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Matriochkas, chapitre 12

Publié par Kozlika le Dimanche 25 Mai 2008, 10:10 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

Matriochkas, c'est l'aventure d'un récit collectif dont vous trouverez les règles ici, le planning des parutions par là. L'ensemble des chapitres déjà publiés sont réunis sur cette page. En tant que quatrième joueuse, c'est le chapitre 12 qui m'échoit aujourd'hui. Le voici. Une place libre l'attendait juste devant la maison. Stéphane n'était plus là. Une feuille de papier blanc couverte d'une écriture rouge un peu enfantine était posée sur la table de la cuisine. Tiens c'est vrai, je ne connaissais pas l'écriture de Stéphane, réalisa-t-elle en jetant un regard sur la signature. Deux ans d'échanges de mails et ce premier mot écrit.

Marie,

Merci pour le lit, le whisky et le wifi. J'espère que tout s'est bien passé pour toi hier. Je n'ai pas osé te poser de questions, tu avais l'air si tendue. J'espère surtout que ce n'est pas à cause de moi que tu as découché, ma mère m'a bien élevé tu sais et je ne m'impose pas dans le lit des gens quand ils m'offrent leur canapé ! Bon, ok, je plaisante : je serais bien venu dans ton lit si tu m'y avais invité, ton canapé est super inconfortable (là je sens que je grille toutes mes chances d'une histoire torride avec toi).

Je te raconte n'importe quoi, j'aimerais juste te dire merci, vraiment. J'ai compris hier quand ton amie Domi est venue te chercher que j'ai débarqué en plein marasme dans ta vie et j'essaie de te faire sourire. Si je peux faire quoi que ce soit, n'hésite pas à me le dire. Sans toi j'aurais dormi sous les ponts hier et surtout sans toi pour me soutenir ces derniers mois je ne sais pas où j'en serais aujourd'hui. Alors je ne sais pas ce qui t'arrive, mais si tu as besoin de moi je suis là.

Je t'embrasse, Stéphane

PS. Ton portable a sonné à 6 heures ce matin et par un réflexe idiot (et endormi) j'ai décroché. Le gars, du genre nerveux, voulait parler à une certaine Talie. J'ai fait comme pour moi, j'ai gueulé qu'on n'avait pas idée de faire un faux numéro à une heure pareille et je lui ai raccroché au nez. J'espère que je n'ai pas gaffé en mettant par terre une mission d'espionne internationale aux identités multiples.

PPS. Pardon pour le stylo rouge, ma mère m'a aussi appris qu'on n'écrit pas son courrier en rouge mais je n'ai pas osé fouiller et il n'y avait que ça sur ton bureau.

PPPS. Un coursier très mignon a apporté un colis pour toi. Je te laisse le colis si tu me laisses le livreur.

PPPPS. Je te rappelle tout à l'heure quand tu seras près de ton téléphone pour savoir à quelle heure je peux débarquer pour squatter encore ce soir.

PPPPPS. J'aime bien les post-scriptum, ça se voit ?

Elle relut le premier post-scriptum deux ou trois fois et éclata de rire. Stéphane avait été involontairement par-fait. Elle lui demanderait ce soir d'enregistrer le message du répondeur. Une voix d'homme devrait définitivement convaincre Serge que ce numéro de téléphone n'était plus le sien.

Talie n'existait plus, il n'y avait que Marie. Qu'il continue à jouer à ses jeux malsains sans elle. "Mariage funèbre" avait titré la presse. Tu parles, "mariage pervers" oui. Faire porter en robe de mariée un costume de scène acheté par son ex- Technorati, la robe tachée de sang de Lucia di Lammermoor qui plus est, celle qui tua son mari la nuit de noces, quel grand malade ! Sa nouvelle Technorati avait-elle accepté de se faire appeler Nat comme elle avait accepté Talie ? « Je devrais envoyer une lettre à Natalie Dessay pour lui dire qu'un cintré fait une fixette sur elle et transforme les femmes de sa vie en clone de son idole », pensa-t-elle fugitivement avant de se souvenir qu'elle ne voulait plus s'en mêler, sauf pour récupérer sa robe et la détruire définitivement.

Elle s'installa confortablement dans la méridienne de son bureau et lança le livre-cassette de contes qu'elle devait finir de traduire pour le lendemain. Au boulot, ma fille. Au boulot, Marie.


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