L'idée
Ce blog regroupe les articles publiées par des bloggeuses. Inscrivez-vous pour pouvoir ajouter des weblogs à la liste des weblogs tenus par des femmes qui ne sont pas des suivi de vie/journaux intimes.Tout ce que j’aimais
Source : Carnet de bord
Je viens de terminer la lecture du roman de Siri Hustvedt, “Tout ce que j’aimais“. J’ai hésité à en parler après seulement 50 pages déjà (sur les quelque 450 qu’en compte le livre), tellement, dès les premiers paragraphes, ce roman m’a paru excellent, brillamment écrit. C’est l’un des plus beaux livres que j’aie lus depuis ces 5 dernières années, sans doute. L’histoire est longue mais pas si complexe, car elle se déroule comme le film d’une vie, ou plutôt de plusieurs vies entrelacées, celles des personnages, que le narrateur, Léo, raconte du mieux qu’il peut. Mettre sur papier ses souvenirs ravive en lui des images fortes, presque charnelles, d’une netteté incroyable, alors que d’autres détails de sa vie échappent à sa mémoire. Il raconte son couple, son enfant, son ami Bill le peintre, et l’épouse de celui-ci et leur enfant, puis Violet, le grand amour de Bill. D’autres personnages essentiels viennent se greffer à leurs vies dans les rues de SoHo.
Siri Hustvedt a une écriture dense, précise, méticuleuse mais sans aucune lourdeur. Tout coule, tout s’enchaîne. Elle écrit les joies et on se sent euphorique. Elle écrit les épreuves et on verse quelques larmes. Elle écrit la cruauté et la trahison et on serre le poing. Son roman m’a charmée, m’a fait sourire et pleurer aussi. L’amitié est un sentiment terriblement profond et terriblement présent dans “Tout ce que j’aimais”. L’amour aussi, avec son chapelet de conséquences.
Léo est professeur, il enseigne l’histoire de l’art , et l’art est omniprésent dans le roman. Les œuvres de Bill sont décrites avec force détails, comme le sont les travaux d’Erica, la femme de Léo et ceux de Violet. Les couleurs, les formes, les ombres qui habitent les tableaux de Bill font écho au tableau que peint Léo en racontant sa vie, à la fois riche et tragique, de ces tragédies qui émaillent nos vies, sans qu’elles aient vraiment rien d’extraordinaire… J’ai aussi hésité à vous en parler, de ce livre. Car je l’ai vraiment, vraiment apprécié et je n’ai pas envie qu’on vienne me dire “ouais bof, je l’ai lu et j’ai pas trop aimé.” Et puis, j’avais envie de le garder un peu pour moi, égoïstement, comme un trésor. Comme quand on ne dit pas, même à ses meilleurs amis, qu’on est tombé amoureux, ou qu’on a trouvé un endroit magnifique, reposant, isolé, parce qu’on a envie de garder tout ça rien que pour soi, rien qu’un moment. Mais je suis de nature partageuse et un aussi bon livre, ça se partage. Ce qu’il y a de terrible avec un roman d’une telle qualité - à mes yeux - c’est que je sais que le prochain que je lirai me paraîtra forcément fade, comme quand on passe d’un cookie aux pépites de chocolat fait maison à un paquet de biscuits industriels. Et pourtant, c’est le genre de livre qui me redonne l’envie, le goût de lire, que je perds parfois, comme on perd momentanément sa route.
“A cette époque, j’étais comme un homme engoncé dans une lourde armure et, à l’intérieur de cette forteresse corporelle, je vivais avec une obsession: je ne veux pas qu’on me console. Si pervers qu’il fût, ce désir me semblait vital, la seule parcelle de vérité qui me restât.” crédits photos: Le portrait de Siri Hustvedt provient du site IdentityTheory.com. La photo de SoHo a été trouvée sur flickr, chez Lomogirl.la chanson de Sting parle notamment de la Nouvelle-Orléans, mais c’est celle qui m’est venue à l’esprit juste après avoir lu la dernière page…