L'idée
Ce blog regroupe les articles publiées par des bloggeuses. Inscrivez-vous pour pouvoir ajouter des weblogs à la liste des weblogs tenus par des femmes qui ne sont pas des suivi de vie/journaux intimes.Les vacances de Monsieur Ka
Source : Kozeries en dilettante
Monsieur Ka a refermé le couvercle sur sa boîte à images, au moins pour quelques mois, peut-être définitivement.
On s'en réjouit pour lui puisque c'est parce qu'il n'a plus le temps suffisant pour briquer les murs de sa galerie, accrocher et décrocher les tableaux et affiches qu'il nous invitait à (re)découvrir en sa compagnie. On s'en réjouit car s'il n'a pas le temps c'est qu'il a du travail ou mieux à faire et c'est tant mieux pour lui. On s'en réjouit parce qu'il arrête aussi parce qu'il se lasse un peu et qu'on ne voudrait pas d'un «passeur» qui fait ses devoirs en tirant la langue et en soufflant et pestant.
Ah non alors, surtout pas à contre-cœur ! Car ce qui faisait (ce qui fait encore puisque ses archives sont – mile grâces soient rendues aux dieux des blogs - toujours disponibles) le machin en plus, le truc qui vous embarque, le charisme, le charme quoi de ce blog c'est qu'il était rédigé pour nous faire partager sa passion. Ça n'était ni des leçons ni une démonstration de son savoir. Une envie de transmettre qui transparaît dans chaque billet : eh oh, regardez avec moi, là, oui là, vous voyez ? N'est-ce pas magique, merveilleux, espantant ? Et nous nous penchions avec lui sur ce petit détail de deux centimètres carrés que nous n'avions jamais vu et qu'il nous révélait, ou nous superposions sur ses incitations cette image-ci avec cette image-là pour découvrir des rapprochements inattendus de carpes du XVIe avec des lapins du XXIe.
Et je peux vous dire qu'avec moi, c'était pas gagné. Gavée de musées où l'on me traînait petite avec la régularité d'un métronome tous les dimanches à moins d'être malade, j'ai vite pris l'habitude de regarder sans voir, la tête ailleurs, m'absentant d'esprit à quoi je ne pouvais échapper de corps. Et puis il m'y a remmenée, cette fois avec l'envie de garder les yeux grands ouverts et s'il n'en reste pas grand chose après décantation c'est en raison de ma mémoire de poisson rouge et non de l'entrée par un pavillon et sortie par l'autre d'une somniférugineuse notice iconographique.
Hey m'sieur Ka, tu peux pas partir comme ça, il y a encore plein de boulot pour me faire rentrer tes yeux dans le crâne ! J'en suis à peine à savoir distinguer un Titien d'un Vasarely !
Et puis il y a la Tentative de recensement d'une iconographie péréquienne, interrompue en son vingt-sixième chapitre, formidable travail de recherche et d'identification des deux mille cinq cents (estimation provisoire selon la police Monsieur Ka) citations de textes ou graphiques, allusions picturales et autres tableaux-contraintes que recèle La Vie mode d'emploi .
La boîte à images ferme, la boîte (de conserve) reste, on s'en réjouit, mais bon, en vérité on s'en désole aussi un peu beaucoup quand même... J'espère que l'envie te reviendra m'sieur Ka !