L'idée
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Source : Le blog du bouchon 
Depuis deux semaines, ces odeurs, ces couleurs.Silence du corps qui laisse échapper quelques signes trahissant leurs auteurs.Par manque de temps , par paresse, leur ignorance.Cette certitude que rien ne peut arriver.Ce sentiment de force face à d'éventuelles faiblesses.Elles s'installent tranquillement. Elles sont arrivées un jour, par hasard. Rien ne les prédestinait à venir ici plus qu'ailleurs. Le hasard de la vie. Le hasard biologique.Depuis quelques jours, cette chape de béton sur les hanches.Marcher, passer à côté d'une première station de métro, puis d'une seconde.Les muscles se chauffent.Ne descendre les marches que de la troisième, les yeux sur des nuques.Le ciment se raffermit, formant un cuir épais épousant le rythme des os.Monter les marches, les yeux sur des dos.Marcher toujours.Entre temps , les hanches sont arachnéennes : pleines de vides et de fils qui tiennent tant bien que mal l'ensemble.Elles se multiplient, remontent patiemment le long de la tuyauterie interne. Forment-elles un biofilm ?Ce matin, la sensation d'une aiguille plantée dans la hanche gauche.Marcher pour chauffer le corps.Ignorer superbement l'aiguille.Se voir offrir un cadeau au marché, pour le plaisir d'un sourire.Marcher encore et encore.Marcher avec une lame, ni trop présente, ni trop discrète.Juste ce qu'il faut pour rappeler son existence.Elles ont atteint un premier organe, ont décidé d'en faire leur nid. Une base de départ pour un second. Elles veulent se développer, posséder l'ensemble qui leur a malencontreusement ouvert ses portes. Leur organisation est parfaite, ordonnée, rationnelle. Lentement mais sûrement, elles conquièrent l'espace qui leur est alloué.Décrire à Moode le chauve les signes. Il fait un simple test. Il ne devient pas tout blanc, il est trop professionnel pour ça et il en a vu d'autres, bien pires. Et puis ça jurerait avec sa blouse immaculée. Mais sa voix a changé. Tous les indicateurs sont au rouge. Une première feuille vite remplie est suivie d'une seconde, puis d'une troisième et d'une quatrième. Il faut faire ci, aller là, avaler ça. Il espère qu'elles n'ont pas atteint l'organe.Le programme de la soirée en est un peu bouleversé. Le bouchon a une petite voix.La rassurer, la faire rire.Lui décrire une image d'Epinal où des petits soldats encapsulés détruisent les vilains.Elle l'a eu aussi, un jour ensoleillé de malchance. Beaucoup de désagréments mais pas d'effets secondaires si on les contient à temps .Et si on n'y arrive pas ? demande-t-elle.Que lui répondre ?Lui expliquer le pire comme le moins pire ?La complexité n'est pas de mise.Garder le sourire.Lui dire que ça se guérit très bien.Lui faire croire en le pouvoir de quelques gélules.Y croire soi-même.Marcher, la main droite dans celle du bouchon.L'aiguille reprend position à gauche.Elle est un peu plus acérée.A droite, la sensation que sa jumelle s'installe tout doucement.Panique ou réalité ? Faut-il rappeler Moode le chauve pour lui signaler ?Elles ont sûrement atteint l'organe, c'est même inévitable dit La Raison, égrenant les signes les uns derrière les autres.La Raison connaît les issues, dont une qu'elle mentionne parmi les autres.Sentir La Peur remplacer La Raison tandis qu'elles poursuivent leur progression.Lutte entre La Raison et La Peur pour prendre le dessus.Ne rien montrer.Taire les questions enfantines par un sourire, un baiser, une caresse.Laisser La Raison revenir par ces petits gestes simples du quotidien.Soigner le petit pied du bouchon, si petit, si mignon.Lui faire un gros pansement, plein de sparadrap partout.En rire.Oublier la lame à gauche.Après Parci et Parla, faire une partie de calins.
J'ai peur de la maladie, dit le bouchon, éponge à émotions.
Il n'y aucune raison, ton pied sera guéri dans moins d'une semaine.
Oui mais j'ai peur quand même.
Alors apprends à vivre avec ta peur.
Silence.La partie de calins est ouverte.La lame à gauche.Un jour, passer l'arme à gauche.Jouer avec les mots.C'est idiot d'ouvrir ainsi une porte à La Peur qui se sert du savoir de La Raison pour avancer.C'est inéluctable.Mais pas maintenant.Il y a trop de poussins Blaise à découvrir.
© Claude Ponti
La Peur n'est qu'illusions.La Peur crée l'illusion.Relire ce billet dans quelques semaines et en rire.Rire au nez de La Peur.Et puis brûler la vie par les deux bouts.Plus encore, par tous les bouts.En attendant les résultats, boire encore et encore.Effet de dilution. L'eau du robinet dans laquelle 85% des Français disent avoir confiance sera parfaite.La recherche du mot nocebo a indiqué cette page. Le Web est un grand tissu d'âneries dont celle-ci (dessus).
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