L'idée
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Source : Le blog du bouchon
font size="2">Tentative d'y voir plus clair.La production de biens industriels a été la première à délocaliser pour une main d'oeuvre moins chère. Les médias généralistes en font régulièrement leur terreau sans toutefois donner une idée précise, et surtout globale, de qui délocalise. Le textile, bien sûr. Mais dans le secteur que je couvre - nous avons cherché à savoir - les délocalisations sont exceptionnelles. Les grands groupes n'ouvrent des sites de production là-bas (en Chine pour ne citer qu'un seul des pays agité comme un épouvantail) que s'ils desservent le marché local. Les PME préfèrent passer un accord avec un industriel de là-bas pour desservir aussi le marché local ou irriguer ledit marché depuis leur site unique de production en Europe . Donc tout est question de secteur, n'en déplaisent à mes confrères.D'autant que les délocalisations pour une autre région d'Europe est courante. Avides de taxes professionnelles et d'emplois, les euro-régions se concurrencent sur ce domaine. Souvent (mais pas toujours), elles offrent des avantages fiscaux aux entreprises arrivantes et en font (de l'arrivée, pas des avantages fiscaux) grand cas de communication.En délocalisant là-bas, les entreprises sont assurées de trouver une main d'oeuvre moins chère. Au début du moins. Au début, ces nouveaux entrants à l'usine sont payés des queues de cerise, c'est-à-dire au tarif local si tant est qu'il y en ait un. Mais la conscience occidentale ayant mis la pression sur les grands groupes, ceux-ci ont annoncé avoir mis en place une "éthique" de travail : pas d'enfants, des horaires encadrés, des salaires décents (par rapport au niveau de vie de ces pays), etc... La pression se fait plus rude, avec des audits, des rapports d'associations ou d'individus montrant la différence entre le discours affiché et la réalité. Alors ces sociétés, qui ont compris que le consommateur, même chômeur, devait être rassuré sur l'humanité exercée là-bas, mettent en place des procédures pour vérifier l'amélioration.Du Japon , ces entreprises souhaitant produire à moindre coût il y a des années de cela sont ensuite allées en Corée, puis dans un second là-bas, puis dans un troisième là-bas, et aujourd'hui en Chine. A chaque fois, le niveau de vie du pays, et donc de ses habitants, s'est élevé au fur et à mesure qu'il se constituait une puissance industrielle. Pour l'instant, c'est l'Asie qui offre la main d'oeuvre la plus performante et la moins chère. Mais quand tous les pays asiatiques auront relevé leur niveau de vie, où iront les industriels ? Restent l'Amérique latine et l'Afrique. Peut-être qu'un jour ça sera le tour de l'Europe ?Le phénomène est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît avec d'un côté une population récemment chômeuse en quête de reconversion, et de l'autre une population dont le niveau de vie sera, à terme, plus haut. Il y a évidemment un lien avec l'évolution des migrations de population, sujet trop complexe pour être abordé en ces lieux.Pour ceux qui restent sur le carreau dans leur euro-région, la reconversion peut être difficile. Tout dépend du dynamisme de l'euro-région. Les services sont l'une des voies de reconversion puisque le monde occidental ne peut plus se cantonner aux trois secteurs que j'apprenais au lycée (primaire - agriculture, secondaire - industriel et tertiaire - administratif) mais à quatre avec celui des services. Dans les services, souligne l'étude du Cnuced à retrouver dans les liens complémentaires : les finances, la comptabilité, l´informatique, la gestion des ressources humaines et d´autres services de secrétariat. J'ai du mal à comprendre comment on peut délocaliser la gestion des ressources humaines mais tout est possible, n'est-ce pas ? Des amis dans l'informatique m'ont expliqué comment, désormais, étaient délocalisés les projets tandis que leur management reste à Paris . Je me souviens aussi de cet article expliquant comment les employés indiens d'une entreprise de service après-vente téléphonique suivaient des cours d'accents pour qu'ils perdent le leur, identifiable par le quidam américain furieux de constater qu'ils lui piquaient son boulot, tandis que des écrans géants retransmettant en direct les matchs de football leur permettaient de commenter les derniers résultats pour leurrer le quidam en question ... La presse semblait jusqu'ici épargnée, c'en est fini.En quelques jours, je vois trois cas de délocalisation de la presse. Le premier est un mél commercial reçu sur la boite à lettres de la rédaction, spammée à mort par le vlagra et la vente de casques téléphoniques swemens. Les joies du marketing direct ! Le mél s'intitule "Proposition - imprimer en Slovénie". S'ensuit une adresse à Clamart et une autre en Slovénie, suivies de ces quelques mots :Nous sommes imprimeurs implantés dans les pays de L'Est - " Slovénie " qui fait parti de la communauté Européenne. Afin de développer ce marché, avec notre parfait équipement, nous proposons de réaliser pour vous différents travaux d'imprimerie comme : Livres, Bande Dessiné, Agenda, Catalogue, Brochures . . . Nous vous proposons la réalisation de tous ces travaux avec meilleur prix, qualité et délai très strict et respecté. Nos références sont nos clients Français qui peuvent prouver du sérieux de notre existence. Si notre offre vous intéresse veuillez prendre contact avec nous.Un document word attaché précise l'armada industrielle et informatique dont dispose ledit imprimeur qui a bien soigné son dossier.Le second vient de cet article lu aujourd'hui dans Courrier International sous le titre "Les rédactions menacées de délocalisation" et un intertitre "60 à 70% d'économies par poste de journaliste ". Le titre, le chapô et les intertitres font que cet article sera plus ou moins lu, NDLR. Reuters a déjà transféré la plus grande partie de son analyse financière sur Wall Street à Bangalore (Inde) avec, en 2004, 340 journalistes, ainsi que sa production photographique à Singapour. Aussi, m'apprend l'article écrit par Paolo Stefanini du journal milanais Diario, le Colombus Dispatch fondé en 1871 dans l'Ohio a annoncé le licenciement de 90 membres de sa rédaction technique avec une maquette désormais réalisée à Pune, en Inde. Les rédactions anglophones sont les plus touchées, du fait de la dissémination de cette langue. Le risque de délocaliser la presse finlandaise est beaucoup moins grand, on s'en doute !Le troisième est cet échange de méls dans l'une des associations de journalistes dont je suis membre suite à l'envoi d'un message d'un journaliste africain souhaitant édifier une association identique et proposant ses services de pigistes pour couvrir l'actualité de son pays. Quelques messages virulents à l'encontre du confrère africain, ont circulé immédiatement, m'évoquant cette partie de l'article de CI où Joe Grimm, qui tient une rubrique et répond aux étudiants sur le site de l'école de journalisme de Poynter, explique le offshoring éditorial, billet dont le journaliste italien s'est beaucoup inspiré.Le remplissage du gratuit Métro est déjà basé sur la mise en communs de papiers d'éditions d'autres pays, tout comme celle de 20 minutes qui, dans ses éditions locales, reprend l'information nationale faite une fois.L'ère des trans-world telecommuters, comme les appelle Grimm, est venue. Quelques liens complémentaires Etude du Cnuced (conférence des nations-unies sur le commerce et le développement) et du cabinet Roland Berger en 2004 sur les délocalisations des entreprises européennes pour les services. Plus nombreux sont les projets de délocalisations en Europe , plus forts en termes de nombre d'emplois sont les projets à visée asiatique.Le sommaire d'Alternatives économiques d'octobre 2004L'article (40 pages en pdf) de Marie-Ange Moreau, du département de droit de l'institut universitaire européen (Florence) sur l'internationalisation et les délocalisations en Europe : perspectives juridiques. 2005.L'étude (33 pages en pdf) de l'Insee en 2005 sur Délocalisations et réduction d'effectifs dans l'industrie française.Le sujet de recherche (14 pages en pdf) du Centre Jacques Berque pour le Développement des Sciences Humaines et Sociales au Maroc sur Les nouveaux territoires productifs transnationaux (délocalisation industrielle et migration entre l'Europe et le Maghreb)Le rapport d'information du sénateur Grignon en 2004 sur la délocalisation, avec en introduction, des rappels sur la définition du terme délocalisation.Lecture du moment : Aux Etats-Unis d'Afrique, Abdourahman A. Waberi, JC Lattès Haut de page