L'idée
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Source : La Guerre des modes 
Quand je serais grande, je voudrais être Journaliste !Refaire le monde avec son père, pendant les longues soirées d’hiver. Préparer ses rêves de carrière, avec une bande d’universitaires fraîchement Deugués. Et puis on se réveille un jour, les études sont finies, on a quitté le cocon familial, on vient de passer un quart de siècle à fantasmer une vie et bam’, on comprend (il n’est jamais trop tard) le monde qui nous entoure ! Mon rêve à moi, c’était d’être Journaliste (avant de penser à être Président de la République) ! Je me disais, en notant mes histoires de gamine, dans mon journal intime, que mes enfants ou mieux des archéologues trouveront mon cahier et pourront en déduire mon époque et ses mœurs. Dans mon trip, je me disais qu’une catastrophe digne des plus grands scénarios de Sciences Fiction allait arriver et qu’il ne resterait plus rien de l’humanité, sauf mon manuscrit, bien sûr…Après une scolarité normale (enfin ni bonne ni mauvaise), je franchissais enfin les portes de l’Université ! Dans mes rêves, je me prenais pour une de ces adolescentes de séries américaines qui passaient leurs vies sur le campus, entre les entraînements de football (pour mater les dieux du stade) et la BU (enfin la cafét’ de la B.U)… Là aussi, j’ai rapidement compris qu’il n’y avait pas d’équipes de football universitaires, et que la B.U n’était pas squattée par les jeunes les plus In de la fac ! J’ai, ainsi, enchaîné, mes 4 années de fac, entre frites au RU et Tonus…Comme je voulais devenir LA journaliste Star de l’actualité chaude bouillante, j’ai choisis la géo et des stages en PQR et autres magazines… En province, on peut vite croire qu’on est un bon journaliste , surtout quand on est propulsé Journaliste Localier du plus grand groupe de PQR français…Après ce fulgurant succès provincial, direction Panam ! Moi aussi je signerais en bas des plus beaux articles du Monde ou de Libération, sans parler de ma chronique hebdo dans Télérama et CB News…Sauf que voilà, mon papa ne travaille pas dans le Show Biz’, mes oncles et tantes ne fréquentent pas les pontes du journalisme et mes arrières cousins de vieux oncles ou amis d’enfance de mes parents qui connaissent le voisin de PPDA, bah je ne les connais pas ! Bref, c’était loin d’être gagné…A qui le dit-tu ? Après 6 mois de pleurs et de déprime en me goinfrant de camembert, j’ai enfin accepté de dire Non à mes vieux rêves et idéaux… Aujourd’hui, je suis l’ennemie jurée des journalistes : vive les chefs de publicité ! Et attention, on ne mélange pas tout !Désormais, je vends les insertions publicitaires qui polluent votre magazine préféré mais qui le permet également de survivre ! Et bien oui, les ami(e)s qu’est ce que vous croyez…Quelle excellente idée, j’avais eu ! J’ai enfin compris qu’il n’y avait aucun regret à avoir !Qu’est ce qu’un journaliste aujourd’hui ? Un Internaute ! A 10h, Le Journaliste déguste café sur café en lisant les newsletters amies et ennemies, les dépêches AFP et autre presse gratuite qui ressort les mêmes scoops… Ensuite, il passe deux ou trois coups de fil à des potes bien placés, en agence, dans les services ministériels, à l’autre bout du monde , et surtout à un pote qui connaît un pote lui-même pote avec le pote d’un pote qui sort avec le scoop !Le bon journaliste passera sa matinée à boire du café en papotant au téléphone tout en surfant sur le web… du coup quand il lève les yeux, il est déjà 11h30 ! L’heure de prévoir son déjeuner ! Ce midi, il mangera au Coste avec un vieux pote de promo aujourd’hui conseiller politique !15h, Le Journaliste revient au bureau, chut, il ne faut pas le réveiller, Monsieur digère…16h30, il faut écrire maintenant, il prend son énième café de la journée, court fumer une clope en vitesse sous la grêle et commence à tapoter sur son clavier.17h30… Ca y’est, j’ai fini ! Le Journaliste s’étire ! Il vient de cracher sur le plus gros groupe français, accessoirement annonceur qui vient d’acheter un pack d’insertions en bouclage (of course) ! Il est temps d’aller refaire le monde des médias, magouilles politico judiciaires et autres faits divers croustillants qu’ils aiment tant, autour d’un bon pastis ! oup’s Champagne !17h45, les couloirs de la rédaction sont vides !Bizarrement, j’ai un appel ce matin, un annonceur avait rendez-vous avec un de nos journalistes ! Il n’est pas venu et n’a laissé évidemment aucun message de retard ou d’excuses…Bizarrement, demain, notre grand annonceur de bouclage nous hurlera au téléphone qu’il annule sa campagne et qu’on peut crever pour le voir de nouveau dans nos pages !Merci qui ? Sans regret, je préfère vendre de la pub, penser la campagne de com’ d’un annonceur, l’aider dans ses choix que de le poignarder dans le dos sous couvert de la Liberté d’Expression ! Ah les vieux rêves d’enfance , qu’est ce qu’on était « jeune » !
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