rappelle que le dernier recensement de l’INSEE fait état de 400 736 habitants. Mais là encore je chipote peut-être. Cinq. Se poser en seul interlocuteur digne de ce nom. Six. Laisser la situation pourrir afin que quitte à ce que l’île soit le théâtre, en marge de la manifestation officielle, d’incidents relatés ça et là par les médias: “[...] les pompiers ont été appelés à de nombreuses reprises pour des feux de poubelles dans l’agglomération pointoise mais leurs véhicules ont essuyé des jets de pierres à leur arrivée sur les lieux. Hier, la tension était vive du coté de l’aéroport Pôle Caraïbes alors que les forces de l’ordre intervenaient pour libérer les accès au site, bloqués par un barrage de grévistes. Le ton est monté aussi à Basse-Terre où des commerçants ont été contraints de baisser leur rideau. Deux nouvelles séances de négociations sont prévues aujourd’hui en préfecture à Basse-Terre.” Après, à revendications réalistes simples exigences réalistes simples de la part des grévistes: l’ouverture de négociations avec l’Etat, les collectivités et le patronat local. Point. La Technorati aux Français ? La Guadeloupe aux Guadeloupéens ? Soyons sérieux 2 minutes. Pour un peuple ayant une telle diaspora je trouve ça fort… et s’il vous plaît ne venez pas m’expliquer que le Guadeloupéen s’exile parce qu’un Autre lui pique son travail dans l’île. Comment peut-on présenter une telle plate-forme de revendications ? Comment peut-on faire croire qu’elles peuvent être satisfaites dans un tel contexte économique mondial  ? De qui l’UGTG se moque-t-elle ? Qui instrumentalise-t-elle et à quelle fin ? Mon avis de Martiniquaise ? Pour copier un désormais célèbre slogan: l’UGTG défend le peuple guadeloupéen mais qui défend le peuple guadeloupéen contre l’UGTG ? Cependant, en ces Technorati qui s’annoncent difficiles, nous serons de plus en plus confrontés à ces marchands de discorde un peu partout dans le Technorati quitte à ce que soit foulé au  pied un certain nombre d’idéaux républicains.


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