L'idée
Ce blog regroupe les articles publiées par des bloggeuses. Inscrivez-vous pour pouvoir ajouter des weblogs à la liste des weblogs tenus par des femmes qui ne sont pas des suivi de vie/journaux intimes.The Good German
Source : Carnet de bord
Grâce à Jude, j’ai eu le plaisir et l’avantage de voir ce matin, en avant-première, le dernier film de Steven Soderbergh, The Good German. Arrivé à Berlin peu après la reddition de l’Allemagne pour couvrir la conférence de paix de Potsdam, Jake Geismer (George Clooney) espère retrouver Lena, un ancien amour. Il va tomber sur elle par hasard dans un bar, accrochée aux bras de Tully (Tobey Maguire), un soldat qui servait de chauffeur à Jake. L’histoire s’assombrit et dérape très vite. Tully, sous ses airs de gentil gars du Midwest, est un petit pourri qui veut profiter au maximum de la guerre, “la meilleure chose qui lui soit arrivé”, dit-il. Mais il en paiera le prix. Lena (Cate Blanchett), femme fragile, prostituée, paumée, cache un lourd secret et cherche à tout prix à quitter Berlin, ville en ruines. Jake fera tout pour la sauver, même malgré elle. Le conflit armé est terminé, c’est l’heure des comptes, mais on ne sait pas vraiment qui sont les vainqueurs et les vaincus, les innocents et les bourreaux. On est loin, très loin, du manichéisme si caractéristique des productions cinématographiques américaines. Le film s’ouvre sur des images d’archives de Berlin bombardée, immeubles éventrés, habitants hagards, errants, peur et faim au ventre. Soderbergh a pris le pari risqué du noir-blanc, ce qui donne au film, évidemment, une atmosphère presque suffocante, une ambiance de polar des années 50. On s’attend presque à voir James Cagney ou Humphrey Bogart surgir d’une impasse. La musique est lancinante, exagérément, comme un mal de tête. Soderbergh filme énormément en contre-plongée, puis passe brusquement à des gros plans sur les yeux sombres de ses personnages, nous empêchant, nous spectateurs pris dans cet univers de teintes grises, de détourner notre propre regard, comme pour nous obliger à regarder la réalité en face.
Tobey Maguire est surprenant. Si vous pensez à Spiderman, oubliez: il est tout à fait à sa place dans un rôle de petite frappe teigneuse. Cate Blanchett est superbe, avec un côté Marlene Dietrich, mais sans forcer, avec sa voix rauque de femme qui en a vu d’autres. Et son allemand est presque fluide (ah, les “ch”, pas facile à prononcer quand on est anglophone…). Quant à George Clooney, il confirme dans ce rôle de journaliste borderline qu’il est un très grand acteur (il est bien loin le temps du Dr. Ross). Mention spéciale pour le Russe Ravil Isyanov, qui joue un général soviétique inquiétant. Sortie prévue en Suisse romande: le 14 février. Ne le manquez pas !