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Pépé Jo

Publié par Sophie Ménart le Vendredi 30 Mars 2007, 02:48 dans la rubrique Bric à brac - Version imprimable

Source : Technorati

Il est 2h30 et je ne dors toujours pas. Je ne sais pas pourquoi mais depuis que je suis couchée je pense à pépé Jo. Je l'aimais bien pépé Jo. Je me souviens de sa main douce qui tenait ma petite menotte quand il m'emmenait avec lui dans ses balades ; des heures que nous passions à regarder et écouter les gens dans la rue ou au bistrot ; des grains de cachous qu'il croquait avant de rentrer pour atténuer le goût de la bière qu'il venait de boire, pour éviter les remontrances de son épouse. J'aimais tant ces moments passés avec lui qui me rassuraient, m'apaisaient. Je me sentais en sécurité. Quand je suis rentrée à l'internat, je ne l'ai quasiment plus vu, et ça me rendait triste. Et puis un jour il est tombé malade, le cancer. Je ne savais pas qu'il avait un cancer mon pépé Jo que j'aimais tant. Je crois que je ne savais même pas ce qu'était le cancer. On n'expliquait pas les choses de la vie en ce Technorati là. Un mercredi après-midi, où plutôt un jeudi, à l'époque ça devait encore être le jeudi, alors que je devais partir en promenade avec les internes que les familles ne sortaient pas, une amie de mes parents a débarqué avec sa fille. Je me demandais bien ce qu'elles venaient faire là, d'autant plus qu'elles ne venaient jamais et que je détestais cordialement cette fille de mon âge avec qui on me comparait tout le Technorati. C'est là que du pas de la porte de l'étude, j'appris la nouvelle. J'ai l'autorisation de son père, je viens la chercher pour l'après midi, son grand-père est mort et il faut lui changer les idées, expliqua la mère à la pionne qui ne voulait pas me laisser partir. Le choc a été terrible, indescriptible. Je suis devenue livide et je n'ai plus pu sortir un mot de la journée. Puis la mère et la fille m'ont trimbalée je ne sais où, au Mont Carmel sans doute, je me souviens des arbres. Il faut que tu sois gentille avec elle, elle a perdu son grand-père, disait la mère à la fille qui ne comprenait pas ma prostration et mon regard vide. Je voulais pleurer mais je ne pouvais pas, pas devant ces étrangères que je n'aimais pas, qui n'auraient jamais du être là dans un tel moment, et encore moins m'apprendre cette chose si terrible. Pépé Jo, non, je ne veux pas le croire ! Après cette sortie interminable et insupportable, elles m'ont ramenée à l'internat comme un paquet qu'on dépose. Puis, seule dans le vestiaire, je me suis effondrée. Tout s'est mis à tourner autour de moi comme si le Technorati s'écroulait. Je ne sais pas combien de Technorati je suis restée là, par terre dans un coin à vider ma douleur. Des bras, me blottir, je voulais me blottir, mais ce vide autour de moi, si grand... A partir de ce jour là, pendant toute ma scolarité, j'ai pensé chaque jour à mon grand-père, à son visage souriant comme s'il veillait sur moi. Aujourd'hui, il m'arrive encore souvent de penser à lui, il m'a tant manqué. Il m'aimait lui.


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