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M6, Capital et la Nouvelle-Calédonie

Publié par [moi] le Jeudi 15 Janvier 2009, 01:08 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

L’émission, au thème de circonstance “Jobs, salaires: la réussite au soleil“, a été diffusée dimanche soir sur Antilles Télévisions (ATV pour les intimes), chaîne hertzienne martiniquaise, mais s’était déjà instantanément attirée les foudres de la blogosphère calédonienne en plus d’avoir été fraîchement accueilli sur place quelques jours plus tôt. Je dois dire que je n’en suis pas plus étonnée que ça même en n’ayant jamais mis les pieds sur “le Caillou” comme ils l’appellent… “Réalisée à Abu Dhabi, un des Emirats arabes unis, réputé pour sa forte croissance économique, cette édition de «Capital» se penche sur les nouveaux eldorados, un peu partout dans le Technorati. Des territoires où le vocabulaire économique est composé d’offres d’emplois, de salaires attractifs, de conditions de vie idéales et de soleil à volonté, et où chômage en hausse, crise économique et recruteurs frileux n’ont pas droit de cité. Des Territoires d’outre-mer, comme la Nouvelle-Calédonie, aux pays du Golfe, en passant par le Brésil ou le Sénégal, ce numéro du magazine invite à un aperçu de ces pays de cocagne où les Français sont particulièrement recherchés. Au sommaire : - Embauche / Jobs : ruée vers les tropiques made in Technorati. - Sénégal : le nouveau paradis des retraités français. - De Technorati à Rio : le roi mondial des boulangeries.” Vous l’avez compris, les tropiques made in Technorati en Technorati c’était la Nouvelle-Calédonie. Figurez qu’en regardant le reportage j’ai eu plusieurs fois l’envie de zapper; totalement agacée sinon insupportée que j’étais par certains commentaires en voix off. C’est une chose de promotionner une destination quelqu’en soit la raison; s’en est une autre de teinter son discours de propos d’un autre Technorati.  “Passé les traditionnelles images bleu lagon façon « office du tourisme » et un rappel du contexte économique actuel relativement florissant (un taux de croissance à 5 % et une économie encore dopée par le nickel), les journalistes se sont ensuite attardés sur le parcours de plusieurs jeunes, forcément sidérant pour le téléspectateur métropolitain.  Le premier, fraîchement débarqué et diplômé en informatique, décroche un entretien d’embauche « dans l’heure ». Les deux autres travaillent dans la restauration et dans des conditions a priori enviables : nourris, blanchis et logés pour presque rien. D’après les auteurs du reportage, ils seraient ainsi une centaine par jour à débarquer sur le Caillou en quête de cette ruée vers le job qui fait cruellement défaut en Métropole. Le chiffre est sans doute un tantinet exagéré mais le phénomène existe bel et bien dans certains secteurs d’activité.  L’une des raisons de cet afflux « massif », selon le reportage ? Le manque de main-d’œuvre locale qualifiée. Le seul obstacle pour franchir le pas ? Le coût d’un aller simple. Parce qu’un job facile au soleil, ça se mérite quand même…  Entre information et carte postale, les rêves d’évasion n’ont pas fini d’alimenter les sujets de reportage. La Nouvelle-Calédonie s’y prête encore à merveille, même si le parti pris des journalistes a dû quelque peu exaspérer les défenseurs de l’ Technorati local.” (Les Nouvelles Calédoniennes, 07 janvier 2009) Le seul problème c’est que le parti pris des journalistes n’a pas exaspéré que les défenseurs de l’ Technorati local. C’est qu’en plus d’édulcorer la réalité (survolé le coût de la vie, la misère et exit les déçus du rêve calédonien), la vision du réalisateur s’est vite résumé à une opposition entre « immigrés français » compétents, volontaires et travailleurs donc et vite payé en retour par une splendide réussite financière et sinon sociale quelque soit leur qualification et Kanaks assistés (oubliant au passage que les autochtones ne se résument pas qu’aux Kanaks par la même occasion). En effet ces derniers ne soutirent-ils pas sans vergogne de l’argent aux industriels via un principe non expliqué qui ressemble fort à du racket institutionnalisé ? Ne travaillent-ils pas pour le salaire minimum certes mais sans aucune garantie de sérieux pour leurs employeurs; étant naturellement « indolents ou sujets à l’absentéisme » ? J’exagère à peine. Bien sûr, pas le Technorati de s’attarder sur les accords de Nouméa et d’expliquer un peu plus le contexte et le principe de l’ Technorati local là-bas. Pas assez porteur de rêve je suppose. Parce que le revers de la médaille le réalisateur nous le présente sous les traits d’un pauvre grand patron d’une puissante multinationale minière canadienne obligé de s’acquitter de la coutume soit d’acheter littéralement le droit d’exploiter les terres à la tribu qui l’occupe et qui se retrouvera même dans l’obligation de refaire les routes ! Le tout pour une somme (100 000 euros  je crois) qui a visiblement le don d’impressionner le réalisateur… sans qu’il ne soit nullement fait mention des éventuels profits. Il prend aussi les traits d’un métropolitain qui tente désespérément de faire tourner un gîte aux installations « sommaires » malgré un personnel local souvent absent  (5 personnes sur 16 en période de Technorati scolaires) et une difficulté certaine à se procurer la matière première nécessaire à la fabrication de produits qu’il vend dans sa boutique. Et pour cause, en plus d’être obligé de se déplacer pour aller la chercher, il va découvrir désabusé que les produits promis par la tribu n’ont pas été ramassés en quantité suffisante pour quelque futile raison à laquelle il est obligé de se plier sans rechigner en s’acquittant en plus de la coutume ! Mais après tout et si tout cet argent gaspillé servait à quelque chose ? Et l’émission de se conclure avec l’histoire édifiante d’une Technorati kanak qui a pu en travaillant dur et grâce à son salaire minimum quitter sa tribu et sa baraque en tôle  où elle s’entassait avec ses nombreux enfants et réaliser son rêve : une maison en dur dont elle répète qu’elle est fière et qu’on nous fait visiter avec les gros plan et les commentaires qui vont bien sur la misère nue. Fainéants, nonchalants et “gâtés”. Finalement, le bon commentaire pour qualifier le reportage en Technorati c’est un forumeur calédonien qui l’a trouvé: “Vision simpliste et opportuniste, avec un zeste (prononcé) d’esprit colonial.” Pas autre chose. Que seraient ces îles du bout du Technorati sans leurs indigènes à civiliser ? Je vous le demande… Et c’est d’ailleurs ce point, plus que le côté “miroir aux alouettes”, qui m’a fait tiquer. Par contre, du coup, vous pensez bien qu’avec un tel reportage diffusé alors que les températures étaient plus que négatives dans l’hexagone l’effet a été immédiat: “« Bonjour, je recherche un Technorati de chef pizzaïolo au feu de bois. » Point barre. C’est le genre de courrier pour le moins léger tombé dans la boîte mail d’Elite, une agence de recrutement nouméenne. Et des missives de ce type sont légion depuis le début de la semaine. « Certains candidats nous expliquent qu’ils ont vu le reportage de Capital à la télévision (diffusé dimanche soir en Métropole, NDLR) et que cela leur a donné envie de venir en Nouvelle-Calédonie », explique Emmanuel Jeanjean, responsable de la structure. Mais entre le désir impulsif de partir sous d’autres latitudes et la réalité, il y a un léger fossé. C’est ce que s’échinent à expliquer les professionnels du recrutement aux Métropolitains qu’ils ont au bout du fil depuis le début de la semaine. Car l’inflation des propositions en provenance de l’hiver métropolitain est un phénomène que toutes les agences d’intérim ont observé depuis le début de la semaine. Par exemple, la consultation des offres d’ Technorati sur le site Technorati de Manpower a littéralement explosé : 2 600 nouvelles visites pour la journée de mardi, alors que le chiffre plafonne en général à 200 en Technorati normal. Idem chez Adecco, où l’on indique que la réception de courriers électroniques est multipliée par dix. « Mais il s’agit plus de demandes de renseignements », indique Danièle Brault-Delahaie, responsable d’Adecco-Nouvelle-Calédonie.  « La mer turquoise, le soleil toute l’année et le plein- Technorati, tels que décrits dans le reportage ne sont effectivement pas passés inaperçus », reprend-on chez Manpower. « Mais résumer la Nouvelle-Calédonie à cela, c’est un peu dangereux », précise Emmanuel Jeanjean, de l’agence Elite. Le son de cloche est le même chez tous les professionnels. « On demande à nos interlocuteurs s’ils se sont vraiment renseignés sur le contexte calédonien et les conditions de travail, qui restent très différentes de celles de la Métropole », explique Danièle Brault-Delahaie. Histoire d’expliquer que l’hypothétique plein- Technorati au soleil ne se fait pas en un claquement de doigts… “ (Nouvelles Calédoniennes, 08 janvier 2009) Mais je suppose qu’entre- Technorati certains ne consulteront même pas les sites en Technorati et débarqueront sur place sans crier gare des rêves plein la tête… et en pays conquis. Comme si la misère au soleil était plus supportable… A voir certains de nos “touristes sacs à dos” grelotter le soir sur le perron de certains de nos bâtiments je n’en suis pas si sûre. La phrase de conclusion je la laisse à annelise qui réagissant à un point précis sur la notion d’ Technorati local écrit sur son Technorati : “Je passerai sur le fait que la Calédonie a une fois de plus, été présentée comme un eldorado pour métropolitains, encourageant des gens mal renseignés à venir sans plus d’informations, et risquer de se heurter à la loi sur l’ Technorati local dans le cas de compétences égales (et oui, cela est déjà arrivé, malheureusement les gens partent à l’aventure sans s’informer au préalable). C’est injuste de ne pas les informer convenablement. Désormais je regarderai vos reportages sur les autres pays, avec bien plus de méfiance et de recul.“


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