L'idée
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Source : Le blog 
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- Maman, j'veux celui-là !Le bouchon me montre le dessin d'un chaton ... dans une revue de tatouage. Grougnougnou ! Comment ai-je pu laisser traîner cette revue, sachant qu'elle est aussi bibliophage que moi côté presse ! A l'époque des photos d'Abou Graïd, j'avais bien pensé à planquer le numéro de The Economist qui en publiait une en couverture. En revanche, oubli majeur sur le dernier numéro du Monde 2 en 2005, qui faisait une revue photographique de l'actualité de l'année passée. Elle était sortie des toilettes la revue à la main, ouverte sur une page de photos de guerre en me demandant des explications. Depuis, je me méfie.Grougnougnou bis ! Qui a bien pu laisser chez moi ce paquet de revue françaises et britanniques sur le tatouage datant de 2000 et 2001 ? Dans le lit, à côté d'un reste d'emballage de céréales dont je n'arrive pas à deviner la provenance - la marque même m'est inconnue, le tout retrouvé planqué sous mon oreiller, après quatre jours d'absence... J'ai une vague idée sur l'origine...Je prends alors mon ton le plus parental, pour lui expliquer qu'elle ne fera son tatouage, si elle en veut toujours un, qu'à vingt ans.- Mouai ? La majorité, tu m'as dit que c'était à 18 ans ! Pourquoi tu m'interdis de le faire avant mes 20 ans ?Aïe ! L'argumentaire s'affine avec l'âge !Je contre-attaque sur un autre terrain en lui demandant si elle a lu, dans ce même numéro, l'article sur la discrimination au travail pour les tatoués. Je me doute bien qu'elle ne l'a pas lu vu son âge et niveau de lecture, mais ça la déstabilise un peu. Le temps de répit est court puisqu'après quelques explications de ce qu'est la discrimination, elle repart sur son désir de se faire tatouer un chaton. Et puis, me fait-elle remarquer, pourquoi dans ce numéro y a-t-il la photo d'un jeune garçon dont le crâne est devenu un globe terrestre ? Je regarde, horrifiée. Il semble y avoir tromperie sur l'âge de l'individu.Je lui explique, ou plutôt lui ré-explique, qu'un tatouage définitif, ça n'est pas comme celui que l'on trouve en ouvrant un malabar. Une fois posé, ça s'enlève difficilement. Ce n'est pas un élément de mode que l'on change suivant ses envies, il faut qu'il fasse partie de sa personnalité. Il vaut mieux prendre son temps pour réfléchir au motif et à l'endroit et avant tout au réel désir d'en avoir un. Je lui dis que la peau d'un enfant grandit avec son corps, d'où l'impossibilité de faire un tatouage qui se déformerait avec l'âge. Je sens un fléchissement dans sa détermination. Péremptoire, elle m'assène que ce sont les os qui grandissent et que la peau s'adapte à cette croissance ; c'est sûr, sa mamie lui a dit ; moi je n'y connais rien !Il y a des jours où tout ce que dit Mamie est vrai...- Et Tata, elle en a, des tatouages ?Réponse positive. S'ensuit à sa demande, le détail des motifs et des lieux. Je ne parle pas des piercings qui ont pratiquement tous disparu ; hors de question de lui donner d'autres idées.- Et Tatie ?Hé non ! Elle avait bien pensé à se faire tatouer un Garfield sur le dessous du gros orteil, qu'elle a fort petit et mignon, mais elle avait finalement opté pour un store géant dudit Garfield.J'assène le coup final en lui parlant de la douleur lors de l'opération. La minotte n'avait pas pensé à la douleur, le monstre sur l'étiquette du malabar étant indolore. Profitant de mon avantage, je lui évoque, légèrement pour ne pas provoquer de cauchemars non plus, les aiguilles et l'encre.- Et toi qui es douillette, comment tu as fait alors pour supporter la douleur ?Comment lui parler de ce moment, où j'enfonçais mes ongles, alors fort longs, dans mes paumes, tout en me serinant "secrète des endorphines !" ? Le passage par une filière scientifique m'a décidément été très utile. Mais à ce moment, je n'ai vraiment pas l'envie et le courage d'aborder l'explication scientifique de ces hormones anti-douleur que chacun possède en soi.Finalement, je me dis que si aujourd'hui, elle veut être "comme Maman", c'est aussi de ma faute. Quel besoin avais-je de l'allaiter les cinq premiers mois en exposant à quelques centimètres de ses yeux de nourrisson ledit tatouage ?Ambiance musicale: De Kracht, Têtes raides (album Fragile)
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