L'idée
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Source : Memoire Vive
En France , plusieurs chaînes ont diffusé en direct la cérémonie d’adieu de Michael Jackson. En zappant, on pouvait écouter les commentaires pour la plupart inintéressants et redondants au possible. Personnellement, j’ai regardé i-Télé, la seule chaîne qui n’a pas fait de commentaires pendant les chansons. Simultanément, j’ai suivi twitter et le Facebook Connect de CNN. Le web allait-il supporter la charge de visiteurs ? À l’annonce de la mort de Michael Jackson, le Web américain avait ralenti et twitter au bord de la saturation avait dû suspendre l’accès à son moteur de recherche (la nuit même, nous en avions parlé ici). Sur Twitter, le simple hashtag #thankyoumichael a fait son apparition. Sur le seul flux facebook de CNN live, il y a eu pas moins de 8.000 commentaires par minute, sans compter les autres chaines qui ont toutes utilisées Facebook : E! Online, ABC, et MTV. Et le débit sur twitter était impressionnant. Le nombre de connexions et de messages a dépassé la fréquentation de l’investiture d’Obama. Aux Etats-Unis, en Europe et dans plusieurs lieux de la planète, le trafic de vidéos d’info en ligne a atteint des sommets. Sur Yahoo, le live du “Michael Jackson’s memorial” a été visionné par 5 millions de personnes (1,8 pour l’investiture d’Obama), et sur CNN.com par 9,7 millions. Cet événement organisé est le premier de l’ère des réseaux sociaux. Les commentateurs à la télévision ne pouvaient rien dire de bien original. Car après tout, que dire, ils ne connaissent même pas le programme ! En parallèle, le flot des messages sur twitter et Facebook a bien mieux reflété cet événement, et l’agrégation des sentiments individuels a formé une masse considérable, matérialisant l’attention portée au même moment sur une personne dans le monde entier. C’est la première fois que nous vivons un tel événement dans l’histoire. Jamais autant d’hommes n’ont été émus en même temps par une disparition. Ces témoignages contrastaient avec les images plates de la télévision. Les messages textuels ne sont pas des images, mais des émotions, des mots dans toutes les langues, qui, telle une mer, ont convergé vers nulle part. Comme si, exprimer ses émotions, son respect, sur ces murs virtuels et éphémères pouvaient nous rapprocher un peu plus du monde invisible des disparus, de ceux qui ont franchi la porte, pour passer de l’autre côté du miroir. Voir ce flux, c’était comme être au milieu d’une partie de l’humanité bien moins abstraite. Une humanité que l’on ne voit, que l’on n’entend pas, qu’on lit et que l’on ressent aux quatre coins du globe. Aux États-Unis, c’était l’heure du bureau, j’ai lu, un message d’un américain disant qu’il avait réservé à son travail une salle pour voir la retransmission. Une veillée et une veille funèbres. Cette mort semble incroyable, irréelle. Elle surprend la première génération, celle des jeux vidéo, des ordinateurs, celle qui a grandi dans les années quatre-vingt, celle des geeks de la préhistoire du numérique et toutes les autres générations qui l’ont aimé. Pendant que les reporters télé attendaient à l’extérieur de la salle ou à l’intérieur en intervenant avec des téléphones mobiles pour recueillir les impressions de quelques spectateurs sur place, nous, on pouvait lire des milliers, de milliers d’impressions. Quand les journalistes en plateau peinaient à reconnaître les artistes qui apparaissent sur scène, les internautes donnaient leur nom en une fraction de seconde. La désintermédiation permet tout cela. Les tweets d’Iran, les vidéos violentes des Ouïghours, les fans qui remercient Michael. Des éléments bruts dont il revient à l’utilisateur d’effectuer le tri. Cette expérience nouvelle ne peut que renforcer le contraste entre les médias télés qui en de telles circonstances ne font que diffuser le même programme et dire presque la même chose, et les réseaux sociaux qui utilisent les contenus des utilisateurs, des millions de messages, qui sont des variations d’un même thème, sauf que chacun le dit avec ses mots à lui. Michael Jackson aura été unique à plusieurs titres. Sa disparition l’aura été tout autant, annoncée par un site Web people. Celui qui a représenté le disque vinyle le plus vendu de tous les temps , aura aussi été la première star planétaire commentée par des millions d’internautes. Certains jeunes du futur le découvriront, peut-être par hasard sur YouTube. GraceLand est le mémorial d’Elvis, le Web social celui de Michael. PS : pour ceux qui en ont assez de MJ, ne vous inquiétez pas, c’est fini…
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